Écoles et loisirs : préparatifs estivaux
Le gouvernement veut réunir les conditions pour des « vacances apprenantes ». « Cet été, après le confinement, les Français auront plus que jamais besoin de partir en vacances mais les conditions de départ seront parfois plus complexes. La crise accentue le risque que les familles ayant des revenus modestes renoncent à partir et que leurs enfants soient contraints de passer l’été assignés à résidence ». Ce préambule posé, ce sont 23 mesures qui ont été présentées samedi matin (6 juin) par les ministres de l'Education nationale, de la Jeunesse et de la Ville. Leur esquisse plus exactement. Quatre intéressent plus directement les communes car elles touchent à l'école et aux loisirs des plus jeunes.
Sur quatre dispositifs
Premier dispositif : « la colonie de vacances apprenante ». Le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse compte sur le départ de 250 000 enfants et jeunes scolarisés (de 3 à 17 ans). « Ces colonies offriront des activités ludiques et pédagogiques qui permettront aux enfants de renforcer savoirs et compétences dans la perspective de la rentrée prochaine » est-il précisé. Il s'agira d'un label attribué par l’État, en contrepartie duquel les collectivités recevront « un soutien financier inédit de 400 € par jeune et par semaine ».
Le deuxième dispositif, baptisé « école ouverte », existe déjà. La principale nouveauté réside dans le fait qu'il ne se limitera plus aux quartiers prioritaires de la politique de la ville, mais « (s'étendra) sur tout le territoire ». Avec ce dispositif, les 400 000 élèves, qu'espère toucher le ministère, suivront des cours de « renforcement scolaire le matin » et des « activités collectives (artistiques, sportives, culturelles...) l’après-midi ».
Le troisième dispositif est dérivé de l'école ouverte. Nommé « école ouverte buissonnière », il est l'équivalent d'une classe verte d'été. Le ministère explique que « des enfants aillent dans des écoles ouvertes à la campagne ou en zone littorale à la découverte de la nature et du patrimoine local, ou de partir en mini-camps sous tente avec son école ouverte ».
Le ministère mise, enfin, sur l'offre d'accueils de loisirs. L'objectif est double : « contribuer à (la) socialisation (des jeunes) dans la perspective de la rentrée scolaire » et « offrir aux parents une solution de garde de qualité et sécurisée ». Il faut pour cela en « faciliter » l’ouverture de nouveaux, « augmenter » leurs capacités d’accueil et « renforcer les contenus pédagogiques ». Une aide « ponctuelle exceptionnelle », de 30 millions d’euros (à valider dans la loi de finances rectificative) est mise sur la table. Avec une priorité affichée « aux territoires et publics les plus fragiles ».
Les communes sollicitées...
Le gouvernement a besoin des communes pour les mettre en oeuvre. Consultée non pas sur le principe même du dispositif mais sur ses modalités de mise en œuvre, l'AMF a fait part d’un certain nombre d’observations sur les moyens financiers et techniques pouvant être mobilisés par les collectivités, et s’est interrogée sur le protocole sanitaire qui s’appliquera aux différents accueils prévus cet été ainsi que sur les normes d’encadrement et de qualifications requises. Le calendrier s'annonce, dans tous les cas, serré puisque ces dispositifs doivent s'appliquer dès juillet. Ce sera la première difficulté même si les communes ont démontré leur capacité à réagir et à s'adapter jusqu'à présent.
L'accompagnement financier sera le point clé. Le gouvernement a donné un cadre général - reste à en connaître le détail. Or, d'expérience, « les maires savent que les aides de l’État ne sont jamais pérennes », prévient Sylvine Thomassin, maire de Bondy (Seine-Saint-Denis) et présidente de la commission éducation de l'AMF. Les maires travaillent par ailleurs déjà à la mise en place du dispositif 2C2S (Culture, Citoyenneté, Sport et Santé) en complément de l'école, et pour lequel le ministère a prévu 110 euros par groupe de 15 élèves. « Or c'est le double dont nous aurions besoin », glisse l'élue. Autres questions à éclaircir : quelle sera la répartition des tâches entre les enseignants et les animateurs concernant le volet du renforcement des apprentissages, et comment se monte le projet entre l’organisateur et le directeur d’école ?
A la veille de ces premières explications, l'AMF s'inquiétait de l'inégalité induite de ce type de mesures, dont la mise en œuvre dépendra des moyens que les communes pourront débloquer. À Bondy, la commune a elle déjà commencé à transformer dix hectares de bois en espace pour y développer des animations, culturelles, sportives tout l'été.
Emmanuelle Stroesser
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