Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 19 février 2016
Social

Toujours des « insuffisances » et des « retards » dans la lutte contre la pauvreté

Le Collectif Alerte et le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (CNLE) viennent de rendre chacun un bilan, mercredi et jeudi, sur l’avancement du plan national contre la pauvreté et pour l’inclusion, lancé en 2013.
Sur la progression de la pauvreté, le constat est le même que les années précédentes : « Le plan pauvreté n’a pas fait reculer fortement la pauvreté mais a permis d’amortir un peu le choc de la crise économique pour les plus fragiles ». Un constat contesté par la secrétaire d’État à la Lutte contre l'exclusion, Ségolène Neuville, qui assistait hier matin aux travaux du CNLE. Selon elle, les chiffres de 2014 - pas encore connus - devraient « plutôt montrer que l’on s’oriente vers une stabilisation ». Le rapport de l'Igas, chargée de faire chaque année un bilan de l'avancement du plan, est attendu pour début mars.
Pour les associations, ce plan et la feuille de route 2017 fixée par le Premier ministre l'an dernier souffrent « d'insuffisances et de retards ». En ligne de mire notamment cette année : les ambitions autour de la réforme de la prime d'activité et du RSA activité, mise en œuvre en 2016. Ni les associations ni le CNLE « ne peuvent se satisfaire d’un taux de recours de 50 % », autrement dit que cette prime ne touche « qu'un bénéficiaire sur deux ». Ce qui est le cas aujourd'hui, soit deux millions de personnes. La secrétaire d’État préfère, elle, voir le verre à moitié rempli et souligner la progression puisqu'une personne sur trois à peine ayant droit au RSA activité le demandaient (830 000 personnes). Mais il ne faut pas oublier que la prime d'activité était, elle, perçue par la totalité des personnes y ayant droit, soit près de 5,5 millions en 2014.
Sans surprise, les mots sont durs sur les résultats en matière d’emploi, d’hébergement et de logement qui « restent hélas, comme les deux années précédentes, un échec ». « Il y a là une source de souffrance forte, qui peut hélas conduire à une société plus violente », mettent en garde les associations.
Prenant au mot le président de la République qui avait parlé « d'état d'urgence sociale », le Collectif Alerte demande au gouvernement, mais aussi aux collectivités, d'aller « beaucoup plus loin et plus fort, en priorité pour assurer un toit et un emploi pour tous ».
S'agissant plus directement des communes et de leur CCAS, les associations et le CNLE critiquent leur inégal engagement sur la domiciliation. Les départements ne sont pas plus exemplaires puisque seuls 12 ont réalisé leur schéma de domiciliation. La secrétaire d’État a d'ailleurs annoncé hier qu'elle attendait que tous soient bouclés rapidement. C'est l'une de ses priorités.
Un satisfecit tout de même, pour saluer le changement de ton dans le discours officiel, « qui va dans le bon sens », mais pas « en ce qui concerne les Roms et les réfugiés »  dénonce le CNLE. Idem pour la stigmatisation et les discriminations faites à l’encontre des plus pauvres, qui « ne reculent pas ». C'est pourquoi associations et CNLE redemandent « l’introduction dans la législation française du critère de précarité sociale comme motif prohibé de discrimination ». Une proposition de loi a été adoptée en ce sens au Sénat en juin 2015 (lire Maire info du 22 juin 2015), mais n'a toujours pas été mise à l’ordre du jour de l'Assemblée nationale.
E.S.

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