Édition du mardi 8 octobre 2002
Agressions d'élus : un processus de «désocialisation-désinsertion» selon un expert-psychiatre
Richard Durn (tuerie de Nanterre), Maxime Brunerie (attentat contre Jacques Chirac) et Azedine Berkane (agression de Bertrand Delanoë) ont tous les trois subi un processus de désocialisation avant leur passage à l'acte, analyse lundi un expert-psychiatre.
Ce processus de "désinsertion" les a menés à une situation de "fragilisation psychologique" et un dernier "sentiment d'affront" a pu les faire basculer, explique à l'AFP Christian Gay, médecin expert auprès des tribunaux.
"Ils ont tendance à attribuer la responsabilité (de leur échec personnel) à quelqu'un d'autre, plutôt que de se remettre en cause eux-mêmes", précise le psychiatre.
De fait, les trois hommes célibataires, "qui n'ont jamais été valorisés par leur position sociale", étaient dans des situations similaires avant de commettre l'irréparable.
Avant d'ouvrir le feu en plein conseil municipal de Nanterre, tuant huit élus, Richard Durn avait accumulé au fil des années rancoeur et amertume. A 33 ans, il vivait avec sa mère. Il souffrait de ne pas avoir été reconduit dans ses engagements humanitaires. Il était suivi médicalement depuis plusieurs années et a fini par se défenestrer le 28 mars, lors de sa garde à vue à la Brigade criminelle.
Le procureur de la République Yves Bot avait évoqué un "sentiment d'échec personnel dont Richard Durn rend responsable la société".
Maxime Brunerie, qui a tenté de tuer par balle le président de la République lors du défilé du 14 juillet, résidait aussi à 25 ans chez ses parents. Il s'était placé en marge de la société en militant dans la mouvance skinhead. Après son geste, il a été interné d'office dans une unité psychiatrique.
Quant à Azedine Berkane, à 39 ans, il se trouvait sans emploi et vieux garçon habitant chez ses parents, dans une cité de banlieue. Il souffrait aussi de troubles psychologiques.
Le Dr Gay pense qu'il a pu obéir à une "rationalisation du choix de la victime potentielle", Bertrand Delanoë concentrant ce qu'en garde à vue il a avoué détester : la République, l'engagement politique et l'homosexualité. Le psychiatre indique qu'une autre interprétation possible est que l'homosexualité de Bertrand Delanoë, que l'élu avait publiquement révélée en novembre 1998, "l'a peut-être renvoyé à sa propre homosexualité".
"Quelle est la finalité de l'acte ?", s'interroge l'expert. Peut-être "se donner de l'importance en s'attaquant à une personnalité". En tout cas, affirme-t-il, les auteurs de tels actes "ont la conviction inébranlable d'avoir apporté une aide à la société".
Etait-il possible de prévenir chez Durn, Brunerie ou Berkane leur coup de folie ? "Comme souvent dans les comportements à risque, il est très difficile de reconnaître des indices de prédiction. L'analyse est beaucoup plus facile à faire de façon rétrospective", répond le Dr Gay.</
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