Un nouvel outil pour savoir en un clic si sa commune peut accueillir un réseau de chaleur
Par Franck Lemarc
France Chaleur urbaine est une structure portée par le ministère de la Transition écologique, dont l’objectif est de promouvoir les réseaux de chaleur. Pour rappel, un réseau de chaleur consiste à produire de la chaleur de façon centralisée dans une commune et de la distribuer dans tout ou partie des bâtiments via des canalisations enterrées. La chaleur peut être produite par différentes sources, le plus souvent décarbonées et/ou renouvelables : géothermie, solaire thermique, centrale biomasse, incinération des déchets, chaleur fatale produite par les sites industriels…
Identifier les zones à potentiel
Toutes les communes n’ont pas intérêt à développer un réseau de chaleur. Vu les investissements non négligeables que cela suppose, il n’est par exemple pas rentable de raccorder les bâtiments à chauffage non collectif, ni d’équiper une zone d’habitat très dispersé. France chaleur urbaine, l’Ademe et le Cerema ont établi un certain nombre de critères permettant d’identifier les zones les intéressantes pour installer un réseau de chaleur, en distinguant les zones d’opportunité « à fort potentiel » et « à potentiel ». Pour cela, le Cerema a croisé les besoins en chaleur de chaque bâtiment, la distance entre les bâtiments et un paramètre appelé « densité thermique linéaire » (le besoin en chaleur des bâtiments divisé par la distance minimale entre eux).
Ces calculs ont permis d’identifier 2 600 communes disposant d’un « fort potentiel » pour la création de réseaux de chaleur et 4 500 communes disposant d’un potentiel. Ces données ont été cartographiées, et France Chaleur urbaine a inauguré, à l’occasion de Salon des maires, la possibilité pour les élus (et les citoyens) d’accéder à cette carte et de visualiser si leur commune est, ou non, susceptible d’accueillir un réseau de chaleur. Mieux, la carte permet de visualiser de façon très précise les zones à fort potentiel et à potentiel, et d’identifier les bâtiments qui ont le plus forts besoins en chaleur.
« Jusqu’à présent, explique à Maire info Florence Lévy, responsable de France Chaleur urbaine, nous avons travaillé sur les réseaux de chaleur existants. Maintenant, on s’adresse aux communes qui n’en ont pas. L’idée était de mettre en œuvre un outil très simple permettant de visualiser s’il y a un potentiel et où. »
Cette nouvelle carte s’ajoute donc à celles qui existaient déjà sur le site de France Chaleur urbaine, qui permettent par exemple de visualiser les réseaux déjà existants. Désormais, avec le nouvel outil, il suffit de renseigner le nom de sa commune pour visualiser les potentialités.
Le site permet également à un élu de laisser ses coordonnés de façon à être recontacté par France Chaleur urbaine, pour être « guidés et accompagnés » de façon personnalisée.
Le Fonds chaleur renouvelé
Rappelons que la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie) actuellement en consultation prévoit une multiplication par trois de la chaleur livrée par les réseaux de chaleur en 2035. Il y a donc un fort enjeu, pour les collectivités, à développer ces réseaux. Ceux-ci étant par ailleurs, dans deux cas sur trois, alimentés par des énergies renouvelables ou de récupération, ils « représentent l’un des leviers pour accélérer la transition énergétique des bâtiments », souligne France Chaleur environnement.
Les collectivités peuvent bénéficier d’aides de l’État pour mettre en œuvre ces réseaux, via le Fonds chaleur, dont la ministre Agnès-Pannier Runacher a annoncé la semaine dernière qu’il serait renouvelé à hauteur de 800 millions d’euros l’année prochaine. Une enveloppe certes inférieure aux besoins (« il y a plus de projets que d’argent disponible », selon Florence Lévy) mais qui a le grand mérite d’exister et ne devrait pas faire les frais des coupes budgétaires.
Les élus désireux de se lancer peuvent donc désormais, pour commencer, aller consulter la carte mise en ligne par France Chaleur urbaine pour vérifier si leur commune dispose, ou non, de zones à potentiel.
Mais ils doivent prendre en compte tous les critères . « Si les réseaux de chaleur, rappelle-t-on à l’AMF, demeurent un moyen de chauffage efficace et ayant de nombreux intérêts sur le plan environnemental (énergétiques, économiques et en matière de qualité de l’air), la création d’un réseau de chaleur nécessite l’examen d’un certain nombre de paramètres pour être viable : par exemple, le choix entre un réseau basse température ou haute température, l’existence d’une source de chaleur suffisante (ou de plusieurs sources), la certitude que les immeubles collectifs accepteront d’être usagers du réseau de chaleur, le devenir du réseau hors saison de chauffe (du 15 mars au 15 octobre dans la plupart des cas). Un réseau de chaleur est un projet structurant qui nécessite de s’assurer l’aide d’experts et la réalisation d’une étude de faisabilité complète. L’extension d’un réseau existant dans un commune voisine peut être une bonne alternative à la création d’un nouveau réseau. Dans tous les cas, c’est un projet de mandat dont les bénéfices à moyen et long terme sont importants, surtout dans un contexte d’optimisation énergétique. »
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