Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 7 octobre 2020
Catastrophes

Alpes-Maritimes : l'heure de la solidarité

Alors que le président de la République est attendu aujourd’hui dans les vallées des Alpes-Maritimes dévastées par les crues causées par la tempête Alex, les premiers bilans chiffrés des destructions commencent à être faits. Pendant ce temps, la solidarité s’organise. Le gouvernement va déclarer dès ce matin l’état de catastrophe naturelle, et affirme que les collectivités locales ne seront pas « laissées seules »  face à l’ampleur des dégâts.

1,5 milliard d’euros de dégâts ?
C’est en Conseil des ministres, ce matin, que le gouvernement va prononcer l’état de catastrophe naturelle. De premiers chiffres apparaissent sur le montant des sommes à engager pour réparer les zones dévastées – au-delà du bilan humain, qui fait état ce matin de quatre morts, huit disparus et treize « supposés disparus ». Charles-Ange Ginésy, le président du conseil départemental des Alpes-Maritimes, dénombre ce matin un minimum de « 35 kilomètres de routes détruites ». Selon une première estimation qu’il a transmise au ministre de l’Intérieur, le département va devoir dépenser quelque « 850 millions d’euros »  pour réparer « les bâtiments, réseaux d’eau et réseaux routiers »  dont il a la charge.  Le député Éric Ciotti, à l’Assemblée nationale, a lui estimé l’ensemble des dégâts sur les infrastructures à « au moins 1,5 milliard d’euros ». Il a rappelé que sur la seule commune de Saint-Martin-Vésubie, 86 maisons ont été « rayées de la carte ». « Je lance un véritable appel au secours, un appel à la solidarité nationale, a déclaré Éric Ciotti. Nous lançons un appel à l’engagement de la nation en faveur des communes touchées. » 
 Hier, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le Premier ministre s’est engagé à ce que cette « solidarité de la nation »  soit « effective ». Il a rappelé que 550 sapeurs-pompiers départementaux sont à pied d’œuvre, auxquels s’ajoutent 200 sapeurs-pompiers de la région et 200 sapeurs-sauveteurs venus de Brignoles et de Nogent-le-Rotrou, ainsi que «  plus de 500 gendarmes, des militaires, notamment du 1er régiment étranger de génie – chargés de déblayer et d’ouvrir les axes et d’assurer des missions de transport et de secours aux personnes –, et une flotte de treize hélicoptères – quatre hélicoptères lourds des armées, six appareils de la sécurité civile et trois de la gendarmerie ». Autres précisions données par Jean Castex : 12 000 personnes vivent dans les « 55 communes les plus touchées »  et « 1 600 ont été concernées par des opérations de secours ». 700 habitants des vallées sont à ce jour hébergés « dans des hôtels ou des centres d’hébergement ». 
Le Premier ministre a salué « l’engagement des collectivités territoriales », qui « se sont mobilisées avec dévouement et dans un esprit de coordination exemplaire ». Loïc Dombreval, également député des Alpes-Maritimes, a salué « les maires et les élus locaux, extraordinaires ». Il a tenu à poser la question de « l’après », rappelant que les Alpes-Maritimes sont l’un des seuls départements qui soit « exposé à presque tous les risques naturels :   avalanches, feux de forêt, inondations, tempêtes, mouvements de terrain, canicules, séismes, risques littoraux ». En quarante ans, « certaines de ses communes ont été reconnues plus de quarante fois en état de catastrophe naturelle ! », a souligné le député, qui a demandé au gouvernement ce qu’il entendait faire, à plus long terme, pour éviter « une énième catastrophe ». 
Il n’a pas obtenu de réponse à cette dernière question. Le Premier ministre a simplement déclaré que le gouvernement allait « dans les meilleurs délais »  engager les fonds nécessaires à la reconstruction « des infrastructures vitales des collectivités territoriales »  qui ont été détruites. « Il n’est pas question que les collectivités territoriales touchées en supportent seules les conséquences. (…) L’État sera au rendez-vous. » 

Solidarité des habitants et des élus
En attendant, la solidarité continue de s’organiser au niveau local et national. Les habitants des zones épargnées du département continuent d’affluer dans les centres de collecte pour donner vêtements, eau, nourriture, produits d’hygiène. Des dizaines de groupes Facebook ont vu le jour pour organiser concrètement, entre habitants, les actions de solidarité, allant des dons aux propositions d’hébergement. Hier – exemple entre mille autres – les boulangers du département ont fait parvenir 5 000 baguettes aux habitants sinistrés, acheminées par l’armée. 
Côtés communes, beaucoup d’entre elles ont déjà voté des délibérations pour envoyer des dons ; d’autres ont installé des urnes en mairie pour recueillir les dons des habitants. Plusieurs associations départementales de maires ont lancé des appels à la solidarité aux maires de leur département. C’est le cas de Ludovic Rochette et François Rebsamen, par exemple, dirigeants de l’AD des maires de la Côte-d’Or, qui ont rappelé hier que « la solidarité des élus n’est plus à démontrer et que les élus des communes en détresse savent qu’ils peuvent compter sur leurs collègues à travers la France entière ». Même appel de Nicolas Rubin, président des maires de Haute-Savoie, qui expliquait hier avoir été « sollicité par de nombreux maires (…) pour tenter d’apporter des solutions d’urgence à la population ».
Rappelons que l’association départementale des maires des Alpes-Maritimes se charge de collecter et de redistribuer les dons des communes. Cette association a publié un communiqué commun avec l’association départementale des maires ruraux, hier, pour saluer « les nombreux messages de solidarité parvenus de toute la France », et remercier les maires pour « cet élan fraternel (qui) apporte un peu de réconfort aux maires des communes sinistrées et à leurs administrés qui ont tout perdu ». Les associations rappellent par ailleurs que, outre les dons en argent, des « dons matériels »  sont également nécessaires. Il est conseillé, pour cela, de se rapprocher de la directrice de l’association départementale, Julia Guichard, à l’adresse mail jguichard@maireinfo06.fr

Le conseil général des Alpes-Maritimes a lui aussi lancé un appel aux dons (coordonnées ci-dessous).

Franck Lemarc

Compte dédié de l’AD des maires des Alpes-Maritimes, pour verser des dons :
FR76 1910 6006 3600 7703 9601 842 / Code BIC AGRIFRPP891
(n° de SIRET : 483 387 288 00010)
Référence à rappeler : « Solidarité sinistrés tempête Alex » 

Accéder à la page d'appel aux dons du conseil départemental des Alpes-Maritimes.

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