Édition du lundi 19 juin 2006
Sécheresse: des sols déjà anormalement secs et des réserves comptées
La France attaque l'été avec des sols déjà anormalement secs et des réserves comptées, estime le ministère de l'Ecologie qui appelle à la vigilance.
«Même si elle est pour l'heure moins tendue qu'en 2005, la situation pourra rester difficile cet été. Les risques de sécheresse sont loin d'être écartés», a souligné en fin de semaine la ministre Nelly Olin, citant les situations «critiques» dans le bassin parisien, au sud de la Garonne et le long du Rhône jusque dans l'extrême sud-est. Ses services ont insisté jeudi sur la récurrence, depuis trois ans, des épisodes de sécheresse: «Rien ne laisse penser que ça va changer», a noté Mme Olin.
Grâce aux pluies des trois derniers mois, la situation sur le terrain est globalement meilleure que l'an dernier à la même époque, mais le déficit pluviométrique atteint 25% à l'échelle nationale, a-t-elle indiqué. Le manque de «pluies efficaces», tombées à l'automne et en hiver et qui permettent la recharge des nappes souterraines, atteint 50 à 70% en Champagne-Ardenne, en Ile-de-France (notamment dans l'Oise), dans la région Centre et le long de l'axe Rhône-Alpes.
A l'est d'une ligne Le Havre-Chambéry, les précipitations ont été excédentaires, mais elles sont souvent intervenues trop tardivement - de mars à mai - pour pallier les déficits cumulés depuis trois ans. A cette époque, seule la végétation profite et les pluies évitent tout au plus de pomper dans les réserves souterraines pour irriguer.
En outre, les précipitations - jusqu'à trois fois excédentaires en Artois Picardie - sont restées très insuffisantes en Corse, dans l'extrême sud-est et sur le bassin versants de l'Adour (sud-ouest): selon le ministère, seules 10 à 20% des pluies attendues sont tombées sur le pourtour méditerranéen. En revanche, des régions très éprouvées en 2005 comme l'Ouest, la façade atlantique ou le Languedoc-Roussillon connaissent une situation plus favorable cette année. Mais début juin, le débit des cours d'eau était généralement inférieur à la normale.
Selon le ministère, quinze départements avaient, au 15 juin, déjà pris des arrêtés limitant les usages de l'eau dont certains concernent l'irrigation, en région parisienne, dans le centre ouest (Charente, Vienne, Deux-Sèvres), ainsi que dans le sud-ouest (Gers, Tarn, Landes, Lot-et-Garonne notamment).
«Un été pluvieux permettrait au moins de limiter l'exploitation des réserves, mais pas de les refaire. En revanche, si l'été est sec, la situation sera très tendue début septembre», a prévenu la ministre.
Depuis trois ans, la France, comme une bonne partie de l'Europe du sud, enchaîne les épisodes de sécheresse, doublés en 2003 d'une canicule qui a amplifié l'évaporation naturelle. «Si nous devions connaître une nouvelle canicule cet été, la situation ne ferait qu'empirer. On ne peut plus se contenter de gérer la sécheresse: il faut gérer la rareté de l'eau», a insisté Mme Olin.
Les campagnes de sensibilisation ont déjà permis de diminuer la consommation des Français de 1% par an, s'est-elle félicité. Les surfaces de maïs, grosses consommatrices d'eau en été, ont diminué de 20 à 25% en deux ans et même 40% localement en Poitou-Charente. Parallèlement, des pratiques alternatives émergent: récupération des eaux de pluies, réutilisation des eaux usées, ou désalinisation comme à Belle-Ile.
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