Sécuriser les réseaux de fibre optique : un coût d'investissement entre 7 et 17 milliards, selon les acteurs de la filière
Par Lucile Bonnin
Vents violents, incendies, inondations, accident de la route, vandalisme, mouvements de terrain… Avec la fermeture du réseau cuivre qui approche, les acteurs de la filière réunis dans la fédération InfraNum alertent sur l’importance « de rendre les infrastructures numériques françaises plus résilientes ».
Si la qualité du réseau reste la principale problématique dans de nombreux territoires, un autre défi est à relever : celui de la permanence de ces réseaux, et leur capacité à surmonter les différents aléas (lire Maire info du 24 juin 2022).
C’est dans ce contexte qu’une étude a été publiée par InfraNum intitulée Résilience des réseaux FttH et qui vise à évaluer le niveau de sécurisation actuel des infrastructures et à présenter trois scénarios pour la sécurisation de ces réseaux.
Un niveau de sécurisation « moyennement satisfaisant »
Alors que le dérèglement climatique augmente les menaces pour les réseaux dans les territoires, les acteurs de la filière considèrent – au regard de cette étude – que le niveau de résilience des réseaux de fibre optique est jugé seulement « moyennement satisfaisant ».
En cause : la fragilité des infrastructures aériennes. Une grande partie du réseau fibre en France, et surtout dans les territoires outre-mer et ruraux, sont particulièrement fragiles et exposés aux intempéries. 500 000 km de câbles de fibre optique ne sont pas enfouis sous la terre mais sont installés sur des poteaux électriques. Cela représente « la moitié du réseau très haut débit » et « la moitié concerne des câbles de taille significative (supérieure ou égale à 48 FO) ».
Plusieurs cartographies ont été réalisées dans le cadre de cette étude. L’une d’entre elles montre que c’est surtout à l’ouest de la France que les réseaux ont été déployés en aérien. Dans le département des Landes par exemple, on recense plus de 7 000 km de réseaux déployés en aérien. Mais c’est aussi l’un des départements qui est le plus concerné par le risque incendie puisque le poids de sa superficie forestière est compris entre 60 % et 90 %.
Entre 7 et 15 milliards d’euros
La filière a donc, à travers cette étude, imaginé trois scénarios différents comportant des mesures de sécurisation plus ou moins ambitieuses, et donc plus ou moins coûteuses. Le premier scénario appelé « scénario plancher » prévoit l’enfouissement d’environ 75 000 km de linéaire tandis que le scénario ambitieux prévoit l’enfouissement d’environ 210 000 km de linéaire.
Mais c’est un scénario intermédiaire qui est priorisé par les acteurs de la filière. Ce dernier prévoit « d’appliquer le scénario plancher sur les départements à risque modéré, et le scénario ambitieux sur les 30 départements à risques climatiques et environnementaux plus importants ».
Ainsi, il y aurait 115 000 km de câbles à enfouir, à raison de 20 000 km par an sur une période de 10 ans. Ce plan représente un coût de 9,9 milliards d'euros. Cet objectif d’enfouissement des réseaux avec ce rythme de 20 000 km/an représenterait « environ le double de ce qui a pu être réalisé dans le cadre du plan France THD » . InfraNum alerte enfin sur « l’enjeu de la disponibilité de main-d’œuvre pour mener à bien ces chantiers » qui « pourraient nécessiter entre 2 000 et plus de 5 000 ETP pendant les dix prochaines années ».
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