Adoption du budget avant la fin de l'année : Sébastien Lecornu veut encore y croire
Par Franck Lemarc
C’est dans le format qu’il semble affectionner que le Premier ministre s’est adressé aux Français hier : une allocution brève, d’un quart d’heure, dans la cour de Matignon, où le chef du gouvernement arrive d’un pas rapide, symbolisant probablement le fait qu’il est au travail et n’a que peu de temps. Objectif de cette séquence : « Rendre compte à la nation de là où nous en sommes. »
« Rompre les ponts »
Sébastien Lecornu a rappelé que la partie « recettes » du PLFSS (budget de la Sécurité sociale) a été adoptée par l’Assemblée nationale et que celle du PLF (budget de l’État a été rejetée). Il a cherché à dédramatiser en expliquant que « nous sommes au fond dans quelque chose d’assez normal » . Ce qui montre que le Premier ministre ne manque pas d’aplomb – il en faut pour appeler « normale » une situation où la première partie du budget est rejetée à l’Assemblée nationale à l’unanimité moins une voix, les oppositions et les partis proches du gouvernement se retrouvant d’accord pour rejeter un texte devenu parfaitement illisible.
Pour Sébastien Lecornu, le blocage vient du « cynisme » et des « errements idéologiques » de « certains partis et candidats à l’élection présidentielle » qui « estiment que le compromis n’est pas compatible avec leur stratégie électorale ». Il a donc appelé « ceux qui veulent avancer » à « rompre les ponts » avec ces partis.
Cinq thèmes prioritaires
Pour la suite, le Premier ministre a annoncé qu’il lançait un nouveau cycle de négociations avec « l’ensemble des partis représentés à l’Assemblée nationale et au Sénat » , qui seront reçus cette semaine, mais également avec les organisations syndicales – salariés et patronat. L’objectif est de débattre avec eux de « cinq thèmes prioritaires » et de chercher, sinon un « accord », jugé improbable, du moins une forme de compromis.
Le premier de ces cinq thèmes prioritaires, désigné « priorité absolue » , est de « garder une cible de déficit à moins de 5 % du PIB ». Le Premier ministre a répété que cette cible ne pourrait être atteinte sans réaliser de très importantes économies, notamment « sur le train de vie de l’État ».
Deuxième thème : « La réforme de l’État, la décentralisation et la clarification des compétences » . Cette réforme, qui prendra la forme d’un projet de loi qui devrait être déposé dans les prochaines semaines, et dont on peine à distinguer aujourd’hui les contours, permettra selon le Premier ministre « des économies à moyen et court terme ». C’est la première fois, il faut le noter, que le chef du gouvernement évoque cet « acte de décentralisation » sous le prisme des possibles « économies » qu’il serait susceptible de générer, et ce n’est pas forcément une bonne nouvelle – si cela signifie que le but est de se défausser sur les collectivités d’un certain nombre de dépenses de l’État.
On peut être surpris que le Premier ministre n’ait pas évoqué, parmi ceux qu’il compte recevoir dans les prochains jours, les associations d’élus, pourtant concernées au premier chef par cette future réforme.
Sébastien Lecornu a ensuite évoqué l’agriculture et l’énergie. Sur ce dernier point, sujet majeur en termes « économiques, de souveraineté, d’écologie et de pouvoir d’achat », il a reconnu qu’une « clarification » est nécessaire et qu’elle « ne pourra pas attendre l’élection présidentielle de 2027 » . En effet, il y a urgence : on arrive à la fin de l’année 2025, et la loi de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour la période 2025-2035 n’est toujours pas votée.
Enfin, le dernier mais non le moindre des « thèmes prioritaires » est la sécurité, ou plutôt « les sécurités, intérieure et extérieure ». Le Premier ministre a rappelé que s’il n’y avait pas de budget à la fin de l’année, cela aurait pour conséquence de rendre impossible la création prévue des « 1 400 postes de policiers » dédiés à la lutte contre le narcotrafic, et l’augmentation de 6,7 milliards d’euros du budget des armées, prévue par son gouvernement. Il compte d’ailleurs organiser, la semaine prochaine, un débat au Parlement pour que « les forces politiques se positionnent » au sujet du « renforcement de nos armées ».
Sébastien Lecornu se refuse à évoquer la perspective d’une loi spéciale ou d’un budget qui serait imposé par ordonnances, voulant rester persuadé que « le chemin d’un compromis » est toujours possible. L’avenir dira s’il a raison même si, comme Maire info l’expliquait hier, le chemin de crête pour y parvenir est de plus en plus étroit.
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