Intempéries : une trentaine de départements frappés par des pluies diluviennes
Par Lucile Bonnin
Dans la journée, hier, six départements ont été placés en vigilance rouge : l’Ardèche, la Haute-Loire, la Loire et le Rhône, les Alpes-Maritimes et la Lozère. Plus tard dans la soirée, 33 départements ont été placés en vigilance orange. A l’heure où nous écrivons, plus aucun département n'est en vigilance rouge mais une dizaine reste en alerte orange crues ou pluie-inondation.
En cause : des pluies intenses et orageuses qui se sont abattues sur le pays dans le cadre d’un épisode cévenol sous l’influence de l’ouragan Leslie. Selon Météo-France, les cumuls de pluie observés ont atteint les 600 à 700 mm en 48 heures, avec par exemple 686 mm à Mayres (Ardèche) et 680 mm à Loubaresse (Ardèche) et 711 mm à Vialas (Lozère).
Des communes sévèrement touchées
Les images d’hier soir sont impressionnantes et les dégâts constatés ce matin le sont tout autant. Un accident dramatique a eu lieu à Paris, où un homme est décédé après la chute d’un arbre sur une résidence. Dans d'autres communes, plusieurs témoignages collectés par la presse régionale rapportent que de nombreux citoyens ont eu peur pour leur vie tant cet épisode fut soudain et violent.
Plus au sud, dans les départements qui ont été placés en vigilance rouge, les crues exceptionnelles ont fait de nombreux dégâts. Dans la Loire, des voitures ont été emportées par le courant de la rivière Gier. Ailleurs, des magasins et habitations ont été inondés, des milliers d’évacuations ont du être réalisées, des animaux ont été emportés par les crues… La préfecture des Alpes-Maritimes a même envoyé dans la soirée un message Fr-alerte silencieux sur tous les téléphones qui se trouvent dans le département pour rappeler les consignes de sécurité en cas d'inondations.
Les transports ont aussi été largement perturbés notamment en Occitanie où le trafic ferroviaire a été interrompu sur plusieurs lignes, tout comme en Auvergne Rhône Alpes, et en région PACA. L’autoroute A47 a également été fermée toute une partie de la soirée et de la nuit. Une cellule de crise a été déclenchée par le ministre des Transports François Durovray. Certaines écoles et commerces restent fermés aujourd’hui notamment en Ardèche ou encore dans 51 communes du Rhône.
Invité sur Franceinfo ce matin, Nicolas Daragon, ministre délégué à la Sécurité du quotidien, a dressé un premier bilan : « Il y a près de 900 personnes qui ont été évacuées au total. Il y a 25 personnes qui ont été hélitreuillées, ça veut dire qui étaient vraiment en danger immédiat. On a eu plus de 2 300 interventions. » La mobilisation a été particulièrement forte : « Les plans communaux de sauvegarde ont fonctionné. Nous avons réussi à mettre à l'abri nos concitoyens. C'était la première priorité », ajoute le ministre.
Des catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes
Tempête Monica, tempête Ciaran, inondations en Mayenne, dans les Hauts-de-France… : les exemples de perturbations météorologiques ne manquent pas ces dernières années. Le premier ministre Michel Barnier assure que la France n'avait pas connu « d'épisode cévenol d'une telle violence depuis 40 ans ».
« Nous sommes face à un épisode lié au dérèglement climatique », a déclaré ce matin sur BFMTV Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique. Il faut s'habituer à cette situation et s'armer face à la répétition de ces épisodes. Ce qui arrive est si inédit que nos modèles de prévision ne sont pas préparés. »
L’intensité est certes sévère, mais ces épisodes de perturbations climatiques sont de plus en plus fréquents et font payer aux communes un lourd tribut. Le maire de Limony, Richard Molina, raconte ce matin sur France Bleu Drôme Ardèche que « le village se réveille dans la douleur », et que pour la commune de 800 habitants « la situation est catastrophique, beaucoup de personnes vont être abasourdies ce matin ». Du côté du département du Rhône, le maire de Givors est tout aussi ébranlé par la situation : « J'ai déjà vu des inondations mais pas d'une telle ampleur », relate Mohamed Boudjellaba. Il raconte que « la ville était sous l'eau en 3h30 » et que « c'est ça qui était exceptionnel ». La question d'une meilleure anticipation est donc largement évoquée dans le débat public.
Les communes doivent avoir aussi davantage de moyens pour gérer ces crises de plus en plus fréquentes. En juin dernier, suite aux catastrophes climatiques qui se multipliaient, David Lisnard, président de l’AMF, demandait la prise en compte du phénomène en accélérant « les procédures de travaux concernant les zones sinistrées, pour assurer la sécurité des personnes et des biens lors de nouvelles précipitations et pour rendre accessibles au plus vite les secteurs totalement isolés ». L’AMF demandait également une « mobilisation de financements suffisants pour soutenir les élus dans la reconstruction de leur commune afin d’éviter de nouveaux drames ».
Interrogé ce matin sur RTL, le maire de Nice, Christian Estrosi plaide aussi pour un meilleur accompagnement des communes : « Même si, d'une année sur l'autre, nous avons réussi à avoir une meilleure résilience, mais nous avons besoin d'être aidés, je souhaite que ce gouvernement prenne conscience qu'il faut accélérer aujourd'hui. »
Le ministre délégué à la Sécurité du quotidien a précisé que l'état de catastrophe naturelle sera déclenché, dans les communes les plus touchées, « sous une dizaine de jours ».
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