Édition du mercredi 3 mars 2010
Retraites: le chef de l'Etat précise que la fonction publique n'échapperait pas à la réforme mais que celle-ci devrait tenir compte de sa spécificité
Le président de la République a promis mardi que les spécificités des fonctionnaires seraient prises en compte dans la réforme des retraites, qu'il s'est engagé à mener de façon «juste».
En visite dans la préfecture de l'Aisne, le chef de l'Etat a plus généralement défendu toutes les réformes menées dans la fonction publique, aujourd'hui particulièrement défiante envers sa politique, que ce soit en matière de statut, rémunération ou effectif.
«J'ai bien conscience de tous les changements qu'on vous impose. C'est normal que ça crée du stress et de l'inquiétude», a-t-il dit devant le personnel de la mairie de Laon.
Au cours d'une table ronde organisée avec des représentants des trois fonctions publiques -Etat, territoriale et hospitalière- il a une nouvelle fois justifié la politique de non remplacement d'un fonctionnaire de l'Etat sur deux partant à la retraite par l'inflation des embauches entre 1981 et 2007.
Il a rappelé la «revalorisation des traitements» qui découle de cette pratique, le gouvernement ayant promis d'y consacrer 50% des économies réalisées.
S'agissant des retraites, un des grands chantiers sociaux de 2010, il a souligné que la fonction publique n'échapperait pas à la réforme mais que celle-ci devrait tenir compte de sa spécificité, comme son niveau de pension actuellement calculé sur les six derniers mois de carrière contre 25 ans dans le privé.
«Il y a ceux qui protestent contre cette 'spécificité'. Je rappelle que les primes ne sont pas dans le calcul des six derniers mois. On mettra tout sur la table!», a assuré Nicolas Sarkozy.
«Je ferai la réforme des retraites mais je la ferai de façon juste et, dans mon esprit, ça concerne les fonctionnaires aussi», a-t-il ajouté, en s'engageant à ne «pas faire les choses derrière le rideau».
Le chef de l'Etat a abordé d'autres sujets sensibles comme la valorisation des compétences dans la fonction publique, ses concours d'accès dont la difficulté théorique l'«effare» ou sa mobilité qu'il a jugée insuffisante.
Sur ce dernier point, il a déploré la polémique récente, «effrayante de mauvaise foi», autour du décret instituant la mise en disponibilité sans salaire d'un agent qui refuserait trois propositions de mutation.
«Aujourd'hui, quelqu'un dont le poste est supprimé n'a aucune protection. Ce que nous avons mis en place, c'est un système où il y aura trois propositions qui tiennent compte de votre famille, de l'endroit où vous habitez, de vos compétences. C'est beaucoup plus protecteur», a-t-il dit.
«Je souhaite également qu'on arrête de faire cette séparation entre fonction publique territoriale et fonction publique nationale (...) Il n'y a pas une petite et une grande (fonction publique), pas une noble et une qui ne l'est pas. Il faut mettre de la fluidité dans tout ceci», a-t-il ajouté.
(Avec Reuters)
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