Maire-info
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Édition du mercredi 4 avril 2018
Migrants

Projet de loi asile : Gérard Collomb entrouvre la porte à un assouplissement sur la durée de la rétention

Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a entrouvert la porte hier à un assouplissement des dispositions de son projet de loi pour une immigration maîtirsée et un droit à l’asile effectif sur la durée maximale de la rétention, se disant « prêt à étudier »  les propositions des députés. « Je sais que certaines dispositions peuvent susciter un certain nombre de questionnements », a assuré Gérard Collomb devant la commission des lois de l'Assemblée nationale, alors que son texte prévoit de doubler, à 90 jours maximum, la durée possible de rétention des étrangers en attente de leur expulsion -- voire 135 en cas d'obstruction.
« J'entends les préoccupations exprimées et sans perdre de vue la nécessité d'un allongement du temps de la rétention, je suis prêt à étudier avec votre commission les modalités les plus appropriées pour concilier humanité et efficacité », a-t-il ajouté, alors que plusieurs amendements ont été déposés par le groupe LaREM pour ramener à 90 jours grand maximum la durée possible. Les députés de la majorité présidentielle ont déposé pas moins de 363 amendements sur un total de quelque 900 amendements.
Le ministre de l’Intérieur a par ailleurs assuré « qu'au bout de six mois nous pourrons faire en sorte que les migrants puissent avoir un travail », alors que des amendements ont été déposés pour ouvrir le marché de l'emploi aux demandeurs d'asile six mois après le dépôt de leur dossier (contre neuf mois actuellement). « Je forme le voeu que nous sachions collectivement nous montrer dignes des enjeux qui sont ceux de la période », a-t-il ajouté, alors que le texte suscite des crispations notamment dans la majorité parlementaire.
Le ministre a également souligné que l’axe central du projet de loi était de réduire l’examen de la demande d’asile à six mois en « s'alignant pour l’essentiel sur les procédures qui sont celles des autres pays européens de manière à ne créer aucun effet de distorsion ».
« J’ai peur que si jamais nous ne résolvions pas le problème qui est devant nous, avec une volonté d'humanisme et d'efficacité, d'autres demain se chargent de le résoudre sans humanisme mais avec une grande volonté d'efficacité », a mis en garde Gérard Collomb, dans une allusion voilée aux montées des partis populistes en Europe. « Je vois comment, petit à petit, se dissolvent les valeurs qui ont fait l'Europe. Je ne voudrais pas qu'il en soit ainsi »  en France « et pour cela il faut que nous soyons capables de prendre nos responsabilités et d'adopter une loi »  sur le sujet.
Appelant à faire preuve « de solidarité, de générosité », le ministre a martelé que « toutes les personnes qui n'ont pas vocation à rester en France parce qu'elles n'ont pas le droit d'asile doivent être reconduites »  à la frontière.
En Allemagne « 500 000 personnes ont été déboutées en trois ans et aujourd'hui essaient de gagner d'autres pays, et en particulier la France », a ajouté Gérard Collomb, pour qui « certaines régions sont en train de se déconstruire parce qu'elles sont submergées par les flux de demandeurs d'asile ».
Mais sans accueil correct, les nouveaux arrivants iront « dans des quartiers paupérisés où ils viendront rajouter de la misère à la misère et si on a des populations qui se sentent totalement marginalisées, à l'abandon (...) il ne faudra pas s'étonner demain que se produisent dans notre pays un certain nombre de dérives », a-t-il ajouté.
Le texte sera débattu en séance publique à partir du 16 avril prochain. (Avec AFP)

Télécharger le texte du projet de loi.

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