L'UNA demande « un plan Marshall » pour le médico-social
Par Emmanuelle Stroesser
Les professionnels de l'aide à domicile redoutent « l'été de tous les dangers ». « Nous sommes plus que dans le mur », alerte la présidente de la fédération UNA de services à domicile, associatifs et publics. Rejetant toute accusation de catastrophisme, Marie-Reine Tillon décrit des services exsangues, obligés de refuser des prises en charge. « En 2021, nous disions qu'à défaut de recrutement, nous serions dans l'obligation d'hospitaliser des personnes suivies par un service infirmier de soins à domicile. Cette année, plus rien n'est possible », lance-t-elle. Le constat dépasse le seul secteur de l'aide à domicile : face « à l'effondrement du sanitaire et du médico-social », l'UNA demande « un plan Marshall », avec « des mesures urgentes et d'autres de moyen termes ». « Nous voulons des décisions rapides même si la mise en œuvre peut, elle, justifier que l'on prenne plus de temps », précise-t-elle. Le secteur de l'aide à domicile ne veut « plus de nouveaux rapports ». « Il suffit de sortir tous ceux qui dorment dans des armoires » et qui « donnent de quoi alimenter largement les textes pour une loi autonomie », ironise Marie-Reine Tillon.
Les demandes de l’UNA
L' UNA espère un prochain rendez-vous avec le nouveau ministre des Solidarités pour lui faire part de ses propositions. Le profil médico-social de Jean-Christophe Combe laisse penser qu'il « ne sera pas sans comprendre l'urgence des besoins », veut croire Marie-Reine Tillon.
L'UNA demande une conférence réunissant l'ensemble des acteurs « pour travailler à une reconstruction du système ». Et travailler à celle portant sur l'autonomie (ou la grande dépendance). « Nous ne pouvons pas attendre la réforme des retraites pour faire la réforme de l'autonomie comme le souhaite le président de la République », prévient Marie-Reine Tillon. « Il est temps de comprendre que notre secteur n'est pas une dépense mais un investissement ».
À plus court terme, l'UNA revendique un volet spécifique dans le projet de loi sur le pouvoir d'achat pour le personnel à domicile « qui n'a d'autre choix que de prendre son véhicule pour aller d'une personne accompagnée à une autre ». Plus précisément, l'UNA demande une prime spécifique versée directement aux services (qui remboursent les aides à domicile de leurs frais). Cette prime n'empêchant pas de réviser ce système, « car il y a des salariés qui refusent une intervention au motif qu'elle est trop éloignée voire démissionnent s'ils y perdent de l'argent ». Cela pourrait s'accompagner d'une réflexion à l'échelle des collectivités locales pour faire bénéficier aux aides à domicile d'une carte de stationnement ou de tarifs adaptés dans les transports en commun.
Les pistes européennes
Lors de son assemblée générale, l'UNA a consacré une table ronde sur l'aide à domicile dans les pays européens, notamment la Suède. La comparaison démontre « qu'il n'y a pas de pays plus vertueux même si les pays nordiques ont une longueur d'avance, car les personnes choisissent véritablement le lieu où elles veulent vivre et les moyens sont adaptés en conséquence », souligne Marie-Reine Tillon.
L'UNA appelle également ses adhérents à ne pas négliger les sources de financement européens. Leader, Feder, FSE, etc. Et de se manifester auprès des régions pour que leurs services ne soient pas oubliés dans les programmations. « Le Feder peut par exemple financier des véhicules électriques, dans le volet transition énergétique, ce sont des opportunités à saisir », conclut la présidente.
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