Édition du jeudi 15 novembre 2018
Un fort sentiment de « perte d'autonomie » chez les maires, selon le Cevipof
Le Cevipof rend publique aujourd’hui son enquête, réalisée en coopération avec l’AMF et à sa demande, dessinant le portrait et l’état d’esprit des maires, dans le cadre de l’Observatoire de la démocratie de proximité (1).
Cette enquête, qui sera présentée à l’occasion du congrès de l’AMF la semaine prochaine, confirme que les maires sont inquiets et, pour beaucoup, touchés par une certaine lassitude. Ce qui se traduit dans l’un des chiffres les plus spectaculaires de cette enquête : un maire sur deux ne compte pas se représenter en 2020 – proportion qui atteint même 55 % dans les plus petites communes.
Ces chiffres portent sur les plus de 4 600 réponses renvoyées au Cevipof, qui a interrogé les maires, en ligne, entre le 12 octobre et le 3 novembre. Les questions portaient non seulement sur l’état d’esprit des maires, mais également sur leurs relations avec l’intercommunalité et leur position vis-à-vis des grandes réformes engagées par l’État.
Alors que 60 % des maires sortants ont été réélus en 2014, il apparaît d’ores et déjà que les chiffres, en 2020, seront bien différents, puisque la moitié des maires disent aujourd’hui ne pas vouloir se représenter. Ces chiffres sont extrêmement variables en fonction de la taille des communes : plus les communes sont grandes, moins les maires souhaitent abandonner leurs fonctions. Seulement 9 % des maires des communes de plus de 30 000 habitants envisagent de ne pas se représenter, contre 55 % pour les communes de moins de 500 habitants. Les chiffres varient aussi, de façon logique, en fonction de l’âge – les maires les plus jeunes étant plus nombreux à vouloir se représenter.
Les raisons invoquées sont variées. Mais la plus fréquente traduit clairement l’engagement considérable que représente la fonction de maire : 71 % des maires qui ne veulent pas se représenter invoquent la volonté de privilégier leur vie personnelle et familiale. Un peu plus de la moitié disent avoir l’impression d’avoir « fait leur devoir civique », tandis qu’un tiers mettent aussi en avant le manque de moyens financiers. 36 % des maires en situation d’abandonner leur mandat estiment aussi ne plus arriver à satisfaire les besoins de leurs administrés. Le Cevipof note à ce sujet que les maires « déplorent une relation de plus en plus individualiste entre le citoyen et son représentant municipal », les citoyens ayant souvent « une relation consumériste » vis-à-vis du maire, entre « citoyen contribuable et maire fournisseur de services ».
L’intercommunalité mal vécue
L’enquête fait également apparaître, sans grande surprise, le sentiment de « dépossession » des maires face à une intercommunalité au poids grandissant. Bien des maires estiment que face aux compétences de plus en plus nombreuses qui passent à l’intercommunalité, leurs marges de manœuvres se réduisent comme peau de chagrin. Témoin : moins de 5 % des maires se disent « tout à fait d’accord » avec l’affirmation selon laquelle leur commune aurait « beaucoup d’influence » sur leur intercommunalité. À l’inverse, près de 80 % d’entre eux jugent que l’intercommunalité a beaucoup d’influence sur leur commune.
La loi Notre fait l’unanimité contre elle
La politique menée par l’État en matière de réorganisation de ses services est mal vécue par 68 % des maires. La loi Notre et ses conséquences sur la répartition des compétences fait l’objet d’un plébiscite… contre elle : seulement 1,6 % des maires répondants estiment qu’elle a eu des effets « très positifs », contre 75 % qui jugent qu’elle a eu des effets négatifs ou très négatifs.
Les élus ont enfin été interrogés sur la baisse des dotations de l’État et leur manière d’y faire face. De très loin – et comme le craignait l’AMF depuis plusieurs années – la solution la plus souvent utilisée est le report des investissements : 46 % des maires disent y recourir en premier choix. Viennent ensuite la réduction des services à la population et l’augmentation des impôts.
Au bilan, concluent les auteurs de l’étude, il y a un sentiment bien réel chez les maires de « perte d’autonomie » – due autant à la diminution des moyens qu’aux transferts de compétences à l’intercommunalité. Cette situation soulève « un enjeu de taille » : « La République décentralisée des territoires est en panne alors que les maires restent les représentants politiques bénéficiant du niveau de confiance le plus élevé de la part des Français. »
La présentation complète de cette étude par Martial Foucault, directeur du Cevipof, aura lieu dès la séance d’ouverture du congrès des maires, mardi 20 novembre, à 15 h.
(1) L’Observatoire de la démocratie de proximité, créé par l’AMF et le Cevipof, interrogera chaque année jusqu’aux municipales de 2020 les maires de France et un échantillon représentatif de Français pour comprendre leurs attentes et leur représentation du rôle de la commune.
Télécharger la synthèse de l’étude.
Cette enquête, qui sera présentée à l’occasion du congrès de l’AMF la semaine prochaine, confirme que les maires sont inquiets et, pour beaucoup, touchés par une certaine lassitude. Ce qui se traduit dans l’un des chiffres les plus spectaculaires de cette enquête : un maire sur deux ne compte pas se représenter en 2020 – proportion qui atteint même 55 % dans les plus petites communes.
Ces chiffres portent sur les plus de 4 600 réponses renvoyées au Cevipof, qui a interrogé les maires, en ligne, entre le 12 octobre et le 3 novembre. Les questions portaient non seulement sur l’état d’esprit des maires, mais également sur leurs relations avec l’intercommunalité et leur position vis-à-vis des grandes réformes engagées par l’État.
Alors que 60 % des maires sortants ont été réélus en 2014, il apparaît d’ores et déjà que les chiffres, en 2020, seront bien différents, puisque la moitié des maires disent aujourd’hui ne pas vouloir se représenter. Ces chiffres sont extrêmement variables en fonction de la taille des communes : plus les communes sont grandes, moins les maires souhaitent abandonner leurs fonctions. Seulement 9 % des maires des communes de plus de 30 000 habitants envisagent de ne pas se représenter, contre 55 % pour les communes de moins de 500 habitants. Les chiffres varient aussi, de façon logique, en fonction de l’âge – les maires les plus jeunes étant plus nombreux à vouloir se représenter.
Les raisons invoquées sont variées. Mais la plus fréquente traduit clairement l’engagement considérable que représente la fonction de maire : 71 % des maires qui ne veulent pas se représenter invoquent la volonté de privilégier leur vie personnelle et familiale. Un peu plus de la moitié disent avoir l’impression d’avoir « fait leur devoir civique », tandis qu’un tiers mettent aussi en avant le manque de moyens financiers. 36 % des maires en situation d’abandonner leur mandat estiment aussi ne plus arriver à satisfaire les besoins de leurs administrés. Le Cevipof note à ce sujet que les maires « déplorent une relation de plus en plus individualiste entre le citoyen et son représentant municipal », les citoyens ayant souvent « une relation consumériste » vis-à-vis du maire, entre « citoyen contribuable et maire fournisseur de services ».
L’intercommunalité mal vécue
L’enquête fait également apparaître, sans grande surprise, le sentiment de « dépossession » des maires face à une intercommunalité au poids grandissant. Bien des maires estiment que face aux compétences de plus en plus nombreuses qui passent à l’intercommunalité, leurs marges de manœuvres se réduisent comme peau de chagrin. Témoin : moins de 5 % des maires se disent « tout à fait d’accord » avec l’affirmation selon laquelle leur commune aurait « beaucoup d’influence » sur leur intercommunalité. À l’inverse, près de 80 % d’entre eux jugent que l’intercommunalité a beaucoup d’influence sur leur commune.
La loi Notre fait l’unanimité contre elle
La politique menée par l’État en matière de réorganisation de ses services est mal vécue par 68 % des maires. La loi Notre et ses conséquences sur la répartition des compétences fait l’objet d’un plébiscite… contre elle : seulement 1,6 % des maires répondants estiment qu’elle a eu des effets « très positifs », contre 75 % qui jugent qu’elle a eu des effets négatifs ou très négatifs.
Les élus ont enfin été interrogés sur la baisse des dotations de l’État et leur manière d’y faire face. De très loin – et comme le craignait l’AMF depuis plusieurs années – la solution la plus souvent utilisée est le report des investissements : 46 % des maires disent y recourir en premier choix. Viennent ensuite la réduction des services à la population et l’augmentation des impôts.
Au bilan, concluent les auteurs de l’étude, il y a un sentiment bien réel chez les maires de « perte d’autonomie » – due autant à la diminution des moyens qu’aux transferts de compétences à l’intercommunalité. Cette situation soulève « un enjeu de taille » : « La République décentralisée des territoires est en panne alors que les maires restent les représentants politiques bénéficiant du niveau de confiance le plus élevé de la part des Français. »
La présentation complète de cette étude par Martial Foucault, directeur du Cevipof, aura lieu dès la séance d’ouverture du congrès des maires, mardi 20 novembre, à 15 h.
F.L.
(1) L’Observatoire de la démocratie de proximité, créé par l’AMF et le Cevipof, interrogera chaque année jusqu’aux municipales de 2020 les maires de France et un échantillon représentatif de Français pour comprendre leurs attentes et leur représentation du rôle de la commune.
Télécharger la synthèse de l’étude.
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