Éducation artistique et culturelle : le gouvernement dévoile ses objectifs et mobilise les collectivités
Par Franck Lemarc
C’est en Conseil des ministres que Pap Ndiaye et Rima Abdul Malak, ministres de l’Éducation nationale et de la Culture, ont présenté hier une communication sur « le déploiement du Pass culture et l’éducation artistique et culturelle » (EAC). Ces deux dispositifs sont vus comme « un continuum accompagnant chaque individu, de l’enfance à l’entrée dans l’âge adulte ».
La lecture, grande cause nationale
L’axe prioritaire du gouvernement en matière d’EAC est la lecture, ont rappelé les ministres : « Dans un contexte d’addiction croissante des jeunes et des enfants aux écrans, de nombreuses actions ont été déployées pour donner le goût de la lecture » - ce qui a même été érigé au rang de grande cause nationale par le chef de l’État pour l'année 2022.
Les deux ministères (Éducation nationale et Culture) se sont « rapprochés » à travers de grandes opérations nationales (« Levez les yeux », autour du patrimoine de proximité, ou « La classe, l’œuvre », dans le cadre de la Nuit des musées). Le « Plan chorales » a « permis de développer les pratiques artistiques collectives à l’école », soulignent les ministres, sans toutefois donner de chiffres permettant de mesurer l’ampleur de cette action.
Plus généralement, ils se félicitent de ce que « 76 % des élèves » ont bénéficié « d’au moins une actions EAC en 2022 ».
Le Pass culture
Succès aussi pour le dispositif Pass culture, qui a bénéficié individuellement, depuis son lancement, à quelque 2,8 millions de jeunes. Le Pass culture était, à l’origine, strictement individuel, pour les jeunes de 18 ans. Depuis l’annonce de sa généralisation à compter du 1er janvier 2022, la part individuelle concerne chaque jeune, avec un crédit offert (20 euros à 15 ans, 30 euros à 16 et 17 ans, 300 euros à 18 ans, soit 380 euros au total), pour effectuer une dépense culturelle, quelle qu’elle soit (allant d’une place de théâtre ou de concert à l’achat d’un CD, d’un livre, d’un abonnement à une plate-forme musicale…).
Depuis 2022, le Pass culture comporte aussi une part collective, « effectuée en groupe sur le temps scolaire à partir de la 4e » », qui représente au total 120 euros par jeune jusqu’à la terminale (25 euros pour les élèves de quatrième et de troisième, 30 euros pour les élèves de seconde et de CAP, 20 euros pour les élèves de première et de terminale). Cette part collective du Pass a bénéficié à ce jour à « 4 millions d’élèves », dont une part « importante » (non chiffrée) dans les zones REP et REP+.
Le gouvernement consacre 236 millions d’euros par an à ce dispositif (185 millions pour le ministère de la Culture et 51 millions pour l’Éducation nationale).
Collectivités « 100 % EAC »
Pour l’avenir, le gouvernement fixe un objectif clair et ambitieux : 100 % des élèves et des établissements devront avoir bénéficié de la part collective du Pass culture fin 2026 (contre aujourd’hui 37 % des élèves et 70 % des établissements).
De nouveaux axes seront investis, comme « l’éducation aux médias et à l’information, qui joue un rôle crucial dans le développement de l’esprit critique et l’apprentissage de la citoyenneté ».
Plus généralement, en matière d’éducation artistique et culturelle, le gouvernement veut que 90 % des élèves (contre 76 % aujourd’hui) bénéficient, en 2026, d’au moins une action d’EAC. Le gouvernement compte notamment sur « les collectivités » pour atteindre cet objectif, en particulier pour leurs capacités à développer des actions culturelles dans le cadre du temps périscolaire et extrascolaire. Il incite les collectivités à obtenir le label « 100 % EAC », « qui valorise l’action des collectivités territoriales ». 79 d’entre elles ont obtenu ce label « et voient ainsi la cohérence de leur action renforcée grâce à une mise en relation avec tous les acteurs de l’EAC ». Le gouvernement souhaite parvenir au chiffre de 400 collectivités labellisées d’ici 2026.
L’AMF a toutefois souvent fait remarquer que l’EAC doit viser en priorité le temps scolaire, dans la mesure où elle touche tous les élèves, notamment ceux en difficulté, ce qui n’est pas le cas pour le temps périscolaire, qui est facultatif. L’organisation d’activités artistiques et culturelles sur le temps périscolaire dépend, quant à elle, des moyens bien disparates dont disposent les collectivités.
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