Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 6 juin 2016
Catastrophes

Inondations : dégâts considérables et premières annonces du gouvernement

Dix départements sont encore en vigilance orange crue ce matin. Alors que la décrue se dessine, le temps des bilans arrive, et la facture va être élevée, certainement à plus d’un milliard d’euros de dégâts. Au dernier bilan, les inondations ont fait quatre morts et 24 blessés.
Ce sont encore les trois quarts du pays qui sont, ce matin, en vigilance jaune ou orange sur la carte de Vigicrue publiée à 6h. Seul un petit quart nord-est ainsi que quatre départements des Charentes échappent à la vigilance. La vallée de la Seine, de l’Île-de-France à la Seine-Maritime, reste en vigilance orange, ainsi que les départements d’Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Cher et Indre.
En région parisienne, la Seine redescend lentement, après avoir atteint à Paris, samedi, son niveau le plus haut depuis 35 ans. Dans la capitale, les dégâts ont été limités. Il n’en va pas de même dans plusieurs départements franciliens, Essonne, Yvelines et Seine-et-Marne, où de nombreuses communes ont été très affectées par les inondations. Rien qu’en Seine-et-Marne, ce sont 220 communes qui ont été touchées. La seule ville de Longjumeau, dans l’Essonne, estime ce matin les dégâts à presque 3 millions d’euros.
25 000 foyers ont été touchés en Île-de-France par des coupures d’électricités, selon Enedis (le nouveau nom d’ERDF), et les transports restent encore très perturbés ce matin. Des centaines de véhicules, bloqués sur l’autoroute A10, ont pu être évacués ce week-end. Côté entreprises, le bilan est également inquiétant : pour la seule Seine-et-Marne, « un millier d’entreprises »  ont été affectées, selon le conseil départemental, dont « 300 à 500 »  au point de menacer leur survie.  
Les dégâts ont été bien plus dramatiques encore en Centre-Val-de-Loire, notamment autour de Montargis, où le maire, Jean-Pierre Door, évoquait hier une situation de « désolation » : un tiers de la ville a été submergée, et des milliers d’habitants ont « tout perdu ». Le maire a également évoqué une « catastrophe culturelle »  avec l’inondation du musée national Girodet, qui devrait rouvrir cet été après des travaux de rénovation. « Une grande partie des 3000 œuvres »  de ce peintre natif de Montargis a été « détruite par les eaux ».
Les dégâts sont aussi considérable dans le monde agricole, tant dans le centre qu’en Île-de-France. La FNSEA évoque ce matin « des dizaines de milliers d’hectares »  détruits – essentiellement maraîchage et céréales – avec une perte pour les exploitants « de 1000 à 1500 euros par hectare ».
Du côté de l’État, on se montre très mobilisé. Plusieurs ministres ont confirmé que, comme l’a indiqué François Hollande devant le congrès des maires jeudi, l’état de catastrophe naturelle sera reconnu « dès mercredi, en Conseil des ministres ». « Une réunion interministérielle de validation de la liste des communes concernées aura lieu mardi », indique le gouvernement. Il faut donc que les maires transmettent de toute urgence aux préfets leurs demandes.
Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, a donné hier quelques précisions supplémentaires : « Les collectivités territoriales (…) ont connu des dégâts considérables. Un mécanisme d’indemnisation des collectivités existe pour (leur) permettre de financer les travaux nécessaires pour remettre en état leurs bâtiments et infrastructures. (…) Tout sera fait pour réduire au maximum les délais d’instruction des dossiers. L’intervention « de 1er niveau »  des services départementaux de l’Etat (un mois maximum) sera suivie d’une évaluation rapide « de 2e niveau »  par une mission conjointe entre l’Inspection générale de l’administration (IGA) placée sous l’autorité du ministre de l’intérieur et le CGEDD (Conseil général de l’environnement et du développement durable) que je préside. »  Ce matin, Manuel Valls est allé plus loin en indiquant qu’un « fonds d’extrême urgence »  allait être débloqué à destination des sinistrés « sans ressources ayant tout perdu ».
La ministre de l’Environnement a par ailleurs indiqué que l’exercice de simulation de crue qui a été organisé en mars (lire Maire info du 7 mars) a eu d’heureuses conséquences sur la crise en cours, puisqu’il a permis « d’améliorer sensiblement la coordination de tous les services de l’État et des collectivités locales ». La ministre a annoncé son intention de réunir, dès la fin de la crise, « l’ensemble des acteurs impliqués »  pour un retour d’expérience, et d’organiser « avant la fin du mois »  un nouvel exercice de simulation.
Enfin, Ségolène Royal a demandé hier sur LCI que « toutes les communes se dotent de sirènes ». « Lorsque les catastrophes arrivent la nuit, il faut prévenir beaucoup plus rapidement les habitants. Je vais écrire à toutes les communes qui sont en zone inondable (car) je veux absolument que toutes les mairies soient équipées d’alertes sonores. Cela peut être les cloches des églises ou une sirène. »  Il existe certes des applications efficaces sur les smartphones, a reconnu la ministre, mais tout le monde n’a pas de téléphone portable ». Il faut donc « en revenir aux bonnes vieilles méthodes ».
Mercredi dernier, l'AMF exprimait « son émotion et son entière solidarité aux maires et aux habitants concernés ». Dans un communiqué publié pendant son congrès, l'association soulignait également que « lorsque l'essentiel est en jeu, notre pays sait pouvoir compter sur les maires pour prendre toutes les dispositions utiles à la protection des populations ».
Franck Lemarc

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