Le nombre total d’équipements par habitant est « globalement plus élevé »  dans les bassins de vie de la moitié sud de la France métropolitaine, mais aussi en Guadeloupe et en Martinique, selon une étude de l’Insee consacrée aux bassins de vie. 

Définis comme « les plus petits territoires au sein desquels les habitants ont accès aux équipements et aux services les plus courants », les bassins de vie agrègent chacun, en moyenne, « une vingtaine de communes ». Mais ce nombre peut être très variable puisqu’il peut aller « d’une seule commune, notamment dans le cas de pôles proches d’autres pôles très denses et attractifs, comme Palavas-les-Flots (près de Montpellier) ou Arès (près de Bordeaux), à plus de 100 communes pour les treize plus grands bassins de vie (comme Paris, Toulouse ou Reims) », indiquent les auteurs de l’étude.

Plus de 1 700 bassins de vie, dont 1 250 ruraux

Pour l’année 2022, l’Insee a ainsi dénombré 1 707 bassins de vie qui structurent le territoire, dont 26 dans les départements d’Outre-mer. 

Parmi eux, 65 sont des bassins de vie urbains denses (qui concentrent à eux seuls 44 % de la population française), 386 bassins de vie urbains de densité intermédiaire et 1 256 bassins de vie ruraux. Sensiblement moins peuplés avec 16 300 habitants en moyenne (contre 461 000 et 44 000 habitants pour les catégories denses et de densité intermédiaire), les bassins de vie ruraux concentrent près du tiers de la population, mais disposent d’équipements « moins variés que les bassins de vie urbains ». 

Et si l’on y « trouve toujours les équipements de proximité et la grande majorité de ceux qualifiés d’intermédiaires »  (tels que les collèges, supermarchés, agences bancaires, piscines ou encore stations-service) à des niveaux relativement proches – bien qu’inférieurs – des autres bassins de vie, il y manque « des équipements de la gamme supérieure »  tels que les lycées, les hypermarchés, les gares, les médecins spécialistes, les établissements de santé, ou encore les cinémas. 

Rural : trois fois moins de gynécologues et de centres de formation

C’est donc, sans surprise, sur cette gamme que « les écarts entre bassins de vie se creusent ». En effet, en moyenne, « les bassins de vie urbains denses disposent de 45 types d’équipement sur les 47 de cette gamme quand les bassins urbains de densité intermédiaire en proposent 27 et les bassins ruraux seulement 15 », constatent les auteurs de l’étude.

En premier lieu, ce déficit des bassins de vie ruraux tient notamment à « la présence moindre de médecins spécialistes ». « En proportion, trois fois moins de bassins de vie ruraux qu’urbains de densité intermédiaire disposent de gynécologues, de dermatologues ou de psychiatres dans leur périmètre, quatre fois moins pour les pneumologues ou les pédiatres », observent-ils.

Le domaine éducatif connaît également un déficit important puisqu’il y a également « trois fois moins de bassins de vie ruraux équipés de centres de formation d’apprentis (hors agriculture) et deux fois moins de bassins de vie équipés de lycées (généraux ou technologiques, comme professionnels) ».

Outre les transports et les structures de loisirs, les services sont aussi impactés puisque « moins de 20 % des bassins de vie ruraux comportent des agences ou relais Pôle emploi, contre plus de 50 % des bassins urbains intermédiaires ». Sans parler des bassins urbains denses qui, eux, possèdent toujours plus de neuf équipements de la gamme supérieure sur dix, quelle que soit la catégorie analysée.

Les ruraux « non périurbains »  plus souvent éloignés 

Outre le déficit de ce type d’équipements dans les bassins ruraux, les écarts de temps pour y accéder sont, eux aussi, importants. Ainsi, « 30 % des résidents des bassins de vie ruraux sont situés à plus de 21 minutes en voiture de ces équipements, contre 10 % pour l’ensemble de la population et seulement 3 % dans les bassins urbains de densité intermédiaire », pointe l’Insee.

On peut également constater qu’entre 22 et 23 % des résidents des bassins de vie ruraux sont considérés comme éloignés des équipements de proximité (le seuil d’éloignement étant fixé à 6 minutes) et de gamme intermédiaire (le seuil étant fixé à 12 minutes), contre 10 %, là encore, pour l’ensemble de la population et 6 % dans les bassins urbains de densité intermédiaire. Dans les bassins urbains denses, la population jugée éloignée des équipements est, quant à elle, quasi inexistante.

Reste que les temps d’accès dans les bassins ruraux sont très différents que l’on habite dans un bassin périurbain ou dans un bassin non périurbain. Ainsi, « la proportion d’habitants éloignés de chacune des différentes gammes d’équipement est beaucoup plus élevée dans les bassins de vie non périurbains que dans les bassins de vie périurbains ». 

Rien que pour la gamme intermédiaire, 29 % de la population des bassins de vie ruraux non périurbains se retrouve éloignée de ces équipements, alors que « seulement »  17 % des résidents des bassins de vie ruraux périurbains le sont. Les chiffres sont similaires pour les équipements de proximité.

Et les écarts sont encore « plus nets »  pour les équipements de la gamme supérieure puisque 41 % de la population des bassins de vie ruraux non périurbains en est éloignée, « soit deux fois plus que dans les bassins ruraux périurbains, et quatre fois plus que sur l’ensemble du territoire ». 

Dans 88 des 700 bassins de vie ruraux non périurbains (qui se situent souvent dans des zones montagneuses), c’est même « plus de 60 % de la population qui est éloignée des équipements de la gamme intermédiaire ». 

Reste que si les temps d’accès sont plus longs dans le rural non périurbain, le nombre d’équipements par habitant y est plus élevé, surtout dans les territoires touristiques. Dans l’ensemble, ce type de bassin de vie compte ainsi 34,8 équipements pour 1 000 habitants, contre 33,5 en moyenne. À l’inverse, « le nombre d’équipements pour 1 000 habitants est le plus bas dans les bassins de vie ruraux périurbains, quelle que soit la gamme », selon l’Insee.

Par ailleurs, l’institut confirme que l’évolution du nombre d’équipements est liée à celle de la population. Ainsi, « entre 2013 et 2020, les bassins de vie ruraux périurbains, en forte croissance démographique, enregistrent la plus forte hausse du nombre d’équipements courants », alors que, sur la même période, « le nombre d’équipements courants baisse dans 225 bassins de vie, notamment des bassins de vie ruraux éloignés des pôles d’emplois ».

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