Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 22 janvier 2024
Catastrophes

À La Réunion, les réseaux sont rétablis mais l'agriculture est dévastée

La vie reprend normalement sur l'île de La Réunion, où les établissements scolaires ont rouvert ce matin. Si la situation revient peu à peu à la normale en termes d'accès aux réseaux, elle est, en revanche, catastrophique pour les agriculteurs, frappés de plein fouet par le cyclone. 

Par Franck Lemarc

Après une semaine de fermeture, pour permettre de faire un état des lieux des bâtiments, les établissements scolaires et universitaires ont rouvert ce matin à La Réunion. Bien qu’ayant subi d’importants dégâts – infiltration d’eau, faux plafonds effondrés, chutes d’arbres – la plupart des établissements ont pu rouvrir, à l’exception de l’Observatoire de physique de l'atmosphère de Maïdo. 

Les réseaux largement rétablis

D’après la préfecture de l’île, les problèmes d’accès aux réseau étaient, hier, en voie de résorption presque totale : « 99,6 % de la population réunionnaise a accès à l’eau », indique le préfet, mais seulement 80 % à une eau potable « confirmée par les analyses ». 

Alors qu’à la fin de l’alerte rouge, 150 000 clients EDF étaient privés d’électricité, ils n’étaient plus que 7 500 hier. 16 400 foyers restent privés de téléphone fixe (133 000 à la fin de l’alerte), et 81 relais de téléphonie mobile restent hors service, contre 510 mercredi dernier. 

Dans la quasi-totalité des communes, il n’y a plus aucun foyer touché par les coupures en eau, les problèmes étant concentrés sur la commune de Saint-Joseph, où 31 % des foyers restent privés d’eau. 

La préfecture a également indiqué, dans un autre communiqué, que la baignade en rivière est « fortement déconseillée »  (il fait aujourd’hui 32 ° C à La Réunion), pour des raisons de manque d’informations sur la qualité de l’eau. Il est en revanche possible de se baigner en mer, mais « le passage du cyclone s’est traduit par de très forts dégâts sur certains sites de baignade et certains d’entre eux ne peuvent pas encore recevoir de public ». La préfecture rappelle également que le risque « requin »  est plus élevé après le passage d’un cyclone, et appelle donc à la prudence sur ce point. 

Agriculture ravagée

Les plus durablement frappés par le cyclone sont les agriculteurs. « Il n’y a pas une seule zone de l’île, ni un seul secteur qui n’a pas été impacté », indiquait en fin de semaine Frédéric Vienne, le président de la Chambre d’agriculture. Sans pouvoir encore estimer le montant des pertes, il est convaincu qu’il sera supérieur aux 40 millions d’euros qu’avait coûté aux agriculteurs le cyclone Bejisa en 2014, ou des 47 millions de dégâts de Batsirai en 2022. 

Entre le vent, la pluie et les inondations, toutes les plantations ont été abimées ou détruites. 90 % de la production de bananes sont perdus, et au moins 70 % de de la filière fruits et légumes. Entre 25 et 35 % des plants de canne à sucre sont à terre. Là où les arbres ne sont pas tombés, les fruits – comme les ananas – sont tellement gorgés d’eau qu’ils « commencent à pourrir ». De nombreuses serres ont été détruites, et les inondations et coulées de boue ont lessivé les sols de façon catastrophique. Enfin, de nombreuses têtes de bétail, élevées en plein air, ont été tuées par le cyclone (sans que le chiffre soit encore disponible) et des élevages en dur ont été détruits. 

Au-delà de la situation de nombreux  agriculteurs qui ont « tout perdu », les Réunionnais craignent également une flambée des prix sur les étals, la production locale étant en grande partie détruite. 

Il est donc attendu, sur l’île, une réaction très rapide du gouvernement. Non seulement sur la déclaration en état de catastrophe naturelle – toujours pas intervenue à ce jour – mais également sur le versement des aides financières directes. Les agriculteurs gardent un souvenir amer du passage de Batsirai, en février dernier : les aides promises ne sont tombées qu’au mois de décembre, et encore, à hauteur de seulement un tiers de ce qui était promis. 

Des craintes se font jour également sur le sort des habitants vivant dans des habitats précaires. Si le pire a été évité par l’hébergement d’urgence, durant le cyclone, de la plupart de ces personnes dans des centres mis en place par les communes, l’après-cyclone va être compliqué, beaucoup de ces habitats dits « informels »  ayant été détruits par la tempête. 

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