Depuis la crise sanitaire, les études tendent à montrer que les bénéficiaires de l’aide alimentaire constituent de plus en plus un public très hétérogène. La conjoncture actuelle fragilise d’autant plus les ménages déjà touchés par la précarité.

Afin d’établir le profil sociodémographique des personnes accompagnées dans les 79 banques alimentaires en France et ses 31 antennes, le réseau des Banques alimentaires réalise « depuis 2012 l’étude « Profils », menée tous les deux ans auprès des Centres communaux d’action sociale (CCAS) et d’autres associations partenaires du réseau. » 

L’étude a été menée du 29 septembre au 15 novembre 2022 et révèle que « le recours à l’aide alimentaire touche désormais de nouveaux profils. » 

De plus en plus de besoins 

L’aide alimentaire devient de plus en plus indispensable. La preuve en est apportée par ces chiffres : en 2011, les Banques alimentaires accueillaient 820 000 personnes ; en 2022, elles en ont accueilli 2,4 millions, soit trois fois plus de personnes en 10 ans. 

Plus d’un tiers des personnes qui ont eu recours à l’aide alimentaire en 2022 en font la demande depuis moins de 6 mois (+ 3 % par rapport à 2020). La fréquence du recours à l’aide alimentaire augmente : « près de 6 personnes sur dix y ont recours une à deux fois par semaine, une hausse de 6 % par rapport à 2020. » 

L’étude indique également que « dans ce contexte, l’aide alimentaire est jugée « essentielle par les deux tiers des personnes interrogées, en progression de 15 points depuis 2020. » 

Les travailleurs pauvres

De nouveaux profils ont recours de plus en plus souvent à l’aide alimentaire. Les Banques alimentaires ont continué d’accompagner les publics les plus fragiles « en situation sociale fragile »  dont 94 % sont sous le seuil de pauvreté, près de la moitié habitant un HLM et près de la moitié vivant de minima sociaux. 

Mais d’autres populations « aux profils de plus en plus différenciés ont désormais recours à l’aide alimentaire. »  Parmi ces nouvelles populations, de plus en plus ont un emploi – même si la perte d’emploi reste la cause principale du recours à l’aide alimentaire.

Les auteurs de l’étude soulèvent que « la précarité n’épargne pas ceux qui ont un emploi et que l’on peut qualifier de " travailleurs pauvres ", qui sont de plus en plus nombreux. »  En effet, les deux tiers des personnes accueillies par les banques alimentaires ont des contrats à temps partiel. 

Plus surprenant encore, le phénomène de précarisation touche aussi les personnes en CDI. Pas moins de 60 % des personnes accueillies ont un emploi en CDI (en hausse de quatre points depuis 2020) – majoritairement à temps partiel. C’est une preuve que « leurs revenus sont insuffisants pour subvenir à l’ensemble de leurs besoins alimentaires. » 

Hausse de l’inflation en février 

Cette tendance risque de s’accentuer avec l’inflation qui est en hausse de 6,2 % sur un an en février, selon l’Insee. Cette augmentation s’explique selon les statisticiens par « l'accélération des prix de l'alimentation et des services » . L’inflation alimentaire représente à elle seule une augmentation de 14,5 % alors qu’elle était de 13,3 % en janvier. 

Alors que les négociations commerciales entre industriels et distributeurs se terminent demain, de nouvelles hausse dans les supermarchés semblent être inévitables. Interrogé ce matin sur Franceinfo, Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution, prédit une hausse globale des prix de 10 % sur de nombreux produits du quotidien, qu’ils soient alimentaires ou non. D’ailleurs, depuis 2021, les Banques alimentaires organisent d’ailleurs aussi la distribution de produits non alimentaires.

Télécharger l'enquête. 
 

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