Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 23 juin 2010
Catastrophes

Après Xynthia et les inondations du Var, une nouvelle carte des zones non constructibles sera présentée par l'Etat en 2011

Après les drames de Xynthia et du Var, l'Etat va élaborer une nouvelle cartographie des "zones très dangereuses" en France où toute nouvelle construction sera interdite, et qui devrait intégrer de nouveaux risques, comme ceux liés au changement climatique. «On va cartographier dans l’ensemble de la France les zones très dangereuses (…), on va définir des zones qui sont des zones rouges dans lesquelles on ne pourra plus construire», a déclaré le 22 juin 2010 la secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Chantal Jouanno, sur Radio Classique. Cette nouvelle carte, réalisée par l’Etat, «sera prête à partir de 2011», a-t-elle ajouté. Mme Jouanno s’exprimait au lendemain de la visite de Nicolas Sarkozy à Draguignan (Var), où ce dernier a assuré que l’Etat n’autoriserait aucune construction d’habitation dans les zones dangereuses «tant (qu’il) sera président». Six jours après les inondations dans le Var (au moins 25 morts) et trois mois à peine après la tempête Xynthia (59 morts sur les côtes de Vendée et Charente-Maritime), il a assuré que cette règle ne souffrirait «aucune exception». «C’est un problème de vie ou de mort», a-t-il déclaré. La secrétaire d’Etat à l’Ecologie a justifié cette nouvelle cartographie par le fait que les actuels plans de prévention des risques (PPR) «sous-estiment le risque». Ils ont été «un peu trop négociés sur le terrain», a-t-elle lancé. Lundi déjà, Nicolas Sarkozy avait ouvertement déploré la mise en oeuvre des PPR, affirmant que «cela fait des décennies que, dans notre pays, en vérité, on a joué avec la vie de victimes potentielles». Mais «surtout, on n’a pas intégré certains risques, les changements climatiques qui font que, par exemple, en bord de mer, il va y avoir une élévation du niveau de l’eau», a poursuivi Mme Jouanno. Le niveau des océans pourrait s’élever de quelque 50 centimètres d’ici la fin du siècle, selon le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), voire d’un mètre, selon des études récentes. «Si on veut le faire (intégrer les risques liés au changement climatique, NDLR) de manière parfaitement rigoureuse, c’est un travail titanesque», estime Stéphane Hallegatte, chercheur au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement. «Mais cela ne veut pas dire que l’on ne peut pas faire des choses simples et relativement efficaces. On peut ne pas se contenter d’utiliser les crues historiques, mais rajouter une marge de sécurité pour prendre en compte le changement climatique», ajoute-t-il. Mme Jouanno souhaite également intégrer le «risque de ruissellement», ces précipitations qui ne s’inflitrent pas dans le sol. «C’est ce qui s’est passé à Draguignan, c’est-à-dire une montée extrêmement rapide des eaux», a-t-elle expliqué. A Draguignan, Nicolas Sarkozy a également promis que les 3.500 PPR qui attendent toujours d'être validés (sur un total de 10.000) le seraient sans faute «dans les trois ans». Les communes dotées de PPR élaborés par les préfets sont tenues de prendre en compte ces risques dans leur politique d’urbanisme. Soixante-dix pour cent de ces plans se rapportent à la menace d’inondations. Mais ils n’ont pas empêché pour autant la construction de 100.000 logements entre 1999 et 2006 en zone inondable.

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