Édition du mardi 18 mars 2008
Avenir d'un «Grand Paris»: le Centre d'analyse stratégique retient deux pistes venues d'Espagne, d'Allemagne et de Grande-Bretagne
Au moment où le débat resurgit sur lavenir dun «Grand Paris», le Centre danalyse stratégique (CAS, ex-Commissariat du plan) souligne dans sa dernière note de veille (1) que les capitales ne sont pas des villes comme les autres. «Symboles de lunité dun pays, centres de lactivité diplomatique, elles se trouvent au coeur dune tension entre lintérêt local et lintérêt national. Létude des règles applicables à certaines villes-capitales étrangères (Berlin, Bruxelles, Londres, Madrid et Washington), si elle ne permet pas de dégager un compromis idéal entre ces intérêts antagonistes, suggère néanmoins quelques pistes dévolution statutaire pour Paris.»
Le CAS rappelle que, dans le cadre du statut actuel, la capitale française est ainsi à la fois une commune et un département «auxquels sont par principe applicables les règles du droit commun. Lalignement de Paris sur le droit commun est cependant encore limité par un certain nombre déléments qui donnent au statut de la capitale française une physionomie particulière, comme les pouvoirs de police municipale qui restent principalement attribués au préfet de police.»
Parmi les pistes dévolution possible du statut de la capitale française, mais aussi des communes et communautés qui lentourent, le CAS en relève deux qui lui semblent «intéressantes».
La première est la transformation de la région Île-de-France en Grand Paris sur le modèle de la communauté autonome de Madrid ou sur celui de la ville-État de Berlin. LÉtat espagnol est fondé sur le principe de lautonomie territoriale: son territoire est ainsi divisé en communes, provinces et communautés autonomes qui «jouissent de lautonomie pour gérer leurs intérêts respectifs». Madrid présente la particularité dêtre une communauté autonome composée dune seule province, dont lune des communes est tout à la fois la capitale de lÉtat, le chef-lieu de la communauté autonome et celui de la province.
De son côté, capitale de lAllemagne réunifiée depuis la loi dite «Berlin-Bonn» du 26 avril 1994, Berlin se présente comme une ville-État ("Stadt-Land") au sein de laquelle les administrations communale et étatique se confondent. Cette formule permet à Berlin de disposer, comme les autres Länder, dune constitution et de pouvoirs législatifs et administratifs étendus. Berlin est ainsi gouverné par une assemblée de 141 membres élus au scrutin proportionnel, qui détient la plupart des pouvoirs législatifs et délibérants. A noter que la constitution de Berlin prévoit une décentralisation territoriale importante avec les districts (Bezirke) qui sont régis par des autorités élues.
La seconde piste dévolution est la création dune structure souple sur le modèle du Grand Londres. Après avoir été longtemps maintenue sous une étroite tutelle de lÉtat, Londres sest vu doter en 1999 dune assemblée élue de 25 membres et dun maire également élu par les citoyens au cours dun vote spécifique. En collaboration avec lassemblée, le maire de Londres est, selon les dispositions de la loi de 1999, chargé délaborer les stratégies métropolitaines dans les domaines suivants: aménagement de lespace, développement économique, transports, protection de lenvironnement, santé, culture, lutte contre lincendie et protection civile. Certaines de ces missions sont confiées à des agences locales comme la London Development Agency ou la Transport for London, dont les responsables sont nommés par le maire et les budgets approuvés par lassemblée. Les autres missions sont directement exercées par le gouvernement du Grand Londres, lorgane formé par le maire de Londres et lassemblée. Il convient néanmoins de préciser quune tutelle financière demeure, dès lors que 80% des ressources du Grand Londres proviennent de subventions de lÉtat central.
(1) N° 93, mars 2008. Pour télécharger la note, voir lien ci-dessous (PDF, 204 Ko).c=http://www.b
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