Le budget des sports pour 2022 progresse encore à trois ans des JO de Paris
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« Progression inédite », « niveau historique ». Le ministère des Sports n’est pas avare en compliments lorsqu’il s’agit de commenter son budget pour 2022. En hausse de 22 % par rapport à l’année dernière, lorsque le ministère des Sports passait sous le giron de celui de l’Éducation nationale et de la Jeunesse de Jean-Michel Blanquer, il est porté à 987 millions d’euros, crédits du plan de relance compris*, dans le projet de loi de finances pour 2022, dévoilé hier. « En hausse constante depuis 2019, ce budget augmente de 178 millions par rapport à 2021 [budgété à 802 millions d’euros, il s’est établi en fin d’année à 808 millions d’euros] », se réjouissait, hier, la ministre chargée des Sports, Roxana Maracineanu. Le budget des sports reste toutefois une goutte d'eau dans le budget de l'Etat : 0,32 % en 2022.
Le Pass’sport renouvelé avec 100 millions d’euros, 315 millions d’euros pour l’ANS
Une augmentation essentiellement due au renouvellement, pour une saison 2, du Pass’sport. D'un montant de 50 euros par enfant, cette nouvelle aide de l'État censée aider les jeunes à financer une licence en club sportif concerne les 5,4 millions d'enfants de 6 à 17 ans révolus qui bénéficient de l'allocation de rentrée scolaire 2021 ou de l'allocation d'éducation de l'enfant handicapé ainsi que les 16-18 ans bénéficiaires de l'allocation aux adultes handicapés (AAH).
Un dispositif qui peine à démarrer. Dans L’Équipe, le député de la Loire, Régis Juanico (Génération.s), qui souhaite que le Pass’sport soit étendu aux 18-20 ans, aux associations scolaires et à toutes les fédérations sportives, pointe « le risque […] que l'enveloppe de 100 millions d'euros ne soit pas consommée si [le Pass’sport] est utilisé par 30 à 35 % des jeunes ciblés comme dans les projections de Bercy. Les millions qui restent iront-ils aux Sports ? »
De son côté, l’Agence nationale du sport (ANS), chargée de piloter la haute performance mais aussi le développement du sport pour tous sur l’ensemble du territoire avec l’implication de l’État, des collectivités territoriales, du mouvement sportif et du monde économique, bénéficie d’une enveloppe sanctuarisée (135 millions d’euros) à laquelle s’ajoute le produit, en hausse de 10 millions d’euros (180 millions d’euros en 2022 contre 170 millions d’euros en 2021), des trois taxes affectées au sport. « La faute originelle du gouvernement est d'avoir baissé en 2018 les ressources des taxes affectées de près de 140 millions d'euros », grince encore Régis Juanico. Le budget de l’ANS passe ainsi de 305 millions d’euros cette année à 315 millions d’euros en 2022 (hors crédits du plan de relance).
500 000 euros supplémentaires pour les maisons sport-santé
Par ailleurs, le ministère fait savoir que « le budget prévu pour soutenir le réseau des maisons sport-santé augmente de 500.000 euros pour atteindre 4,2 millions d’euros en 2022 ». « 288 établissements, reconnus par le ministère des Solidarités et de la Santé ainsi que le ministère des Sports, constituent ce réseau qui sera bientôt enrichi d’environ 150 nouvelles structures d’ici fin 2021 ». Autre point marquant : « L’enveloppe dédiée à la sensibilisation, aux actions de terrain pour prévenir les violences et incivilités augmente de 0,8 million d’euros pour atteindre 1,6 million en 2022. »
« Il y aura 8 millions d'euros réservés à la haute performance » et 6,4 millions d’euros seront investis dans l’Insep, a ajouté encore le ministère des Sports au cours d'un point presse alors que la France a eu un résultat décevant aux JO de Tokyo et affiche de fortes ambitions pour Paris : intégrer le top 5 mondial, ce qui signifie un doublement des médailles.
296 millions d’euros pour Paris 2024
À moins de trois ans, justement, de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 (du 26 juillet au 11 août 2024 pour les JO, du 28 août au 8 septembre 2024 pour les Jeux paralympiques), l’enveloppe dédiée à l’événement atteint 296 millions d’euros.
Chargé notamment de construire le village olympique et le Centre aquatique olympique en Seine-Saint-Denis et de rénover le Stade de France, l’établissement public industriel et commercial (Epic), dont l’État est le principal financeur à hauteur de 1,3 milliard d’euros, doit recevoir 263 millions d’euros de dotations de l’État en 2021, contre 225 millions d’euros cette année. 25 millions seront, en parallèle, versés au comité d'organisation des JO pour le volet paralympique, et 8 millions d’euros notamment pour le laboratoire de l'agence française de lutte contre le dopage (AFLD), qui va s'implanter sur le campus de l'université de Paris-Saclay (Essonne).
Un mot enfin sur les emplois de conseillers techniques et sportifs (CTS) : le ministère a assuré d'une « stabilité des effectifs » alors que les acteurs du sport ont ferraillé depuis des mois pour faire en sorte de récupérer des postes de CTS en diminution. Ils sont 1 442 dans le budget 2022, une vingtaine de postes étant transférés notamment dans les Creps, chiffre à rapporter à 1462 en fin d'exercice 2021. Régis Juanico interprète ces chiffres autrement : « L'engagement pris par le ministre Blanquer à Tokyo de préserver les effectifs de CTS n'est pas tenu : en cinq ans ils seront passés de 1650 à 1450, un affaiblissement de notre encadrement d'État du sport de haut niveau et pour tous... ».
*55 millions d’euros (sur les 122 millions d’euros) du plan de relance seront engagés en 2022 : il comprend « 7500 emplois pour des jeunes de moins de 30 ans (40 millions d’euros) » ; « 6 000 formations pour des jeunes sans qualification via le programme Sésame (12 millions d’euros) » ; « les projets de transformation numérique (9 millions d’euros) dont 60 fédérations ont déjà bénéficié » ; « une aide de 11 millions d’euros pour les associations sportives les plus fragilisées (via les Projets sportifs fédéraux) » ; « la rénovation thermique de 33 équipements sportifs nationaux et plusieurs dizaines d’équipements locaux (50 millions d’euros) ».
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