Coupe massive envisagée dans le remboursement des cures thermales
Par Céline Castella (AFP)
Si le Parlement entérine ce choix, le taux de remboursement des cures thermales passerait de 65 % actuellement à 15 %, a indiqué la ministre déléguée chargée de la Solidarité, Charlotte Parmentier-Lecocq. Couplée à la suppression du remboursement à 100 % pour les personnes en ALD (Affection de longue durée) déjà annoncée, la mesure permettrait « une économie de 200 millions d'euros » pour les comptes sociaux, selon la ministre qui s'exprimait au Sénat.
Ce serait « une catastrophe pour la santé » et une « aberration parce que ça priverait de soins efficaces un certain nombre de patients », assure Thierry Dubois, président du Conseil national des établissements thermaux (CNETh) qui regroupe la totalité des 103 établissements thermaux. Plus de 470 000 curistes, dont 25 % en ALD, ont profité en 2024 des cures thermales. Sur une dépense moyenne d'environ 680 euros pour une cure, ils ne seraient plus remboursés qu'à hauteur de 130 euros, et les soins reviendraient à 1 800 euros, en comptant les frais annexes comme l'hébergement ou les transports, selon Thierry Dubois.
Dans cette hypothèse, « il y aura beaucoup moins de curistes » , prédit-il. Résultat : « On va perdre entre 3,5 et 3,8 milliards » d'euros sur les ressources générées par les cures, évaluées à 4,8 milliards. Idem pour les emplois qui passeraient de 25 000 équivalents temps plein à 5 000. « Une décision aussi brutale mettrait à mal les communes thermales », car les cures « contribuent à l'aménagement du territoire, suscitent de l'activité en terme de commerces de bouche, d'hébergements, d'emplois », souligne de son côté Julien Dubois, maire de Dax (Landes) qui représente les élus de 80 communes thermales.
Fermeture
Première destination thermale de France et plus gros employeur du bassin de Thau dans l'Hérault, la station de Paul-François Houvion accueille 52 000 curistes par an à Balaruc-les-Bains. « J'ai 3 500 emplois indirects qui vont être touchés » et 50 % de curistes en moins si la mesure entre en vigueur, dit-il, se disant moins en danger que d'autres « parce que j'ai une grosse station solide financièrement » . « Mais qu'est-ce qu'on fait de tous ces patients qu'on va laisser sur le bord de la route ? », interroge-t-il.
Pour Benjamin Monssus, directeur de la station thermale familiale de Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire) avec 4 400 curistes par an, la mesure est « une catastrophe économique et sanitaire ». « Pour nous c'est le coup de massue et c'est la fermeture car c'est 90 % de patients qui ne viendront pas se soigner », avec des conséquences sur leur santé, affirme-t-il. « Il y a quand même beaucoup de gens avec peu de moyens (...) des gens qui ont des petits boulots, qui ont été cassés physiquement par leur travail mais qui font cet effort financier », souligne de son côté Camille Preziosi, médecin qui assure le suivi thermal des curistes de Vals-les-Bains (Ardèche).
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