Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 7 mars 2025
Catastrophes

Le gouvernement débloque 200 millions d'euros pour les collectivités réunionnaises frappées par le cyclone

Le ministre des Outre-mer Manuel Valls a annoncé ce matin « mobiliser un fonds qui va représenter 200 millions d'euros pour les collectivités territoriales » de La Réunion, et la publication imminente de l'arrêté de catastrophe naturelle. 

Par Franck Lemarc

En déplacement à La Réunion et invité, ce matin, de la matinale de Réunion la 1re, le ministre des Outre-mer s’est voulu rassurant, alors que l’île porte encore les nombreux stigmates du passage de l’ouragan Garance. « Il y aura bien, et je veux rassurer chacun, des moyens, du soutien, de la solidarité envers les Réunionnais. » 

Manuel Valls a salué la mobilisation de l’État pendant et après la crise, avec « 2 000 personnels déployés par le préfet ».

200 millions

Reconnaissant que beaucoup d’habitants (maires, chefs d’entreprise, agriculteurs), demandent « des procédures accélérées », Manuel Valls a annoncé que la commission interministérielle chargée de reconnaître l’état de catastrophe naturelle se réunit aujourd’hui, ce qui signifie que l’arrêté sera publié très rapidement. Il concernera toutes les communes de l’île. 

Par ailleurs, « je mobilise le fonds de secours pour les Outre-mer, qui est à ma main, pour les biens non assurés, pour acquérir des matériels de déblaiement, pour les biens de première nécessité. »  Il a rappelé que des mécanismes existent qui permettront de subventionner à « 80 % voire 100 % »  la réparation des bâtiments publics, « notamment scolaires ». 

Ce fonds sera mobilisé à hauteur de « 200 millions d’euros, pour les collectivités territoriales », a précisé le ministre, qui dit attendre « des listes précises qui vont être transmises par les maires des villes impactées ». « L’État est bien au rendez-vous. » 

Il reste tout de même une incertitude sur la répartition de ce fonds, puisque le ministre a indiqué, de façon un peu contradictoire, que « ce fonds pour les collectivités territoriales doit concerner aussi le secteur agricole ». 

Le ministre a exprimé sa solidarité et son soutien aux agriculteurs notamment du secteur de la canne à sucre : « Alors que cela repartait, après le cyclone Belal [de 2024], après la sécheresse, maintenant tout est anéanti. J’ai rencontré hier des gens désespérés ». 

Manuel Valls a également cherché à répondre aux inquiétudes des habitants de l’île qui constatent qu’un an après Belal, les aides promises ne sont, pour certaines d’entre elles, toujours pas arrivées. Il a promis de revenir « dans un mois », pour constater « comment les choses avancent ». « Je ne lâche pas La Réunion », a-t-il affirmé.

Normes de construction et contrôles

Manuel Valls a également annoncé qu’il va débloquer – comme à Mayotte en décembre – le dispositif de « calamité naturelle exceptionnelle », qui permet au préfet de prendre des mesures dérogatoires pour simplifier et accélérer les procédures (lire Maire info du 19 décembre). 

Il s’est aussi engagé à étudier avec « ses collègues ministres »  la question des emplois aidés (Parcours emploi compétence), dont le financement par l’État a été fortement revu à la baisse, sachant qu’ils sont « très utiles sur le terrain aux collectivités ».  

Sur la question des assurances, le ministre a appelé les assureurs à « prendre totalement leurs responsabilités », évoquant au passage le fait que ce n’est pas toujours le cas « y compris dans l’Hexagone »  (lire Maire info d’hier). « Il faut que la solidarité joue. »  À La Réunion, les assureurs estiment les dégâts sur les biens assurés entre 160 et 200 millions d’euros.

Le ministre a été interrogé sur les normes de construction outre-mer, jugées inadaptées au danger climatique. « Avec le changement climatique, a répondu le ministre, il y a de multiples défis à anticiper. Cela nous oblige à des changements d’échelle. Hier soir, avec tous les élus de La Réunion, je leur ai proposé de travailler à un nouveau contrat entre l’État et La Réunion, un véritable plan de relance pour le développement, qui intègre le défi du changement climatique et la problématique des normes pour la construction. »  Quelques jours auparavant, Serge Hoareau, président de l’Association départementale des maires de La Réunion, avait regretté le manque de contrôles sur la qualité des constructions, ce qui a contribué selon lui à aggraver les dégâts. « Ce sujet préoccupe en effet les maires, a répondu Manuel Valls. Cela doit donc être une priorité. L’État doit pleinement jouer son rôle et se donner les moyens de ce contrôle. » 

Selon les derniers chiffres de la préfecture de La Réunion, 20 000 clients sont toujours privés d’électricité et 7 220 habitants totalement privés d’eau. Garance, toujours selon le préfet, a fait deux fois plus de dégâts sur les exploitations agricoles que le cyclone Belal, un an plus tôt.

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