Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 1er octobre 2025
Aménagement numérique du territoire

Aménagement du territoire : quels besoins pour la couverture mobile de demain ?

À l'occasion de sa conférence annuelle Territoires connectés qui s'est tenue hier, l'Arcep a réuni les acteurs de l'aménagement numérique des territoires. Un bilan de la couverture mobile dans les territoires a été dressé.

Par Lucile Bonnin

Le déploiement des réseaux mobiles continue – rythmé par de nombreux chantiers de modernisation à l’instar du développement de la 5G – et plusieurs défis sont encore à relever pour couvrir tous les territoires et permettre à tous les citoyens d’accéder à une connectivité mobile de qualité.

Encore 5,9 millions d'utilisateurs des réseaux 2G/3G

Les réseaux 2G et 3G vont disparaître progressivement entre 2026 et 2029 et il s’agit de ne pas manquer ce virage. La disparition de ces réseaux constitue en effet « un challenge »  pour la filière qui doit « veiller à la migration des équipements non compatibles » , comme l’a rappelé hier la présidente de l’Arcep, Laure de La Raudière.

Certains équipements fonctionnent encore exclusivement sur les réseaux 2G et 3G, comme les systèmes d’alarme connectés et de télésurveillance, les systèmes de téléassistance aux personnes, les systèmes de pilotage du chauffage, les interphones et visiophones connectés ou encore certains dispositifs médicaux (lire Maire info du 10 septembre). 

Selon l’Arcep, au deuxième trimestre 2025, 5,9 millions de cartes SIM étaient ainsi toujours actives dans des équipements exclusivement compatibles 2G ou 2G/3G en métropole. La présidente a rappelé hier l’importance de mettre en œuvre des actions pour sensibiliser les citoyens à ce changement et proposer des offres adaptées. Parmi elles, 2,7 millions sont dans des téléphones de particuliers.

Seulement, la réunion d’hier a été l’occasion pour beaucoup – aussi bien élus qu’industriels – de regretter l’absence de portage politique sur les nombreux sujets liés au numérique allant de cette extinction de la 2G/3G, au développement de l’intelligence artificielle dans les territoires jusqu’à la question de la couverture mobile. 

Couverture ciblée : près de 1 400 sites encore à déployer

La couverture mobile s’est sensiblement améliorée depuis le lancement du New deal mobile que Michel Sauvade, maire de Marsac-en-Livradois et co-président de la commission numérique de l’AMF, n’hésite pas à qualifier de « grand succès »  collectif. « Jamais autant n’aura été fait pour les territoires ruraux en termes de connectivité mobile » , a estimé Zacharia Alahyane, membre du collège de l'Arcep.

Conclu en janvier 2018 entre le gouvernement, l’Arcep et les quatre opérateurs mobiles, le New deal mobile vise la généralisation d’une « couverture mobile de qualité pour tous legs Français, où qu’ils habitent » . Au sein de cet accord, le dispositif de couverture ciblée prévoit notamment la couverture de 5 000 zones d'ici 2027 par chacun des quatre opérateurs de réseau mobile : Bouygues Telecom, Free Mobile, Orange et SFR pour éradiquer les zones blanches. 

« Aujourd’hui, plus de 3 800 sites ont été mis en service et plus de 99,7 % des Français qui bénéficient d’une bonne couverture », indique Franck Tarrier, directeur mobile et innovation à l’Arcep. « La France est un des pays d’Europe les plus densément couverts notamment grâce au New deal mobile même s’il reste encore environ 1 400 sites à déployer et que les obligations des opérateurs courent jusqu’à la fin de la décennie », a ajouté la secrétaire générale de Bouygues Telecom, Juliette Lallemand. Malgré ces bons résultats, les élus attendent le bilan de ce New deal mobile. « La demande semble avoir été entendue par l’État » , a indiqué Michel Sauvade. 

Rappelons que l’Arcep a mis en ligne une nouvelle version de l'outil cartographique « Mon réseau mobile »  et qu’un module dédié aux zones qui restent à couvrir dans le cadre du New deal mobile a notamment été ajouté (lire Maire info du 17 juillet). 

Difficultés sur les routes et dans les trains 

Ce succès du New deal mobile « amène les élus à être beaucoup plus exigeants en termes de couverture car la frustration augmente avec la réduction des inégalités »  liées à la connectivité mobile, comme l’observe le maire de Marsac-en-Livradois. Il reste des zones blanches et certains élus ont fait part à l’AMF « de ruptures de communication sur la téléphonie » . Du côté des opérateurs on reconnaît qu’il « reste des obstacles dans certaines zones classées ou littorales avec des délais de raccordements électriques longs et complexes », comme le souligne Juliette Lallemand. 

Le New Deal mobile oblige aussi la couverture en voix, SMS et très haut débit mobile (4G) d’axes routiers prioritaires. Cette couverture apparaît aujourd’hui comme trop « restrictive »  selon les associations d’élus. « Il faut prendre en compte les déplacements du quotidien », interpelle Michel Sauvade. La connectivité mobile à bord des trains a aussi été pointée du doigt. Hacene Lahreche, directeur connectivité à la Direction numérique du groupe SNCF explique que si le wifi relève de la responsabilité du groupe, le réseau mobile à l’intérieur des trains dépend des connectivités en bord de voie. Sur le réseau ferré régional, qui s’étend sur 23 000 km, les opérateurs ont l’obligation de couvrir, en très haut débit mobile (4G), 90 % des trains du quotidien d’ici au 31 décembre 2025, afin notamment de permettre l’utilisation du wifi à bord des trains. Une échéance qui ne sera visiblement pas tenue – mais on assure, du côté de Bouygues, qu’en 2030 90 % de ces trains seront couverts.

Enfin, la résilience des réseaux mobiles apparait également comme une priorité dans un contexte de multiplication des évènements climatiques extrêmes. Lors de la tempête Ciaran du 1er novembre 2023, Bouygues a constaté que la grande majorité des sites indisponibles l’étaient en raison de la pénurie d’électricité. Certains opérateurs souhaitent ainsi classer les infrastructures numériques comme délivrant un besoin essentiel, ce qui leur permettrait de bénéficier, à ce titre, d’un maintien de service prioritaire en cas de délestages sur les réseaux électriques.

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