Édition du mardi 13 juin 2006
Les acquisitions immobilières des urbains en milieu rural perturbent les équilibres entre les fonctions productives et résidentielles des espaces ruraux
Les chiffres enregistrés par l'ensemble des sociétés anonymes de financement, détudes et de réalisations immobilières (SAFERI) en 2005 confirment que le marché foncier rural français connaît une profonde mutation.
En effet, indique un communiqué de la Fédération nationale des SAFER, si, jusqu'à présent, les prix moyens dépendaient seulement des «fondamentaux agricoles», il n'en est plus de même aujourd'hui. «Désormais, la tendance haussière qui s'affirme depuis près de dix ans s'explique clairement par l'influence de plus en plus prégnante des achats des urbains en milieu rural. La hausse des prix freine l'installation des agriculteurs, notamment parmi les plus jeunes. Elle complique les stratégies des collectivités locales, en matière d'aménagement et de logement par exemple. Cette évolution perturbe les équilibres entre les fonctions productives et résidentielles des espaces ruraux.»
Le rapport annuel des SAFERI sur l'état du marché rural en 2005 montre que les acquisitions de résidences principales et secondaires se sont amplifiées depuis 1997 et ont concerné les régions les plus excentrées. Elles amorcent, en 2005, un repli vers les zones périurbaines et les pôles ruraux, avec un rajeunissement des acquéreurs.
Sur la base d'éléments chiffrés et d'analyses approfondies, cette étude aide élus, collectivités territoriales et aménageurs à mieux saisir les enjeux, à réfléchir sur le devenir des espaces et à prendre les mesures les plus pertinentes pour gérer durablement le patrimoine foncier.
Pour André Thévenot, président de la Fédération nationale des SAFER : «Les chiffres 2005 confirment la grande désorganisation des marchés fonciers; chaque acheteur a sa logique: collectivité, agriculteur, urbain... mais force est de constater que ce sont les urbains qui finissent par l'emporter, et leur logique du tout résidentiel est fort peu compatible avec la maintien d'une agriculture dynamique capable d'assurer demain notre indépendance alimentaire et énergétique. Elle bouleverse ainsi profondément nos équilibres territoriaux et paysagers. Il faudra bien se pencher plus globalement sur ce dossier.»
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