Après six mois de mobilisation, les sapeurs-pompiers cesseront leur grève à partir du 1er février
Au moment où des milliers de sapeurs-pompiers défilaient, hier à Paris, pour protester contre leurs conditions de travail et dénoncer notamment le manque d’effectifs et de reconnaissance de leur profession, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, annonçait une série de mesures pour répondre à leurs revendications.
En fin de journée, l'intersyndicale a ainsi annoncé à l’AFP avoir « pris acte des engagements forts du ministère et a décidé de suspendre le mouvement et d'appeler à l'arrêt de la grève et à reprendre le travail normalement à partir du 1er février ». Une décision « saluée » par Christophe Castaner sur Twitter : « Des engagements clairs ont été pris, notamment sur la prime de feu. C’est par le dialogue, jamais par la violence, que nous avançons ensemble, avec les collectivités locales ».
La manifestation d’hier, la deuxième en quatre mois (lire Maire info du 16 octobre), a, en effet, été émaillée de tensions entre les sapeurs-pompiers, qui ont notamment bloqué le périphérique parisien, et les forces de l’ordre à différents endroits de Paris. Les pompiers ont été repoussés par les forces de l'ordre au canon à eau et par des tirs de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes. Plusieurs manifestants ont été légèrement blessés, notamment aux jambes par des éclats de grenades, a constaté un journaliste de l'AFP.
La préfecture a, de son côté, annoncé l'arrestation de deux « manifestants violents ». « Le respect des règles vaut pour tous, quelle que soit la nature de la manifestation » , a réagi sur Twitter la préfecture de Police, en déplorant le non-respect de l'itinéraire de manifestation et le refus de se disperser des manifestants, dont certains ont défilé casqués malgré l'interdiction de la préfecture.
Revalorisation de la prime de feu et maintien de la retraite anticipée à 57 ans
Dans le même temps, le gouvernement s'est notamment engagé à revaloriser dès l'été prochain la prime de feu à 25 % du salaire de base (contre 19 % actuellement), et à préserver les mécanismes permettant aux pompiers de partir en retraite anticipée à 57 ans en échange de cotisations supplémentaires, a précisé Frédéric Perrin, président du syndicat Spasdis-CFTC, l'un des sept syndicats (sur neuf) mobilisés ces derniers mois. Les syndicats réclamaient une revalorisation à 28% du salaire, à hauteur des primes de risques accordées aux policiers et gendarmes. « Le gouvernement a laissé ouverte la possibilité de nouvelles augmentations ces prochaines années », a affirmé Frédéric Perrin.
« La conservation de la bonification de leur temps de service dans la limite de cinq années sous la forme d’une sur-cotisation de leur employeur » est, elle aussi, garantie, ajoute, dans un communiqué publié hier, la commission des sapeurs-pompiers professionnels de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF).
Un observatoire national des violences spécifiques aux sapeurs-pompiers
Le gouvernement s'est également engagé à créer « un observatoire national des violences spécifique aux sapeurs-pompiers » pour mieux prévenir les agressions dont ils sont de plus en plus victimes, a encore ajouté Frédéric Perrin. Depuis le début de l’année, le ministère de l’Intérieur a recensé plus de 1 200 incivilités physiques ou verbales à l’encontre des sapeurs-pompiers. Le recours aux caméras-piétons pendant les interventions, autorisé par Christophe Castaner début septembre, ne suffit pas à satisfaire la profession (lire Maire info du 19 juillet).
Stagnation des effectifs
Tout n’est pas résolu pour autant. Entamé le 26 juin, le mouvement de grève a mis en lumière leur malaise face à la « sursollicitation », le « manque de moyens » et les « violences » que les sapeurs-pompiers subissent en interventions. Un mouvement « sans impact sur la prise en charge de nos concitoyens », les sapeurs-pompiers étant tenus d’assurer leur service.
L’un des problèmes soulevés par les sapeurs-pompiers est la stagnation des effectifs - 40 646 professionnels en 2016, 40 537 en 2017. Dans le même temps, le nombre d’interventions des sapeurs-pompiers n’a jamais été aussi élevé - 4 651 500 en 2017 (+2,4 % par rapport à 2016) dont plus de 4 millions par les Services départementaux d’incendie et de secours (Sdis). Elles ne relèvent d’ailleurs pas toujours de leur domaine de compétences : en 2018, une intervention sur cinq n’a même pas nécessité un seul geste de secours, déplorait, le 21 mars dans un entretien à Libération, le général Jean-Claude Gallet, qui commande la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris.
Les sapeurs-pompiers, qui représentent 16 % des quelque 247 000 pompiers en France, le reste étant à 80 % des volontaires, demandent, par conséquent, au gouvernement de prendre des mesures radicales pour sauver un système de secours national dont ils sont souvent les derniers maillons de la chaîne et qu'ils jugent « à bout de souffle ».
Ludovic Galtier
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