Maire-info
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Édition du vendredi 24 novembre 2023
Santé publique

Baromètre santé social : la situation s'aggrave

Trois ans après le premier baromètre santé social, l'AMF et la Mutualité Française ont livré une évolution préoccupante de la situation concernant l'accès aux soins, la petite enfance ou encore l'hébergement des personnes en perte d'autonomie.

Par Emmanuelle Stroesser

Sur tous les indicateurs mesurés en 2020, aucun ne s’est amélioré (1). Pire, ils se sont dégradés, en particulier sur l’offre de soins. 
Les déserts médicaux continuent d’avancer et touche une très large frange de la population : près de 87 %. La baisse du nombre de généralistes est manifeste dans 78 départements, ce qui fait craindre pour l'avenir « car nous ne sommes qu’au début du phénomène démographique »  de départ en retraite d’une partie des médecins en activité, souligne le président de l’AMF, David Lisnard, lors de la présentation de ce baromètre, au congrès des Maires de France, mercredi. Il est même « probable que cette tendance s’infléchisse encore dans le prochain baromètre car les premiers effets de la suppression du numérus clausus ne se produiront pas avant cinq ans encore »  enchérit le président de la Mutualité française, Éric Chénut, partenaire de l’étude.  

L’offre de soins reste « inégalement répartie » , retient également David Lisnard, avec des zones rurales proportionnellement davantage touchées, puisque seules « 18 % des zones rurales sont suffisamment dotées », soit près de deux fois moins que de zones urbaines (31 %). 

La permanence des soins (« la capacité de trouver une offre de soins de ville le soir ou week-end pour éviter le recours aux urgences » ) se dégrade, elle, à une allure vertigineuse. Puisque « en dix ans, depuis 2012, de 73% de professionnels s’inscrivant dans la permanence de soins la proportion a chuté à à 38% », illustre Éric Chenut, président de la Fédération nationale de la Mutualité française.

Les résultats ne sont pas meilleurs dans la petite enfance. Entre 2017 et 2020, le nombre de places d’accueil des plus petits a diminué de 4 %. Là encore, avec de grandes variations suivant les territoires : « une variation de 1 à 7 entre la Guyane (11 %) et la Mayenne (84 %) » .

Aussi, le niveau moyen du nombre d’établissements pour personnes âgées a diminué « de 124 à 115 pour 1000 personnes entre 2018 et fin 2021 » . De surcroît, le nombre d’Ehpad est aujourd’hui « dans le rouge »  pour reprendre un constat largement repris dans un autre forum du congrès mercredi consacré au bien vieillir. 

Des constats aux solutions

« Il faut donc absolument faire émerger de nouvelles solutions », reprend le président de la Mutualité française. Le parti pris du baromètre est aussi de mettre quelques solutions en exergue en pointant notamment « l’alliance public-privé solidaire »  pour les faire vivre. Mais cette action locale ne peut s’épanouir sans davantage de « subsidiarité », « de telle sorte que les initiatives ne soient pas engoncées », empêchées ou entravées, précise David Lisnard. La « coordination des professionnels », ou la « plus grande territorialisation des politiques de santé »  sont d’autres conditions nécessaires. 

Éric Chenut appelle les maires à ne pas oublier que « 80% des déterminants de santé ne dépendent pas du système de santé, mais de politiques publiques ! », comme les politiques éducatives, économiques et sociales, portant sur les infrastructures, les transports, etc. « Qui mieux que les maires pour enclencher et accompagner le virage préventif dont on a besoin à l’échelle du pays ? » . La prévention de la perte d’autonomie, passe aussi « par des aménagements urbains, politiques, de transport, le logement » 

David Lisnard pointe lui certaines limites de l’action communale. Par exemple, sur la petite enfance, le manque de 10 000 emplois pour répondre aux besoins ou les « taux d’absentéisme anormalement élevés dans les communes »  sont des freins à prendre en compte. « Cela révèle peut être des problèmes d’attractivité et de management mais cela doit susciter un électrochoc avec les partenaires sociaux, syndicats et employeurs ! » 

(1) Le baromètre s’appuie sur un ensemble de données récupérées auprès des différentes sources de référence : CNAF, ARS, Ordre des médecins, INSEE, etc.

Consulter les résultats du baromètre. 

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