Maire-info
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Édition du vendredi 19 mai 2017
Énergie

Réseaux d'énergie intelligents : la généralisation n'est pas pour demain

La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a organisé mardi 16 mai un forum pour faire le point sur les expérimentations en matière de réseaux d’énergie du futur (smart grids). Ces réseaux intelligents, qui croisent les dernières avancées énergétiques avec les technologies numériques, promettent d’améliorer la performance des réseaux, de favoriser la maîtrise des consommations et d’accélérer la transition écologique.
Depuis 2010, l’Ademe a lancé cinq appels à projets pour créer des démonstrateurs dédiés à l’expérimentation de techniques novatrices ou arrivant en phase de pré-commercialisation. Ces démonstrateurs sont portés par des consortiums associant industriels, PME et collectivités locales parmi lesquelles Grenoble, Lorient, Lyon, Nice, la Vendée ou les îles de Houat et Hoëdic en Bretagne. Les collectivités, en charge des plans climat-air-énergie territorial (PCAET) et les syndicats d’énergie sont en effet pleinement concernés par ces projets.
L’objectif des démonstrateurs est de faciliter l’insertion de la production d’énergie renouvelable décentralisée, de favoriser les actions de maîtrise et de gestion de l’énergie, d’anticiper la modernisation des réseaux existants et de tester de nouveaux modèles économiques. « Sur les 26 projets financés par l’Ademe, la moitié est arrivée à terme en mai 2017, l’autre moitié devant s’achever d’ici 2020. Deux phénomènes sont à noter : une compétition croissante avec l’arrivée de nouveaux acteurs issus du numérique et un souhait partagé de voir évoluer la réglementation », souligne David Marchal, directeur adjoint Productions et énergies durables à l’Ademe.
Pour EDF, partie prenante dans plus d’une vingtaine de projet, le potentiel de la technologie n’est plus à démontrer. « La technique n’est plus un sujet. L’industrialisation et la généralisation des réseaux intelligents demandent en revanche un effort de standardisation international et la levée d’incertitudes sur le modèle d’affaire », estime Bernard Salha, directeur de la Recherche et du développement chez EDF. A court terme, les îles et les grands équipements mono-site, comme un ensemble tertiaire ou un campus universitaire, devraient être les premiers à bénéficier des techniques dites de micro grids. La percée de l’électromobilité et le développement à grande échelle d’ENR, sous l’impulsion des collectivités locales notamment, devraient également jouer un rôle d’accélérateur dans l’arrivée à maturité de ces technologies. La promesse des smart grids de faire du particulier un « consom’acteur »  est en revanche plus incertaine. Le coût des installations nécessaires à « l’effacement »  chez un particulier - c’est-à-dire la sortie temporaire d’un équipement électrique pour faire face à un pic de consommation – est encore très élevé par rapport aux gains potentiels. Cela nécessite aussi d’achever le déploiement des compteurs intelligents Gazpard et Linky, que la CRE soutient ardemment. Or leur « acceptabilité sociale »  reste à consolider, avec en particulier un fort enjeu sur la protection des données personnelles, comme l’ont reconnu tous les intervenants.
Par ailleurs, un développement non maîtrisé des micro grids pourrait aboutir à un déséquilibre entre des zones bien pourvues en ressources énergétiques renouvelables et le reste du territoire. Le président de la CRE, Jean-François Carenco, estime que les réseaux intelligents ne doivent pas aboutir à une sorte de « communautarisme énergétique »  rappelant ainsi son attachement à la péréquation tarifaire dans le domaine de l’énergie.
O.D.

Accéder au site d’information de la CRE sur les smart grids.
Télécharger le bilan de l’Ademe sur les démonstrateurs.

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