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Édition du jeudi 28 novembre 2024
Éducation

Ce que l'on sait du programme d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle

Connaissance du corps, repérage des situations de harcèlement, santé sexuelle... : voici ce que l'on sait du projet de programme d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, qui doit être présenté en décembre, selon le texte non définitif consulté par l'AFP, et qui concernera notamment les écoles maternelles et élémentaires.

Par AFP et L.B.

La ministre de l'Éducation nationale Anne Genetet défend le projet de programme d'éducation à la sexualité à l'école, qui avait été déjà évoqué en 2023 par l’ex-ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye. Le texte présentant les grandes lignes du programme, dont la version actuelle n’est pas encore définitive, a pu être consulté par l’AFP.

En maternelle : corps, émotions, intimité

À l'école maternelle et élémentaire, le programme est centré sur la vie affective et relationnelle. En maternelle, il prévoit la prise en considération du corps, des sentiments, émotions, du respect de l'intimité et de l'égalité entre filles et garçons. Avant quatre ans, il s'agit de connaître son corps (nommer ses différentes parties), d'avoir conscience de l'intimité, d'apprendre à accepter et refuser (à travers des situations comme « est-ce que je peux m'assoir à côté de toi ? » ), ou d'être sensibilisé à l'égalité entre filles et garçons (comprendre par exemple qu'une activité ou un métier peuvent être choisis par tous). À partir de quatre ans, le programme inclut le fait d'identifier des adultes de confiance et d'apprendre à faire appel à eux, de distinguer ce que l'on peut garder pour soi (comme un secret) d'une situation de danger, ou encore de découvrir les différentes structures familiales (familles hétéroparentales, monoparentales, homoparentales, parents séparés...), selon ce projet de texte.

En élémentaire : changements du corps, violences, stéréotypes et numérique

En élémentaire, les élèves se voient notamment présenter des connaissances scientifiques plus précises sur leur corps (avec un vocabulaire adapté à leur âge) et leurs émotions.

À partir du CM1, ils apprennent aussi à connaître les principaux changements du corps à la puberté, à repérer les situations de harcèlement ou à comprendre les stéréotypes pour lutter contre les discriminations (par exemple lire des textes pour identifier les inégalités femmes/hommes dans l'histoire).

En CM2, les enfants apprennent aussi à repérer et se protéger des violences sexistes et sexuelles, ou à connaître leurs droits pour un usage sécurisé du numérique (dangers d'internet et des réseaux sociaux, interdiction des réseaux aux moins de 13 ans...).

Au collège : adolescence et appréhension de la sexualité

A partir du collège, le programme aborde aussi la sexualité. Il s'agit d'aider les élèves à « s'approprier »  les changements dont ils font l'expérience et « appréhender progressivement »  la notion de sexualité « dans l'ensemble de ses implications », selon le projet de texte. La coanimation des séances est privilégiée, soit entre professeurs, soit entre enseignants et autres intervenants (médicaux notamment). Il s'agit d'appréhender les changements du corps et le respect des autres en 6e, l'orientation sexuelle et le fait de développer librement sa personnalité notamment en 5e.      

En 4e, la sexualité est abordée comme une « réalité complexe »  (mêlant amour, reproduction, plaisir, faisant l'objet d'une série de représentations...) et en termes de santé (dont la prévention des risques). Les « incidences des réseaux sociaux sur les relations »  sont aussi évoquées. 

En 3e, les élèves doivent être amenés à « interroger les liens entre bonheur, émotion et sexualité », « savoir caractériser les situations problématiques »  (risques, mécanismes d'emprise...), les violences sexuelles ou les discriminations.

Au lycée : connaissances plus complètes et questionnement

Au lycée, où la coanimation des séances est aussi privilégiée, « la dimension réflexive et critique est approfondie »  et le programme invite « au développement de connaissances plus précises ou plus complètes ». La classe de seconde doit « explorer les tensions entre l'intime et le social »  (dont la protection à l'ère des réseaux sociaux), celle de première « les conduites, tentations, plaisirs et risques »  (à travers par exemple l'étude d'œuvres). La terminale « rassemble les acquis permettant à l'élève d'appréhender la sexualité en jeune adulte responsable », selon le projet de programme. Il s'agit, entre autres, de « connaître les sources fiables »  pour accéder « à un soutien en matière de santé sexuelle ».

Polémiques 

Avant même d'avoir été présenté, le programme a fait l'objet de nombreuses critiques. D'abord, sans surprise, de la part de collectifs conservateurs comme le Syndicat de la famille, anciennement connu sous le nom de La Manif pour tous. Ces derniers estiment que « le but de ce nouveau programme d'éducation affective et sexuelle est bien d'aller plus loin, en déroulant toute une idéologie ». 

Hier, à l'occasion des questions au gouvernement au Sénat, Alexandre Portier, ministre délégué chargé de la Réussite scolaire et de l'enseignement professionnel, a lui aussi pris position contre ce programme. « Je vous le dis comme élu et en tant que père de famille : ce programme en l'état n'est pas acceptable et doit être revu » . Il a dit vouloir notamment s'engager personnellement pour que « la théorie du genre ne trouve pas sa place dans nos écoles, parce qu'elle ne doit pas y avoir sa place ». « Le militantisme n'a pas non plus sa place dans nos écoles », a ajouté Alexandre Portier, qui souhaite « un encadrement très strict de tous les intervenants qui auront à porter ces sujets dans nos établissements, il est hors de question de transformer nos écoles en terrains militants ».

La semaine dernière, la ministre de l'Éducation précisait que la théorie du genre « n'est absolument pas présente dans ce programme » , ce que confirme l'AFP. Par ailleurs, la ministre continue de défendre ce programme qui sera présenté le 5 décembre au Conseil Supérieur des Programmes (CSP), et qui, selon la ministre, enseignera « des choses simples ».

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