Présidentielle : Territoires unis plaide en faveur des libertés locales
Par Lucile Bonnin
Régénérer la République par les territoires : tel est le leitmotiv des associations d'élus. Rassemblées au sein de Territoires unis depuis septembre 2018, l’association des maires de France (AMF), des départements de France (ADF) et des régions de France (ARF), ont détaillé, lors d’une conférence de presse, l'organisation du "grand oral" des candidats le 15 mars prochain à Montrouge (92).
La date de cette annonce, le 2 mars, n’est pas dénuée de symbolique. Ce même jour, en 1982, les collectivités locales ont connu un changement majeur avec la promulgation de la loi relative aux droits et libertés des communes, des départements et des régions dite loi Defferre. 40 ans après, le sujet reste la préoccupation première des élus. « Notre volonté de présidents d’associations qui représentent les collectivités territoriales est d’essayer de participer, de contribuer, à ce que l’élection présidentielle soit le grand rendez-vous démocratique dont le pays a besoin » , a déclaré en préambule David Lisnard, président de l’AMF.
Un contexte marqué par la guerre
David Lisnard, Carole Delga, présidente de l’Association des régions de France, François Sauvadet, président de l’assemblée des départements de France et André Laignel, premier vice-président délégué de l’AMF ont commencé par évoquer le contexte géopolitique inquiétant avec la guerre en Ukraine.
« Nous sommes tous, élus locaux, mobilisés » , explique Carole Delga. Elle rappelle les nombreux bouleversements qu’ont pu connaître les citoyens ces dernières années avec le réchauffement climatique, la crise sociale, la pandémie mondiale, « et aujourd’hui sur le sol européen : la guerre. » Ainsi, il a été rappelé que les élus sont particulièrement impliqués pour aider les premiers réfugiés qui arrivent dans les communes.
Car, et c’est bien là que réside le cœur du sujet, « ce sont les maires qui sont en première ligne sur le terrain » , comme le rappelle la présidente des Régions de France. La priorité est de « soutenir et protéger ces populations » ajoute le président de l’assemblée des départements de France qui constate « un vrai élan de mobilisation » de la part des communes, des départements et des régions.
Un manifeste pour les libertés locales
Ce contexte lourd qui inquiète de manière unanime n’enlève rien à la nécessité d’avoir un débat démocratique avant les élections. Il le renforce même. C’est pourquoi, en plus de l’annonce de cette audition des candidats à l’élection présidentielle, Territoires unis a rendu publique sa contribution commune pour renforcer les libertés locales, « pour une République de la confiance » .
« On sait aujourd’hui d’expérience qu’il ne peut pas y avoir de projet pour la France sans les collectivités territoriales » , a déclaré André Laignel, vice-président de l’AMF qui a fustigé un quinquennat « calamiteux » pour la décentralisation. Ainsi, les élus insistent sur l’importance d’auditionner tous les candidats « pour une République décentralisée de confiance qui est indispensable » désormais.
Concrètement, les trois associations plaident pour que le prochain quinquennat soit celui de la décentralisation, avec « évidemment » , la promulgation « d’une grande loi » qui viserait à « ouvrir des degrés de liberté dans notre Constitution » , à aller vers « un renouveau démocratique » , « à rechercher la co construction des politiques publiques » avec des moyens financiers adéquats. (à lire dans la Déclaration des libertés locales)
Car, comme le rappelle l’AMF, « la loi dite 3DS présentée par Jacqueline Gourault contient, grâce au travail de nos associations et aux apports et au soutien décisifs du Sénat, un certain nombre d’avancées, mais elle ne modifie en rien l’équilibre de nos institutions. »
Une lassitude exprimée envers l’État
Un changement est nécessaire du point de vue des élus locaux et de leurs représentants. André Laignel pointe du doigt le fait qu’il n’est plus possible de « continuer à considérer qu’elles [les collectivités territoriales] sont des supplétifs. C’est un contre-sens démocratique et historique et cela conduirait (…) la France dans le mur. »
Cette volonté de faire des collectivités locales un véritable sujet pour les élections, traduit en filigrane une réelle frustration qui perdure depuis des années. Déjà en 2020, Territoires Unis pointait du doigt la manière dont l’exécutif avait géré la crise sanitaire. François Baroin, l’ancien président de l’AMF, expliquait à l’occasion de la présentation de la contribution du collectif pour la loi 3DS que les élus étaient « en face d’un État qui n’entend pas notre message, ultra-centralisé, fonctionnant en silos, verticalisé et inefficace ».
Aujourd’hui encore, le collectif constate « des facteurs de recentralisation » , selon les mots de David Lisnard, qui appellent à porter « la voix des libertés locales au nom de l’efficacité et de la cohérence sociale » .
Pour les élus, ces élections présidentielles représentent une opportunité pour remettre sur la table les intérêts et le rôle des collectivités, trop souvent oubliées. « Le débat doit avoir lieu » , insiste François Sauvadet, qui indique qu’un changement dans la gestion de la gouvernance est vital pour le pays.
L'audition de tous les candidats à l'élection présidentielle par Territoires unis aura lieu au Beffroi de Montrouge, à partir de 9 h 30. Chaque candidat aura une dizaine de minutes de « carte blanche », avant d'échanger avec les élus des communes, départements et régions. Toute cette journée sera retransmise en direct sur Public Sénat et La Chaîne parlementaire, et la journée se déroulera en partenariat avec France invo et Territoires TV.
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