Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 17 octobre 2022
Administration

Les secrétaires de mairie, des cadres dirigeants à part entière

Dans le cadre de ses Assises nationales à Bordeaux (13-15 octobre 2022), le Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales (SNDGCT) a invité les « couteaux suisses » des communes et leur a consacré un atelier. Objectif : trouver des solutions, avec les élus, pour recruter.

Par Bénédicte Rallu, à Bordeaux

C’est la première fois aux Assises nationales du Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales (SNDGCT) que les secrétaires de mairie focalisent autant l’attention. Au niveau local, bien souvent directeurs généraux des services et secrétaires de mairies se réunissent pour échanger sur leurs problématiques communes. Au niveau national, le SNDGCT comprend dans ses rangs des secrétaires de mairie. Mais l’édition 2022 du rendez-vous annuel des cadres dirigeants des collectivités (Territorialis 2022) marque sans doute une étape supplémentaire dans le rapprochement. 

Fonction de direction

« Les secrétaires de mairie sont des cadres dirigeants », rappelait, cet été, à Maires de France, le président sortant du syndicat, Stéphane Pintre (le DGS d’Antibes quitte ses fonctions pour laisser la place à Hélène Guillet, DGS du centre de gestion de Loire-Atlantique). La nouvelle présidente souhaite d’ailleurs mener le SNDGCT à travers « le prisme de la fonction de direction des collectivités », nous a-t-elle confié. « Peu importe la taille de la collectivité, le territoire. Ce qui compte, c’est vraiment la fonction de direction générale ». 

Les collectivités et leurs établissements publics ne peuvent recruter un DGS qu’à partir de 2 000 habitants. Mais qu’est-ce qui différencie réellement les fonctions d’une secrétaire de mairie d’une commune de 1 999 habitants d’un DGS d’une commune de 2 001 habitants ? Pas grand-chose. 

Autre point commun : les difficultés de recrutement. Les secrétaires de mairie sont le premier métier en tension dans la fonction publique territoriale (FPT) selon le dernier panorama des centres de gestion. Les postes de DGS aussi rencontrent des problèmes d’attractivité et figurent parmi les métiers en tension. 

Et puis, il est logique que « le SNDGCT s’interroge sur l’avenir des métiers et sur l’attractivité de la FPT », a indiqué Élodie Kuchcinski, DGS de Vendin-le-Vieil (8 000 habitants, Pas-de-Calais), en préambule de l’atelier sur les secrétaires de mairie. Cet atelier a été astucieusement intitulé « Secrétaire de mairie, que deviens-tu ? »  en écho à l’atelier d’une édition précédente de Territorialis consacré aux DGS et lui aussi intitulé «DGS, que deviens-tu ? ». Ce clin d’œil revêt tout un symbole en réunissant secrétaires de mairie et DGS dans la même dénomination de cadres dirigeants.

Mur de départs

« Nous avons un mur de départs devant nous. Cela va être comme un tsunami », craint Bertrand Plantevin, DGS de l’intercommunalité Pays de Lure (24 communes, 19 600 habitants, Haute-Saône). Le monde territorial en a pris conscience : élus, DGS, centres de gestion, gouvernement, Sénat, tous se penchent sur la question des secrétaires de mairie. 

Après un premier colloque organisé en septembre dernier, l’atelier de Territorialis 2022 avait donc été conçu comme une nouvelle étape dans ce travail de réflexion autour du métier de secrétaires de mairie. Étaient présents les élus, à travers Sylvie Brisson, maire d’Yvrac (2800 habitants, Gironde), l'Association des maires de Gironde, des secrétaires de mairie, venues en nombre aux assises, des DGS et les centres de gestion, premiers interlocuteurs des élus des petites communes pour leur politique de ressources humaines. « Les secrétaires de mairies sont vitales pour les communes », a martelé Sylvie Brisson, qui a exprimé son respect et sa reconnaissance pour ces « chevilles ouvrières », « véritables couteaux suisses »  et « mémoire »  des communes. 

Formation

Parmi toutes les propositions faites de part et d’autres (rappel des 26 propositions de l’AMF, de celles du SNDGCT, du rapport sur l’attractivité dans la FPT, propositions de revalorisation de la rémunération, classification de ces agents au minimum dans la catégorie B de la FPT, changement de dénomination…), un élément a illustré les attentes des secrétaires de mairie (et aussi des DGS), résumé par une secrétaire de mairie présente dans la salle : « Pourquoi ne pas mettre en place une formation obligatoire des maires quand ils prennent leur fonction d’élu ? ».

Une proposition appuyée par Sylvie Brisson, elle-même : « Lorsque j’envoie un agent en formation, je demande aussi aux élus d’y aller avec eux de façon à former des binômes ». En effet, les secrétaires de mairie ont besoin d’avoir un élu le plus possible connaisseur des problématiques territoriales. Faute de quoi, cela complique le dialogue, la gestion de la collectivité et donc les conditions de travail de ces agents indispensables. 

Autre difficulté, beaucoup de maires ne parviennent pas toujours à laisser leur secrétaire de mairie partir en formation. Or elles ont besoin d’accéder à la formation continue tout au long de leur carrière pour rester compétentes dans des domaines aussi complexes que l’état civil, l’urbanisme, les marchés publics… La première problématique à résoudre sur ce métier en tension serait donc de donner envie aux secrétaires de mairies de rester, avant de songer à aller en recruter, ont fait remarquer les participants à cet atelier. 

Le message sera-t-il entendu par les élus ? Éléments de réponse au prochain Congrès des maires (22-24 novembre), lors duquel un forum sera consacré aux secrétaires de mairie.

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