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Édition du mercredi 27 octobre 2021
Aménagement du territoire

Durant la crise, les centres-villes des communes « Action coeur de ville » ont été plus attrayants et fréquentés que les autres

Bien que la fréquentation piétonne des centres ait chuté dans les villes du programme « Action coeur de ville » entre l'été 2020 et l'été 2021, la proportion de visiteurs extérieurs y a pourtant augmenté. Ils ont été aussi plus attractifs que ceux des autres communes, selon l'Observatoire des mobilités dans les centres-villes.

Par A.W.

Quel a été l’effet du programme « Action cœur de ville »  (ACV) sur les 222 communes bénéficiaires durant la crise sanitaire ? Entre août 2020 et août 2021, il semble plutôt bon, à en croire les premiers résultats de l’observatoire des mobilités dans les centres-villes ACV.

Créé par l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) – avec la société MyTraffic – afin d’évaluer l’impact de ce programme lancé en 2018 pour revitaliser les villes moyennes, il montre que celles-ci ont mieux résistées que les autres cette dernière année. Elles sont même « de plus en plus attractives, tant au sein qu’à l’extérieur de leur territoire », résume en préambule Rollon Mouchel-Blaisot, directeur du programme national Action cœur de ville.

Outre les conséquences de la crise, cet observatoire doit permettre également d’identifier l’impact des actions de réaménagement urbain sur la fréquentation et l’attractivité menées depuis le lancement du programme.  Et cela grâce à trois indicateurs : la fréquentation piétonne, le niveau d'attractivité de ces villes-centres au sein de leurs agglomérations et la provenance des visiteurs extérieurs. Des données comparées aux autres villes moyennes qui ne font pas partie du dispositif « Action cœur de ville ».

Une fréquentation liée aux projets locaux

Comme dans le reste de la France, la fréquentation piétonne (calculée dès lors qu’une personne est restée au minimum 10 minutes par mois dans le centre-ville) des villes du programme a baissé, sous l’effet des confinements et du couvre-feu imposés entre l’été 2020 et l’été 2021. Cependant, celles-ci ont mieux résisté puisqu’elles ont connu un recul de 9 %, contre 13 % dans les autres centres-villes étudiés par l'observatoire.

Alors que l’Île-de-France a été particulièrement impactée par la crise sanitaire en termes de mobilité (avec une baisse moyenne de la fréquentation piétonne de 24 %), l'ANCT constate que « plus on s’éloigne du centre de Paris, plus les tendances s’améliorent ». Les centres-villes ACV les plus éloignés sont ainsi parvenus à maintenir des seuils de fréquentation similaires à l’année passée, contrairement aux centres-villes les plus proches de la capitale (Saint-Michel-sur-Orge, Evry, Corbeil-Essonnes). 

Les centres-villes ACV situés dans des villes côtières ont, eux, particulièrement bien résisté à la crise. On le voit, par exemple, à Bastia qui a connu une hausse de fréquentation de 30 %, tout comme Saint-Malo (+24 %), Lorient (+13 %) ou encore Vannes (+12 %).

« L’importante fréquentation constatée dans les villes ACV est le résultat de leurs projets locaux visant à l’attractivité de leur centre-ville », assurent les auteurs de l’observatoire, qui citent la réalisation d’un schéma directeur piéton (à Chambéry), la mise en place d’une navette électrique de centre-ville (à Limoges) ou encore « une attention particulière sur des projets de logistique urbaine en centre-ville et d’accessibilité cyclable »  (à Pau).

Pour attirer, améliorer l’offre de logement

Plus globalement, le taux d’attractivité a été deux fois plus élevé (85 %) au sein de l’EPCI que dans les villes hors programme (41 %). Dans les faits, cela signifie que 85 % des habitants de l’EPCI se sont rendus au moins une fois par mois dans le centre de la ville principale. Des « résultats positifs et encourageants, notamment sur cette année qui a fortement contraint les dynamiques de flux », estime Rollon Mouchel-Blaisot.

Parmi les villes du programme, 132 ont ainsi eu un taux d’attractivité supérieur à 90 % dont 11 villes ayant même eu un taux d’attractivité de 96 %. Et si les centres-villes de la région parisienne ont connu des taux d’attractivité « plus modérés »  c’est le fait de la proximité avec Paris. Ce qui n’a pas empêché certaines villes d’avoir un taux d’attractivité très élevé, comme Sartrouville qui a touché en moyenne 96 % des habitants de son EPCI entre septembre 2020 et août 2021.

« La dynamique de certaines de ces villes ACV se retrouve également dans l’étude de l’évolution du marché immobilier dans les villes ACV », note l’ANC qui perçoit « une corrélation pour certaines villes entre attractivité de flux et dynamisme des ventes immobilières ». En effet, explique l’agence, « plusieurs des villes présentant un important niveau d’attractivité au sein de leur EPCI, démontrent également une dynamique importante, allant jusqu'à + 100 % en termes de volume de vente dans leur centre-ville de 2018 à 2020 (Évreux, Moulins, Autun, Fécamp, Argentan, Roanne…) ».

De plus, « avec une offre de logement de meilleure qualité, les villes ACV attirent davantage de population en centre-ville », explique l’ANCT, rappelant que l’amélioration de l’offre de logements en centre-ville est l’un des axes du programme.

Plus de visiteurs extérieurs 

Par ailleurs, les auteurs de l’observatoire constatent que « les centres-villes ACV se distinguent par une provenance extérieure très intéressante ». La part de visiteurs extérieurs à la commune a augmenté dans le centre des villes ACV (+2,8 points) en août 2021 alors que celle observée dans les centres-villes hors ACV a baissé (-0,5 point).

Cette proportion a été la plus importante dans les régions des Hauts-de-France, de Bretagne, d’Île-de-France et de Normandie alors que la hausse de la part de visiteurs extérieurs a augmenté de 2 points, en moyenne, sur les villes côtières.

Outre le poids de la taille géographique des communes, « la proximité de grands axes de circulation à la fois des marchandises et des actifs explique pour partie cette situation mais, plus encore, la présence de grands sites patrimoniaux, d’équipements culturels, touristiques et commerciaux », explique l’ANCT.
 

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