Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 3 octobre 2023
Sécurité

Emmanuel Macron annonce la création de 238 nouvelles brigades de gendarmerie

C'est lors d'un déplacement hier dans le Lot-et-Garonne qu'Emmanuel Macron a annoncé la création de 238 futures brigades de gendarmerie en zone rurale ou périurbaine. Le but : doubler la présence des policiers et gendarmes sur la voie publique dans les dix prochaines années.

Par Lucile Bonnin

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C’était une promesse de campagne du président de la République mais aussi une annonce qui était très attendue du côté des élus locaux. Prévue par la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (Lopmi) du 24 janvier 2023, la création de 200 brigades en milieu rural et périurbain n’avait pas encore été détaillée par le chef de l’État. 

C’est désormais chose faite. Hier, à l’occasion de l’inauguration d’une nouvelle caserne de gendarmerie dans la commune de Tonneins dans Lot-et-Garonne, Emmanuel Macron a détaillé la « déclinaison concrète »  de cette mesure qui répond « au besoin de notre pays tout entier et de nos territoires plus particulièrement » . Au total, la création de 238 brigades a été annoncée. 

145 brigades mobiles 

D’abord, Emmanuel Macron a indiqué qu’il y aurait « 3 500 gendarmes en plus dans les années qui viennent »  rappelant au passage que le gouvernement avait déjà recréé 10 000 postes de policiers et gendarmes entre 2017 et 2022. 

À l’avenir, « on aura 238 brigades de gendarmerie nouvelles qui vont se déployer dans les années qui viennent »  dont 93 fixes et 145 mobiles. 

Concrètement, de nouveaux effectifs vont être déployés dans tous les départements alors qu’aujourd’hui « beaucoup de citoyens disent ne plus voir nos gendarmes »  dans les territoires. Les brigades mobiles, selon le chef de l’État, vont permettre de « simplifier la vie des gens ». En effet, il faut faire la distinction entre les brigades fixes et mobiles car la différence est tout de même significative. 

D’un côté, les brigades fixes (10 effectifs en moyenne) assurent « l’intégralité des missions de la gendarmerie (prévenir, renseigner, intervenir, enquêter) sur une circonscription propre » . Elles seront installées dans une gendarmerie – restant à construire dans la plupart des cas. De l’autre, les brigades mobiles (6 effectifs en moyenne) ont vocation à « prolonger l’action de la gendarmerie sur un territoire identifié. Elles seront mises en place dans des secteurs nécessitant une présence accrue, soit en assurant un accueil régulier dans un ou des tiers-lieux pouvant héberger d’autres services publics (les espaces France Service par exemple), soit en assurant une présence et un accueil temporaire depuis un poste mobile avancé (véhicule adapté) au plus près des usagers ». Interrogé par un journaliste de France télévision, le président a assuré que les dépôts de plainte peuvent se faire facilement dans ces « camionnettes aménagées ». 

« Il y a urgence » 

Les deux tiers des futures brigades promises par le gouvernement seront donc mobiles. Interrogé au micro de France info ce matin, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a justifié ce choix en expliquant que « la délinquance est itinérante » . Il a pris l’exemple de la Guyane et de l’Oyapock et du Maroni en indiquant que « garder la sécurité de la Guyane avec des brigades fixes qui ne s’occuperaient pas de la délinquance autour des fleuves »  ne serait pas efficace. Il a ensuite cité Le Touquet et Deauville qui ont désormais des brigades mobiles équestres ainsi que les Landes qui ont aussi des brigades mobiles pour lutter contre les feux de forêt. « Il faut les deux et c’est le travail que nous faisons avec les élus », a indiqué le ministre qui a rappelé que « le rôle de l’État est de garantir la sécurité, ce n’est pas le rôle du maire ». Il constate enfin que « plus il y a de bleus sur le terrain, moins il y a d’insécurité ». 

Pour André Laignel, maire d’Issoudun et vice-président de l’Association des maires de France, « il y a urgence car il faut rappeler que plus de 500 gendarmeries ont été supprimées, il y a une quinzaine d'années, essentiellement du temps de Monsieur Sarkozy » . Au micro de France info, il a ajouté que cette suppression « a conduit à ce qu'il y ait beaucoup de difficultés avec des brigades qui couvrent des territoires très grands ce qui fait que le temps de réaction est très insuffisant par rapport à l'urgence que peut représenter l'intervention de la gendarmerie » . Cette annonce va donc dans le bon sens pour l’AMF. 

Néanmoins, le maire d’Issoudun estime que ces annonces sont insuffisantes face à la montée de la délinquance en milieu rural. « Ce sont 500 gendarmeries qui ont été supprimées et là c'est moins de 100 qui vont être rétablies, l'autre partie étant des brigades mobiles, a-t-il déploré, encore faudrait-il vérifier que ces brigades mobiles sont bien des brigades nouvelles, avec des effectifs nouveaux parce qu'il y a déjà dans la plupart des départements ruraux, des brigades mobiles qui vont au coup par coup sur telle ou telle partie du territoire » . Enfin, le vice-président de l’AMF s’interroge sur le calendrier : « On nous annonce que tout cela s'étalera jusqu'en 2027, il faudra vérifier à quel rythme réel tout cela est mis en place ». Selon le ministère de l’Intérieur, « les premières brigades ouvriront leurs portes à la fin de l’année 2023 ». 
 

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