18 septembre : une mobilisation importante mais pas de raz-de-marée
Par Franck Lemarc

Comme toujours, les chiffres de la police et ceux des syndicats diffèrent, du simple au double : environ 500 000 participants pour la première, « plus d’un million » pour les seconds. Quoi qu’il en soit, même si elle n’a pas atteint les chiffres des mobilisations de 2023 contre la réforme des retraites, la journée d’hier a été marquée par des manifestations importantes dans plus de 250 villes – signe d’une inquiétude profonde d’une partie du monde du travail sur la situation économique, politique et sociale.
Une grève suivie mais pas massive
Il reste que, pas plus que le 10 septembre, le pays n’a pas été « bloqué » hier, et reste loin de la grève générale espérée par certains partis et syndicats. Notamment parce que la grève n’a pas ou quasiment pas touché le secteur privé et, en particulier, les grandes entreprises industrielles. Elle s’est concentrée dans le secteur public – à l’exception des pharmacies, presque toutes fermées hier, mais il ne s’agissait pas d’une grève de salariés mais d’un mouvement à l’initiative des employeurs.
Le trafic ferroviaire a été conforme aux prévisions, tout comme celui des transports urbains, avec même une grève « un peu moins suivie que prévue » dans les transports parisiens, s’est réjoui le ministre démissionnaire des Transports, Philippe Tabarot, qui a résumé la situation ainsi : « La situation des transports est perturbée mais pas bloquée ».
C’est dans l’Éducation nationale que les chiffres diffèrent le plus entre syndicats et ministère. Les premiers estiment la participation gréviste à 45 % dans le second degré et le Snes-FSU, dans un communiqué, dit son intention de « poursuivre la mobilisation en construisant dans les plus brefs délais les conditions pour une grève réussie de plusieurs jours » . Mais côté du côté du ministère d’Élisabeth Borne, les chiffres ne sont pas du tout les mêmes : 14,16 % de grévistes tous niveaux confondus (17,5 % dans le premier degré et 16,8 % dans le second). Le ministère reconnaît une participation plus importante chez les personnels de vie scolaire, avec presque un quart de grévistes. Selon le ministère, ce sont les collèges qui ont connu le plus fort taux de grévistes, avec quasiment 20 % de personnels en grève.
Les syndicats de la fonction publique appelaient, à la veille de cette journée, à « tout bloquer » – ce qui n’a pas été le cas. Sur l’ensemble des trois versants, c’est la fonction publique de l’État qui s’est le plus mis en grève (12,7 %), principalement du fait de l’Éducation nationale. Ce chiffre est trois fois supérieur à celui du 10 septembre.
Les autres versants se sont moins mobilisés : 7,47 % seulement des 2 millions d’agents de la fonction publique territoriale étaient en grève hier, et 7,6 % de ceux de la fonction publique hospitalière.
Des manifestations relativement calmes
Quant aux cortèges qui ont émaillé la journée, ils se sont globalement déroulés dans le calme, en dehors de quelques affrontements entre casseurs et forces de l’ordre à Lyon ou à Nantes et en fin de cortège à Paris.
Le ministère de l’Intérieur a décompté 506 000 manifestants dans le pays (contre 200 000 le 10 septembre), dont 55 000 à Paris, 15 000 à Marseille, 14 000 à Lyon, 11 500 à Rennes. Ce chiffre global est inférieur aux « prévisions » du Renseignement territorial (RT), mises en avant par le ministère de l’Intérieur la veille, qui évoquait jusqu'à 900 000 manifestants attendus.
De même, le chaos redouté par le ministre de l’Intérieur, qui craignait la présence de « 1 000 casseurs à Paris » , n’a heureusement pas eu lieu. Des affrontements sporadiques ont certes éclaté dans certains cortèges, mais on n’a assisté nulle part au spectacle de centaines de vitrines brisées et de mobilier urbain détruit que l’on a pu connaître lors de mobilisations précédentes. D’ailleurs, le nombre d’interpellations témoigne du calme relatif de cette journée : 309, contre 521 le 10 septembre. Quelques blocages ont été tentés en début de journée, rapidement déjoués par les forces de l’ordre – qui comptent, ce matin, 11 blessés.
Et maintenant ?
Ce mouvement de protestation va-t-il se poursuivre ? L’intersyndicale s'est réunie ce matin pour en décider. Il semble que les différentes confédérations ne soient pas d’accord sur la stratégie à adopter : certaines souhaitent appeler à une nouvelle journée de mobilisation assez rapidement, pour faire pression sur le Premier ministre dont les consultations se poursuivent pour constituer un gouvernement ; tandis que d’autres souhaitent attendre le discours de politique générale de Sébastien Lecornu avant de décider de la suite du mouvement. Finalement, à l'issue de cette réunion, l'intersyndicale a lancé un « ultimatum » au Premier ministre : elle lui donne jusqu'au mercredi 24 septembre pour les recevoir avec des propositions conformes à leurs attente sur le budget et la « justice fiscale ». Faute de quoi, de nouvelles mobilisations seront organisées.
Quant au Premier ministre, il assure avoir entendu les revendications des manifestants et celles-ci sont « au cœur des consultations (qu’il) a engagées » , affirme-t-il dans un communiqué publié hier soir. Tout en condamnant « avec la plus grande sévérité » les violences et les dégradations qui ont été commises hier dans certains cortèges, Sébastien Lecornu affirme son « engagement à poursuivre le dialogue avec l’ensemble des partenaires sociaux » et prévoit de rencontrer les organisations syndicales, « à nouveau, dans les jours qui viennent ».
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