Édition du lundi 7 mars 2016
Comment sauver Paris des eaux ?
C’est un exercice inédit qui démarre aujourd’hui en Ile-de-France : la simulation d’une crue majeure de la Seine. Une telle catastrophe – qui va se produire, de façon certaine, selon les spécialistes – aurait en effet des conséquences qui iraient bien au-delà de la région capitale.
Un seul chiffre permet de comprendre l’impact qu’aurait (qu’aura) une crue majeure sur l’économie du pays : selon l’OCDE, une telle crue de la Seine causerait 30 milliards d’euros de dégâts. Son impact sur le PIB français pourrait atteindre, au pire, presque 60 milliards d’euros sur cinq ans.
On parle ici d’inondations comparables à celle de 1910, quand une grande partie des rues de la capitale s’est retrouvée sous les eaux. Ce type de crue se produisant en moyenne une fois par siècle – c’est pourquoi on parle de crue centenale – les statistiques obligent à se poser la question : comment s’organiser lors de la prochaine catastrophe ? C’est à cette question que va répondre, à partir d’aujourd’hui, l’exercice « Sequana 2016 ». Pendant quinze jours, une crue va être simulée, avec un pic de crue atteint le week-end prochain, et une décrue qui s’achèvera le vendredi 18 mars.
Les conditions qui provoqueraient un tel événement sont bien identifiées : d’abord un épisode de froid sévère pendant un mois, qui entraînerait le gel des couches supérieures des sols ; puis une forte perturbation océanique apportant des précipitations accentuées. Les sols gelés ne peuvent absorber les eaux de ruissellements, qui se déversent donc dans la Seine, l’Yonne et la Marne, en amont de Paris. Résultat : le niveau de la Seine monte de 50 cm à 1 m par jour. L’exercice organisé actuellement se base sur une crue supérieure à celle de 1910, avec un niveau de plus de 8 m pour la Seine au centre de Paris. En amont (c’est-à-dire à l’est de la capitale), des dizaines de communes sont inondées, sur la Seine (Draveil, Athis-Mons, Yerres, Créteil, Vitry-sur-Seine, Ivry-sur-Seine…) comme sur la Marne (Lagny, Torcy, Chelles…). En aval, toutes les communes situées au bord des boucles de la Seine connaissent le même sort (Puteaux, Levallois, Saint-Denis, Gennevilliers, Nanterre, Colombes… ). 5 millions de personnes sont directement sinistrées, 500 000 doivent être évacuées ; 1,5 million de Franciliens sont privés d’électricité, 1,3 million sans eau potable. 140 km de lignes de métro sont inutilisables, les ponts qui joignent les deux rives de la capitale sont déclarés impraticables, submergés ou fragilisés. Le seul moyen de passer d’une rive à l’autre est le boulevard périphérique, engendrant des risques de bouchons monstres…
Voilà le scénario que vont tester les pouvoirs publics pendant les quinze prochains jours. « 87 partenaires publics et privés », explique la préfecture de police, sont mobilisés ; six départements, des dizaines de communes, les hôpitaux, EDF, GDF, les transporteurs, les entreprises de l’eau, Total, etc. Pendant toute la quinzaine, des exercices seront organisés pour tester la capacité de réaction de nombreux opérateurs : il faudra murer l’accès à certaines stations de métro pour éviter que les tunnels soient envahis par les eaux, organiser l’évacuation d’un centre de détention, l’hélitreuillage des occupants d’une maison de retraite, le renflouage d’une péniche échouée en plein Paris. Le musée d’Orsay, situé juste au bord de la Seine au centre de Paris, testera même la mise en sécurité de ses précieuses collections impressionnistes…
L’exercice, cofinancé par l’Union européenne dans le cadre du Mécanisme européen de protection civile, est piloté par le ministère de l’Intérieur (Centre interministériel de crise). Celui-ci explique que les communes sont un maillon essentiel de la chaîne, parce qu’elles constituent « le premier niveau de gestion de crise, celui de la réponse immédiate ». Au-delà de cette réponse immédiate aux situations d’urgence, l’une des problématiques essentielles est celle de la capacité du territoire à « repartir » après la catastrophe : rétablissement des réseaux, reprise de l’activité économique… Il faut, expliquent les experts, éviter le contre-exemple absolu : celui de l’ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans, aux États-Unis, en 2004, qui avait frappé un territoire absolument non préparé. De l’exercice actuellement en cours dépendra la capacité de réaction et de « résilience » de Paris et de sa région, lors de cette crue qui, selon Jean-Paul Kihl, secrétaire général de la zone de défense et de sécurité de Paris, « arrivera ». « Cela peut être dans cinq, dix ou vingt ans, mais cela arrivera. »
Accéder au site Sequana 2016.
Un seul chiffre permet de comprendre l’impact qu’aurait (qu’aura) une crue majeure sur l’économie du pays : selon l’OCDE, une telle crue de la Seine causerait 30 milliards d’euros de dégâts. Son impact sur le PIB français pourrait atteindre, au pire, presque 60 milliards d’euros sur cinq ans.
On parle ici d’inondations comparables à celle de 1910, quand une grande partie des rues de la capitale s’est retrouvée sous les eaux. Ce type de crue se produisant en moyenne une fois par siècle – c’est pourquoi on parle de crue centenale – les statistiques obligent à se poser la question : comment s’organiser lors de la prochaine catastrophe ? C’est à cette question que va répondre, à partir d’aujourd’hui, l’exercice « Sequana 2016 ». Pendant quinze jours, une crue va être simulée, avec un pic de crue atteint le week-end prochain, et une décrue qui s’achèvera le vendredi 18 mars.
Les conditions qui provoqueraient un tel événement sont bien identifiées : d’abord un épisode de froid sévère pendant un mois, qui entraînerait le gel des couches supérieures des sols ; puis une forte perturbation océanique apportant des précipitations accentuées. Les sols gelés ne peuvent absorber les eaux de ruissellements, qui se déversent donc dans la Seine, l’Yonne et la Marne, en amont de Paris. Résultat : le niveau de la Seine monte de 50 cm à 1 m par jour. L’exercice organisé actuellement se base sur une crue supérieure à celle de 1910, avec un niveau de plus de 8 m pour la Seine au centre de Paris. En amont (c’est-à-dire à l’est de la capitale), des dizaines de communes sont inondées, sur la Seine (Draveil, Athis-Mons, Yerres, Créteil, Vitry-sur-Seine, Ivry-sur-Seine…) comme sur la Marne (Lagny, Torcy, Chelles…). En aval, toutes les communes situées au bord des boucles de la Seine connaissent le même sort (Puteaux, Levallois, Saint-Denis, Gennevilliers, Nanterre, Colombes… ). 5 millions de personnes sont directement sinistrées, 500 000 doivent être évacuées ; 1,5 million de Franciliens sont privés d’électricité, 1,3 million sans eau potable. 140 km de lignes de métro sont inutilisables, les ponts qui joignent les deux rives de la capitale sont déclarés impraticables, submergés ou fragilisés. Le seul moyen de passer d’une rive à l’autre est le boulevard périphérique, engendrant des risques de bouchons monstres…
Voilà le scénario que vont tester les pouvoirs publics pendant les quinze prochains jours. « 87 partenaires publics et privés », explique la préfecture de police, sont mobilisés ; six départements, des dizaines de communes, les hôpitaux, EDF, GDF, les transporteurs, les entreprises de l’eau, Total, etc. Pendant toute la quinzaine, des exercices seront organisés pour tester la capacité de réaction de nombreux opérateurs : il faudra murer l’accès à certaines stations de métro pour éviter que les tunnels soient envahis par les eaux, organiser l’évacuation d’un centre de détention, l’hélitreuillage des occupants d’une maison de retraite, le renflouage d’une péniche échouée en plein Paris. Le musée d’Orsay, situé juste au bord de la Seine au centre de Paris, testera même la mise en sécurité de ses précieuses collections impressionnistes…
L’exercice, cofinancé par l’Union européenne dans le cadre du Mécanisme européen de protection civile, est piloté par le ministère de l’Intérieur (Centre interministériel de crise). Celui-ci explique que les communes sont un maillon essentiel de la chaîne, parce qu’elles constituent « le premier niveau de gestion de crise, celui de la réponse immédiate ». Au-delà de cette réponse immédiate aux situations d’urgence, l’une des problématiques essentielles est celle de la capacité du territoire à « repartir » après la catastrophe : rétablissement des réseaux, reprise de l’activité économique… Il faut, expliquent les experts, éviter le contre-exemple absolu : celui de l’ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans, aux États-Unis, en 2004, qui avait frappé un territoire absolument non préparé. De l’exercice actuellement en cours dépendra la capacité de réaction et de « résilience » de Paris et de sa région, lors de cette crue qui, selon Jean-Paul Kihl, secrétaire général de la zone de défense et de sécurité de Paris, « arrivera ». « Cela peut être dans cinq, dix ou vingt ans, mais cela arrivera. »
F.L.
Accéder à la carte interactive des zones inondables de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme.Accéder au site Sequana 2016.
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