Parrainages : appels aux maires et initiatives
Par Franck Lemarc
Dans onze jours maintenant sonnera la fin de la période de recueil des « présentations » (parrainages) pour les candidats à l’élection présidentielle : la clôture de cette période aura lieu le vendredi 4 mars à 18 h. Il faut apparemment le rappeler une fois encore, cette date n’est pas celle, comme on le lit encore souvent dans les médias, à laquelle « les candidats devront apporter leurs parrainages au Conseil constitutionnel », mais celle à laquelle le Conseil constitutionnel devra avoir reçu les parrainages exclusivement envoyés par voie postale par les élus eux-mêmes.
À ce jour, six candidats (ou futurs candidats) ont franchi la barre des 500 présentations : Emmanuel Macron, Valérie Pécresse et Anne Hidalgo ont plus de 1 000 parrainages ; et Nathalie Arthaud, Fabien Roussel et Jean Lassalle entre 500 et 1 000. La publication du nombre de parrains ayant lieu les mardis et jeudis, la situation devrait évoluer favorablement aujourd’hui, à 17 h, au moins pour Yannick Jadot, très près du but avec 490 parrainages.
Plusieurs candidats en revanche, bien que crédités de scores supérieurs à 10 % dans les sondages, sont encore plus ou moins loin du compte : c’est le cas de Jean-Luc Mélenchon (370), Marine Le Pen (366) et Éric Zemmour (291). D’autres candidats plus modestes, mais présents aux précédentes élections présidentielles, comme François Asselineau ou Philippe Poutou, sont encore plus loin des 500 signatures.
Les maires ne sont pas seuls à pouvoir parrainer
Dans ce contexte, les candidats multiplient les appels aux maires pour leur demander un geste citoyen. « Je lance un appel aux maires : si vous ne m'aidez pas, des millions d'électeurs seront privés d'élection », a par exemple déclaré Marine Le Pen hier. Éric Zemmour, quant à lui, a annulé son déplacement à La Réunion pour se consacrer entièrement à la quête des parrainages. On a appris, en fin de matinée, que Marine Le Pen faisait de même et interrompait sa campagne de terrain pour les mêmes motifs.
Ces appels insistants aux maires feraient presque oublier que ceux-ci ne sont pas les seuls à pouvoir « présenter » des candidats, loin de là. Les près de 1000 parlementaires le peuvent aussi, tout comme les plus de 4 100 conseillers départementaux et les près de 1 800 conseillers régionaux. Peuvent aussi parrainer : les présidents d’EPCI et de métropoles, les membres de l’Assemblée de Corse, ceux du Conseil de la métropole de Lyon ainsi que ceux des assemblées délibérantes des différentes assemblées d’outre-mer et tous les conseillers municipaux de Paris.
On a vu, ces derniers jours, un certain nombre de maires s’agacer dans les médias de voir ainsi les projecteurs braqués sur eux – jusqu’à les rendre responsables d’une « faillite démocratique » – alors qu’ils ne constituent pas le seul vivier d'élus susceptibles de parrainer.
Une initiative du maire de Cannes
Dans ce contexte, le maire de Cannes et président de l’AMF, David Lisnard, a pris dimanche une initiative symbolique (« à titre personnel », a-t-il insisté) : celle de donner son parrainage au candidat dont il est « le plus éloigné » politiquement, Jean-Luc Mélenchon. « Si Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen ou Éric Zemmour ne pouvaient pas se présenter, ce serait une grave atteinte à la démocratie », a expliqué le maire de Cannes dans une vidéo diffusée sur twitter. « Les règles ne dépendent pas des maires, et il faudra absolument les changer. Mais en attendant, il faut veiller à ce que cette élection soit une vraie élection. » David Lisnard a donc voulu « montrer que les parrainages ne valent pas soutien » en donnant son parrainage à Jean-Luc Mélenchon précisément en raison de leur opposition politique. « Je combats ses opinions, ses idées et ses valeurs, mais il doit pouvoir se présenter. C’est une question d’esprit républicain. » Dans un autre tweet, David Lisnard a également dénoncé « la pression injuste contre les maires », et rappelé que d’autres élus peuvent parrainer.
Autre initiative : celle de François Bayrou qui, après avoir polémiqué avec l’AMF à propos de la mise en place d’un « pool » de signatures à disposition des candidats (lire Maire info du 21 janvier 2022), a choisi de le mettre en place lui-même. Ce qui s’avère visiblement plus difficile qu’il le pensait, puisque cette « réserve » de parrainages, qu’il souhaite mettre à la disposition des trois candidats obtenant plus de 10 % dans les sondages mais n’ayant pas encore leurs 500 parrainages, ne comptait, hier, que 120 noms.
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