Budget 2026 : de très mauvais signaux pour le sport dans les territoires
Par Lucile Bonnin
La ferveur post-Jeux olympiques et paralympiques de 2024 est en train de lentement disparaître, si bien que « l’héritage » qui a été promis aux acteurs sportifs des territoires et aux collectivités semble s’évaporer.
Dans ce contexte où le gouvernement cherche à faire des économies, le sport est largement touché. S’il apparaît, comme le pointe le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et le Comité paralympique et sportif français (CPSF), que le sport de haut niveau est relativement épargné – en raison notamment de la tenue prochaine des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver 2030 – les inquiétudes se focalisent plutôt sur la politique sportive menée par l’État dans les territoires.
Un Pass’Sport durablement modifié
La nouvelle est tombée cet été : « En 2025, le dispositif a été redéfini avec une nouvelle valeur faciale de 70 euros et de nouveau critères concernant les bénéficiaires, peut-on lire dans le PLF. Sont désormais éligibles les jeunes de 14 à 17 ans recevant l’Allocation de rentrée scolaire (ARS), les jeunes en situation de handicap de 6 à 30 ans ainsi que les étudiants boursiers de moins de 28 ans. » « On rate une grande cible, on passe à côté de jeunes enfants qui en avait besoin pour pouvoir pratiquer davantage de sport » , confiait à Maire info David Lazarus, vice-président de l'Agence nationale du sport et coprésident de la commission Sport de l’AMF.
Ainsi malgré les alertes des associations d’élus, « la baisse de 35 millions d’euros des crédits du Pass Sport exclut durablement de son bénéfice les 6-13 ans » pointent le CNOSF et le CPSF qui « demande qu’un travail soit engagé dans les prochaines semaines avec le ministère et les parlementaires en vue du rétablissement de ce dispositif, quitte à instaurer un ciblage socio-économique plus resserré (basé par exemple sur le quotient familial) pour cesser de fragiliser la pratique des enfants issus des familles les plus modestes ».
Fin des programmes pour les équipements de proximité
Autre point sensible : le gouvernement a inscrit dans le projet de loi de finances (PLF) une forte baisse des autorisations d’engagement (- 108 millions d’euros) allouées à l’ANS « principalement en raison de la clôture des plans d’équipements Génération 2024 et 5 000 équipements de proximité » . Si cette baisse est confirmée, elle obligera l’ANS à autofinancer la couverture des restes à payer au titre du plan équipements. Rappelons d’ailleurs que cet été le Plan 5000 Équipements - Génération 2024 avait été révisé de 98 à 75 millions d’euros avec une réduction de 13 millions sur les équipements structurants et 10 millions sur les équipements de proximité. En conseil d’administration de l’ANS, le collège des collectivités s’était ému de ce coup de rabot qui déstabilise lourdement la situation financière de l’Agence.
Si le gouvernement présente la fin du programme Génération 2024 comme naturelle, il faut rappeler qu’à son lancement il devait permettre, entre 2024 et 2026, la création de 5 000 équipements supplémentaires (3 000 équipements de proximité, 1 500 cours d’écoles actives et sportives et 500 équipements structurants) avec une enveloppe de 300 millions d’euros sur trois ans, soit 100 millions d’euros par année (2024-2026). La date de fin semble donc avoir été avancée à fin 2025 plutôt qu’à la fin 2026 comme prévu. Les 100 millions d’euros prévus pour 2026 ne sont finalement pas attribués ce qui fait que plus d’un millier de projets d’équipements de proximité ne verront finalement pas le jour selon les informations du Parisien.
Nécessité de rénover mais pas de moyens alloués
D’autres mesures dans le PLF inquiètent les acteurs du sport comme les coupes budgétaires annoncées sur les services civiques et ce alors que plus de « 12 500 services civiques sont déployés chaque année dans le secteur du sport » ou alors la diminution de 7 millions d’euros de l’enveloppe dédiée au dispositif « 2 h de sport supplémentaire au collège » …
Enfin, alors que 75 % des équipements sportifs ont plus de 20 ans, le plan de sobriété énergétique qui accompagne et soutient la politique de sobriété énergétique du sport notamment par l’intermédiaire du plan d’adaptation des pratiques sportives au changement climatique (PCACC) a été doté d’une enveloppe en autorisations d'engagement et en crédits de paiement de... 500 000 euros. Ajoutons à cela la diminution du Fonds vert, la responsabilité de la réhabilitation pèse ainsi sur le bloc communal, propriétaire de 80 % du parc sportif français. Les élus de l’AMF demandent en ce sens, depuis plusieurs années, un plan majeur de rénovation et réhabilitation du parc sportif existant, pour l’adapter aux contraintes de sobriété énergétique et de changement climatique. Le gouvernement indique de son côté dans le PLF que « l’année 2026 sera marquée par la mise en œuvre de diagnostics réalisés sur des équipements sportifs existants afin d’améliorer l’optimisation de leur utilisation et la rationalisation de leurs financements. »
Le sujet du financement de la politique sportive sera abordé lors du forum intitulé « Culture et sport : simples variables d’ajustement ou outils de cohésion sociale ? le mardi 18 novembre de10h à 12h au prochain Congrès des Maires de France.
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