Édition du lundi 19 avril 2010
Xynthia: les élus des communes sinistrées demandent une «suspension du zonage» au président de la République et au Premier ministre
Malgré la visite du ministre de l'Ecologie en Charente-Maritime et en Vendée (voir nos informations en lien ci-dessous), les sinistrés de la tempête Xynthia mécontents ne désarment pas, soutenus par de nombreux élus.
Ainsi, les représentants de trente-trois communes et neuf associations de défense des victimes ont demandé, ainsi que Ségolène Royal, présidente de la Région Poitou-Charentes, dans une «lettre ouverte» adressée au président de la République et au Premier ministre, une «suspension du zonage».
Ils réclament également l'ouverture immédiate d'une concertation pour parvenir à un nouveau dispositif sur la base «d'une expertise contradictoire non contestée».
Par ailleurs, une association de sinistrés vendéens a également annoncé jeudi dans un communiqué avoir déposé une requête en référé devant le tribunal administratif de Nantes pour obtenir en urgence la communication des études qui ont servi à tracer les «zones noires».
L'Association des victimes des inondations de la Faute-sur-Mer, de l'Aiguillon-sur-Mer et des environs (AVIF), deux communes où 915 maisons sont concernées par la cartographie des «zones noires» délimitées après le passage de la tempête Xynthia, est représentée par l'ex-ministre de l'Environnement, l'avocate Corinne Lepage.
A la Rochelle, Jean-Louis Borloo avait, jeudi dernier, tenté de rassurer. Le ministre a déclaré à la presse à ce sujet, tout en envoyant un courrier aux élus concernés: «Il y a eu un malentendu, les zones évoquées ce sont des zones de solidarité, des zones de rachat, ce ne sont pas des zones de destruction massive, il y a un malentendu sur lequel il faut qu'on s'explique».
Dans ces zones dites «noires», «il y a un problème de valeur de biens, de patrimoine», a poursuivi le ministre de l'Ecologie. Il faut «que l'Etat garantisse la valeur des biens et s'engage, c'est une procédure exceptionnelle, à un accord amiable et après, parcelle par parcelle, maison par maison, là où il y a un risque avéré, on regardera ensemble les procédures habituelles et de droit commun», a-t-il ajouté.
«Le rachat c'est un avantage qui est donné aux gens, dans ces zones vous pouvez demander à partir, à vendre à l'amiable et comme il n'y aura pas beaucoup d'acheteurs l'Etat garantit la valeur», a-t-il encore déclaré.
Voici le texte de la lettre ouverte au président de la République et au Premier Ministre de la part des élus.
«Réunis le 14 avril 2010 à Bourcefranc par la présidente de la Région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, les maires des communes sinistrées à la suite de la tempête du 28 février 2010, ainsi que les associations de défense des habitants et de lenvironnement, ont exprimé leur volonté dunité daction et leur décision de mettre en place un collectif de défense, face à la brutalité des zonages et à lincohérence en de nombreux endroits du tracé.
Ils ont aussi manifesté leur colère face aux promesses non tenues daides durgence faites par le président de la République et les ministres sur le terrain.
Ils demandent solennellement dêtre respectés:
- Respect par la suspension du zonage annoncé par le préfet et louverture immédiate dune concertation des maires et des associations avant stabilisation dun nouveau zonage sur la base dexpertises sérieuses et contradictoires;
- Respect de la parole donnée, par le déblocage immédiat des fonds promis par le président de la République et par les ministres depuis près dun mois et demi et qui nont toujours pas été versés aux collectivités, aux ostréiculteurs, aux agriculteurs, aux entreprises sinistrées et aux personnes, alors que les besoins sont immenses et urgents;
- Respect de lengagement de rapidité pris par le Premier ministre selon lequel les personnes connaîtraient dans un mois au plus tard le montant des indemnisation proposées;
- Engagement de la responsabilité de lEtat quant au mauvais entretien des digues et présentation dun plan durgence de travaux.
Ils demandent justice, démocratie et humanité dans la prise en compte de leurs difficultés.»
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