Bercy n'écarte pas un soutien financier aux familles modestes pour l'achat de masques
Alors que depuis hier, les masques sont obligatoires dans les établissements recevant du public (magasins, administrations, banques…), la question du coût de ceux-ci pour les familles revient sur le devant de la scène. Alors que les associations de consommateurs demandent une aide de l’État, le ministre de l’Économie n’a, ce matin, pas fermé la porte à cette éventualité.
Porter un masque n’est pas à la portée de toutes les bourses. Plusieurs enquêtes menées ces derniers jours, notamment par le Le Parisien, font état d’un budget qui peut se révéler rédhibitoire pour les familles les plus modestes. Même si, pour l’instant, le prix des masques chirurgicaux (jetables en théorie au bout de 4 heures) reste plafonné à 95 centimes, l’addition grimpe vite : à ce prix, utiliser deux masques par jour revient à 57 euros par mois et par personne. Soit, pour une famille de quatre personnes… 228 euros par mois.
Certes, l’utilisation de masques en tissu revient un peu moins cher – une centaine d’euros par mois pour une famille de 4 personnes, selon Le Parisien. Mais cette somme reste largement au-dessus des moyens de bien des familles. Avec, au final, un problème sanitaire : le fait de ne pas avoir les moyens d’acheter des masques en nombre suffisant conduit à mal utiliser ceux-ci, par exemple en ne changeant les masques durant la journée, voire en les utilisant pendant plusieurs jours.
Pour pallier ce problème, le gouvernement avait décidé, en mai, de verser une aide exceptionnelle à quelque 4 millions de familles bénéficiaires du RSA ou de l’ASS. Mais cette aide n’a pas été reconduite. Au niveau local, de nombreux maires ont pris le problème à bras le corps en distribuant eux-mêmes des masques, gratuitement, aux familles en difficulté. Mais la prise en charge de la moitié du coût de ces masques par l’État a pris fin le 1er juin.
Par ailleurs, conformément aux promesses faites au moment du déconfinement, le gouvernement a mis en place « une enveloppe hebdomadaire de 5 millions de masques lavables », destinés à être distribués via les CCAS.
50 euros par mois et par personne
Dans ce contexte, rien d’étonnant à ce que les associations de consommateurs demandent que l’État fasse un geste supplémentaire. Dans un communiqué publié hier, l’association CLCV (Consommation, Logement, Cadre de vie) réclame par exemple « un accompagnement » face au coût supplémentaire induit par les règles mises en œuvre hier. L’association réclame d’abord que le gouvernement veille à ce que les masques restent « largement mis à disposition dans les points de vente » afin d’éviter toute pénurie – synonyme de hausse des prix – et qu’il « contrôle le respect de l’encadrement des prix ». Mais surtout, elle demande que pour les populations précaires, « une aide de 50 euros » par mois et par personne soit mise en place par le gouvernement.
Interrogé sur ce sujet ce matin, sur Franceinfo, le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, a déclaré qu’il s’agit d’un « bon débat ». « Est-ce qu'il faut une prise en charge complémentaire ? Je trouve que c'est un bon débat, je n'ai pas la réponse ce matin, mais je trouve que c'est une question qui se regarde attentivement. »
Il reste à espérer que ce « regard attentif » ne tardera pas trop, pour ne pas que la charge d’aider les familles sur ce sujet ne repose uniquement sur les collectivités ou les associations… ou, pire encore, que le coût des masques contraigne des familles à ne pas pouvoir respecter les obligations en vigueur.
F.L.
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