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Édition du mercredi 14 février 2018
Santé publique

Système de santé : Edouard Philippe veut une « réforme globale » et lance cinq grands chantiers de réflexion

Le Premier ministre, Edouard Philippe, et la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, ont présenté hier, au centre hospitalier d’Eaubonne (Val d’Oise), les principes de la « stratégie »  du gouvernement pour transformer l’offre de soins en France.
Constatant la « souffrance »  des soignants et le déficit chronique des hôpitaux, « l’investissement insuffisant »  dans la prévention, « la difficulté d’accéder aux soins »  dans certains territoires ainsi que la « complexité et le cloisonnement de notre système », Edouard Philippe a décidé de « se donner trois mois pour réfléchir intensément »  à une « transformation de l’ensemble de notre système de santé ». Une transformation qu’il souhaite « globale, cohérente, méthodique ».
Ainsi, de mars à mai, le gouvernement enchaînera les concertations avec les professionnels de santé, de la ville, de l’hôpital, du médico-social, du public et du privé alors qu’une concertation numérique permettra aux citoyens d’y contribuer. L’objectif est d’étudier les cinq « grands chantiers structurants »  déjà définis : la qualité et la pertinence des soins, les modes de financement et de régulation, le numérique, la formation et la qualité de vie au travail des personnels de santé et, enfin, l’organisation territoriale des soins.
Dans le cadre du premier chantier, et afin de faire la chasse aux actes « inutiles », la Haute autorité de santé (HAS) devra définir des indicateurs de qualité des parcours qui portent sur les dix pathologies les plus fréquentes afin qu’ils soient systématisés dès l’année prochaine, des enquêtes auprès des personnels devront mesurer « systématiquement »  la satisfaction des patients et les différents ordres professionnels seront saisis pour qu’ils proposent, dès cet été, « des actions pour améliorer la pertinence des soins dans les pratiques ».
Edouard Philippe a également annoncé qu’il comptait s’en tenir aux promesses de campagne d’Emmanuel Macron et plafonner à « 50 % maximum »  la tarification à l’acte afin de « réformer en profondeur »  le financement des soins en France. Pour y arriver, une « task force »  sera mise en place et devra proposer « des modèles de financement nouveaux qui marquent une rupture avec la logique inflationniste actuelle »  d’ici à la fin d’année 2019. Elle devrait examiner la question de la tarification hospitalière, mais aussi les rémunérations des professionnels de santé, y compris en ville. Le ministère de la Santé devra, de son côté, formuler avant l’été des propositions pour améliorer la régulation de l’objectif national de dépenses d'assurance maladie (Ondam) et notamment de l’Ondam « soins de ville ».
Pour ce qui est de l’organisation territoriale des soins, le gouvernement prévoit que les regroupements territoriaux soient « approfondis ». « On ne doit pas organiser géographiquement de la même façon les soins de proximité et les soins de recours, c’est aussi une question de qualité », a indiqué Edouard Philippe qui mise aussi sur la poursuite de la structuration des soins de villes (avec la mise en œuvre des communautés professionnelles territoriales de santé), la poursuite du tissage des liens entre les soins de ville et l’hôpital, le lancement des expérimentations territoriales et l’élargissement du « virage ambulatoire »  à d’autres activités que la chirurgie.
Par ailleurs, le gouvernement a fixé trois objectifs stratégiques afin d’accélérer le « virage numérique » : l’accessibilité en ligne, pour chaque patient, de l’ensemble de ses données médicales ; la dématérialisation de l’intégralité des prescriptions ; la simplification du partage de l’information entre tous les professionnels de santé. Il souhaite également voir la télémédecine « devenir une activité soignante à part entière ».
Enfin, la formation des soignants sera remaniée. Outre le « service sanitaire »  obligatoire dès la rentrée de septembre, Edouard Philippe a promis « une réflexion sans tabou sur le numerus clausus ». Un nouveau « contrat social »  doit également être proposé aux agents de la fonction publique hospitalière, « en cohérence avec les orientations du Comité interministériel de la transformation publique pour l’ensemble des fonctions publiques ».
Pour l'heure, et afin de mener à bien ces chantiers, le Premier ministre a seulement annoncé que « 100 millions d’euros »  seront consacrés annuellement à l’accompagnement de cette transformation du système de santé.
A.W.

Télécharger le dossier de presse du ministère de la Santé.

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