Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 28 novembre 2008
Précarité

Hébergement des SDF: Christine Boutin compte bien amener jusqu'au Parlement son projet de loi sur l'hébergement obligatoire des sans-abri en période de grand froid (en dessous de -6 °C)

Christine Boutin, ministre du Logement, est revenue jeudi matin sur ses propos sur l'hébergement obligatoire des SDF, qui avaient suscité l'indignation des associations mercredi. Rappelant qu'il s'agissait d'une «réflexion» à mener, elle a indiqué que «ce n'est pas parce qu'on lance une réflexion que les choses se feront». Malgré ces précisions, la ministre ne désarme pas: elle a précisé hier qu'elle comptait bien amener jusqu'au Parlement son projet de loi sur l'hébergement obligatoire des sans-abri en période de grand froid (en dessous de -6 °C). Interrogé hier jeudi sur le sujet en marge d'un déplacement, le Premier ministre a, lui, tenté de dégonfler la polémique. «Pas question d'obliger» les sans-abri à dormir dans des foyers d'urgence en cas de grand froid, a assuré François Fillon. «J'ai un profond respect pour la liberté de chacun», a affirmé le Premier ministre, en nuançant: «La non-assistance à personne en danger c'est une faute, et c'est une faute qu'un gouvernement ne peut pas accepter». C'est pourquoi, pour le chef du gouvernement, il faut avant tout et «par tous les moyens, convaincre ceux qui sont en danger de mort de rejoindre les centres d'hébergement, ce que, jusqu'à aujourd'hui, ils refusent». Il entend par là que «quand il y a un danger vital pour le SDF, la protection de la vie humaine prime sur toute autre considération», a précisé Matignon, selon lefigaro.fr. Les Enfants de Don Quichotte, Médecins du Monde, Droit au logement (DAL) et de nombreuses associations qui travaillent auprès des gens de la rue ont stigmatisé le risque d'une telle mesure. Parallèlement, une polémique est née entre le Sénat et la ministre du Logement. Dans un communiqué publié hier, Dominique Braye, sénateur UMP des Yvelines, rapporteur de la commission des affaires économiques sur le projet de loi de mobilisation pour le logement et la lutte contre l'exclusion discuté au Sénat au début du mois d'octobre dernier, s’est «inscrit en faux contre les déclarations de la ministre du Logement» selon lesquelles le Sénat se serait opposé à «l'humanisation des centres d'hébergement». Selon le sénateur, «laisser ainsi supposer que le Sénat serait hostile à l'amélioration des conditions d'accueil des personnes les plus fragilisées est en effet une affirmation grave qui ne correspond absolument pas à la réalité des faits.» Il rappelle qu’à l'occasion de la discussion du projet de loi défendu par la ministre, le Sénat avait été saisi d'un amendement du Gouvernement tendant à transférer de l'Etat vers l'Agence nationale de l'habitat (ANAH) la mission de financer les travaux d'amélioration des centres d'accueil des personnes sans domicile. «Tous les sénateurs participant à ce débat, indique Dominique Braye, avaient alors indiqué partager pleinement l'objectif poursuivi par le Gouvernement avec cette proposition. Toutefois, dans le même temps, ils avaient fait valoir qu'au regard des éléments d'information donnés par la Ministre, rien ne garantissait que l'ANAH disposerait de crédits supplémentaires pour remplir cette mission, qui, dès lors, aurait été assumée au détriment de ses missions actuelles.» Le groupe UMP du Sénat s'était finalement rallié à cet amendement. Ce soutien n'avait toutefois pas été suffisant dans la mesure où les explications de la ministre n'avaient pas convaincu l'ensemble des groupes politiques. «C'est donc bien en raison d'un manque de garanties apportées par la ministre qu'une majorité de sénateurs s'est finalement prononcée contre un tel transfert de compétences, jugeant qu'en l'état des financements prévus pour l'ANAH en 2009, il était préférable que l'Etat conserve la responsabilité d'améliorer la qualité des conditions d'accueil des personnes sans domicile.» (Avec AFP)

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