Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 14 décembre 2015
Élections

La Corse remportée par les nationalistes

Même si l’attention s’est focalisée hier sur les résultats des douze nouvelles régions métropolitaines, la victoire des nationalistes en Corse et les changements observés en outre-mer viennent modifier également la carte régionale.
En Corse, c’est la liste nationaliste Per a Corsica menée par le maire de Bastia, Gilles Simeoni, issue de la fusion entre les deux tours avec une autre liste nationaliste, qui l'emporte avec 35,34% des suffrages, loin devant la liste divers gauche conduite par le président sortant, Paul Giacobbi (28,49%). La droite menée par l'ancien ministre José Rossi talonne la liste Giacobbi avec 27,07 % des voix. Le FN emporte 9,09% des voix.
En remportant pour la première fois des élections territoriales, les nationalistes vont donc prendre les rênes du pouvoir de l’île, pour deux ans, avant la création de la collectivité unique le 1er janvier 2018. Cette collectivité sera issue de la fusion de la collectivité territoriale de Corse et des deux conseils départementaux de Corse-du-Sud et de Haute-Corse. Chef de file du courant modéré des nationalistes, Gilles Simeoni qui avait remporté la mairie de Bastia il y a un an et demi, s’était rallié entre les deux tours aux nationalistes radicaux de Jean-Guy Talamoni qui prônent l’indépendance de l’île. Cette alliance n’a visiblement pas effrayé les électeurs qui lui ont donné la victoire face au président sortant du conseil exécutif, Paul Giacobbi, pourtant donné favori à la tête d’une liste d’ouverture comptant plusieurs maires de poids.
« Le contrat de mandature à l’assemblée de Corse ne porte pas sur l’indépendance, a déclaré hier Guy Talamoni. Notre démarche s’adresse à l’ensemble des Corses qui savent que nos idées et nos propositions ont dominé la mandature écoulée ». Il s’agit cependant pour les nationalistes d’obtenir l’inscription de la Corse dans la Constitution afin de pouvoir adapter les lois aux spécificités de l’île ou encore d’obtenir un statut fiscal dérogatoire.

La droite, la gauche et les indépendantistes se partagent l’outre-mer
En outre-mer, La Réunion est restée sans surprise à droite, avec la victoire du président sortant, Didier Robert (Les Républicains). La liste d'union de la droite et de l'UDI remporte ces élections régionales avec 52,69 % des voix contre 47,31 % à la liste rassemblant la gauche et le MoDem d'Huguette Bello.
Didier Robert était déjà arrivé largement en tête du premier tour avec 40,36 % des voix devant la députée divers gauche de Saint-Paul Huguette Bello (23,80 %), le maire MoDem de Saint-Leu Thierry Robert (20,32 %) et le socialiste Patrick Lebreton (7,12 %). La fusion de ces trois listes n'a donc pas réussi à mettre en difficulté le président sortant également sénateur.
En Guyane, c’est aussi la liste conduite par le président sortant du conseil régional qui l’emporte au second tour. La liste Guyane Rassemblement conduite par Rodolphe Alexandre (DVG) remporte ainsi largement (54,55 %) l'élection à la tête de la collectivité territoriale de Guyane (CTG), l'assemblée unique qui va fusionner région et département.
La liste conduite par son homologue du conseil départemental, Alain Tien-Liong (DVG) s'impose à Cayenne et arrive en tête à Saint-Laurent-du-Maroni, deux des plus importantes des 22 communes de Guyane. Mais la liste conduite par Rodolphe Alexandre se détache largement dans la quasi-totalité des autres communes. Elle s'impose notamment largement à Kourou, dans la ville spatiale et dans deux communes à fort électorat à la périphérie de Cayenne, celles de Rémire-Montjoly et Matoury.
Changement de tête en revanche en Guadeloupe et en Martinique où les deux présidents sortants ont été battus. En Guadeloupe, l’ancien ministre Victorin Lurel (PS), président de région sortant qui briguait un troisième mandat, a subi un revers électoral brutal, battu par 42,48 % de voix contre 57,52 % pour son rival DVG Ary Chalus.
Les deux hommes de gauche, députés, n'ont pas toujours été dans des camps adverses mais lors de ce scrutin, Ary Chalus a réuni une liste de rassemblement pour contrer Victorin Lurel, ancien ministre des Outre-mer (2012-2014), devenu, au fil de multiples victoires, une figure politique incontournable dans l’archipel, et présenté comme quasiment indétrônable. Mais les Guadeloupéens ont finalement exprimé une volonté nette de changement avec le choix de la liste Changez d'Avenir où figure en numéro 2 une ex-ministre UMP des Outre-mer Marie-Luce Penchard et qui avait reçu le soutien de la liste des Républicains.
Défaite également pour le président sortant du conseil régional de Martinique Serge Letchimy (DVG). Il a été sévèrement défait hier par Alfred Marie-Jeanne (MIM, indépendantiste) à l'élection de la nouvelle assemblée unique de la Martinique. Le leader indépendantiste, qui avait fusionné sa liste avec celle de la droite menée par Yan Monplaisir (Les Républicains), a gagné ainsi son pari en remportant 54,14 % des voix contre 45,86 % et obtient sa revanche sur Serge Letchimy qui l'avait battu lors des régionales de 2010.
C.N. (avec AFP)

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