Édition du jeudi 8 décembre 2016
Pollution : des maires qui se sentent bien seuls
Malgré les mesures de restriction de circulation mises en place par la préfecture de police, le niveau de pollution reste très élevé en Île-de-France ce matin, ainsi que dans d’autres régions.
Ce sont, en dehors de la région capitale, les Hauts-de-France, la vallée du Rhône et une partie des Alpes qui sont les plus touchés. Hier, une manifestation a par exemple eu lieu dans la vallée de l’Arve (Ain), baptisée « Défilé des asphyxiés », avec le soutien de plusieurs maires locaux. Cette vallée concentre toutes les difficultés imaginables en la matière : topographiques, avec l’encaissement qui « piège » la pollution, nombreuses usines, ballet incessant de camions assurant le transport en France et Italie… Ceci s’ajoutant aux conditions qui frappent le reste du pays – anticyclone persistant, manque de vent, froid qui oblige à pousser le chauffage.
Le maire de Chamonix, Éric Fournier, s’est exprimé dans la presse ce matin pour protester contre cette situation et relayer « la colère et l’indignation » de la population, alors que selon lui, malgré les demandes des élus locaux, « rien n’est fait depuis des années » notamment pour réguler le trafic des poids lourds.
On touche ici à un des problèmes de fond de cette situation : la doctrine actuelle, côté gouvernement, semble être de mettre un maximum de responsabilités sur les épaules des maires, sans que suffisamment de mesures soient prises au niveau national. C’est d’ailleurs en partie la philosophie de la loi de transition énergétique, qui permet aux maires de prendre localement les mesures qu’ils souhaitent, ou de l’appel à projet « villes respirables », lancé le 2 juin 2015 par Ségolène Royal, et engageant « communes et intercommunalités à garantir dans les cinq ans un air sain aux populations ». À l’époque, un certain nombre de maires s’étaient montrés plus que dubitatifs sur la possibilité qu’ils auraient, à eux seuls, de « garantir un air sain » … L’exemple de la vallée de l’Arve est flagrant de ce point de vue : cette vallée de 105 km de longueur comporte plusieurs pôles urbains distincts (Sallanches, Bonneville, Cluses, une partie de l’agglomération de Chamonix) et surtout plus d’un millier de petites usines de décolletage ; sans compter un réseau routier qui voit passer 10 000 véhicules par jour et 600 000 poids-lourds par an se dirigeant vers le tunnel du Mont-Blanc ! Dans ces conditions, on voit mal ce que les maires, tout seuls, pourraient faire pour « garantir un air sain ».
De ce point de vue, les premiers bilans que l’on peut tirer de la circulation alternée édictée en région parisienne ne sont pas bons. Pour la première fois, cette mesure a été poursuivie au-delà d’une journée – et reconduite encore ce matin, pour un troisième jour. L’impact de la mesure sur les taux de pollution est infime, reconnaît AirParif, qui explique toutefois que si elle ne permet pas de faire baisser réellement le taux de micro-polluants, elle permet du moins de le faire moins augmenter. Mais le vrai problème est que la circulation alternée n’est pas respectée : alors que la moitié des véhicules sont théoriquement interdits, le trafic n’a diminué que de « 5 à 10 % ». Des pics d’embouteillages qualifiés « d’exceptionnels » ont même été constatés hier aux heures de pointe. La panne géante du RER B, dans le nord de Paris, qui s’est prolongée un jour et demi, n’a évidemment rien arrangé.
On touche là aux limites de ce type de dispositifs. Ni l’État ni les villes n’ont assez d’effectifs disponibles de forces de l’ordre, en plein état d’urgence, pour assurer suffisamment de contrôles. Et plus généralement, un certain nombre d’automobilistes, même en Île-de-France où le réseau de transports collectifs est plutôt dense, préfèrent encore prendre le risque de passer outre l’interdiction plutôt que de perdre du temps dans les transports. On le voit, les solutions à cet imbroglio dépassent, et de loin, les seules compétences des maires.
Ce sont, en dehors de la région capitale, les Hauts-de-France, la vallée du Rhône et une partie des Alpes qui sont les plus touchés. Hier, une manifestation a par exemple eu lieu dans la vallée de l’Arve (Ain), baptisée « Défilé des asphyxiés », avec le soutien de plusieurs maires locaux. Cette vallée concentre toutes les difficultés imaginables en la matière : topographiques, avec l’encaissement qui « piège » la pollution, nombreuses usines, ballet incessant de camions assurant le transport en France et Italie… Ceci s’ajoutant aux conditions qui frappent le reste du pays – anticyclone persistant, manque de vent, froid qui oblige à pousser le chauffage.
Le maire de Chamonix, Éric Fournier, s’est exprimé dans la presse ce matin pour protester contre cette situation et relayer « la colère et l’indignation » de la population, alors que selon lui, malgré les demandes des élus locaux, « rien n’est fait depuis des années » notamment pour réguler le trafic des poids lourds.
On touche ici à un des problèmes de fond de cette situation : la doctrine actuelle, côté gouvernement, semble être de mettre un maximum de responsabilités sur les épaules des maires, sans que suffisamment de mesures soient prises au niveau national. C’est d’ailleurs en partie la philosophie de la loi de transition énergétique, qui permet aux maires de prendre localement les mesures qu’ils souhaitent, ou de l’appel à projet « villes respirables », lancé le 2 juin 2015 par Ségolène Royal, et engageant « communes et intercommunalités à garantir dans les cinq ans un air sain aux populations ». À l’époque, un certain nombre de maires s’étaient montrés plus que dubitatifs sur la possibilité qu’ils auraient, à eux seuls, de « garantir un air sain » … L’exemple de la vallée de l’Arve est flagrant de ce point de vue : cette vallée de 105 km de longueur comporte plusieurs pôles urbains distincts (Sallanches, Bonneville, Cluses, une partie de l’agglomération de Chamonix) et surtout plus d’un millier de petites usines de décolletage ; sans compter un réseau routier qui voit passer 10 000 véhicules par jour et 600 000 poids-lourds par an se dirigeant vers le tunnel du Mont-Blanc ! Dans ces conditions, on voit mal ce que les maires, tout seuls, pourraient faire pour « garantir un air sain ».
De ce point de vue, les premiers bilans que l’on peut tirer de la circulation alternée édictée en région parisienne ne sont pas bons. Pour la première fois, cette mesure a été poursuivie au-delà d’une journée – et reconduite encore ce matin, pour un troisième jour. L’impact de la mesure sur les taux de pollution est infime, reconnaît AirParif, qui explique toutefois que si elle ne permet pas de faire baisser réellement le taux de micro-polluants, elle permet du moins de le faire moins augmenter. Mais le vrai problème est que la circulation alternée n’est pas respectée : alors que la moitié des véhicules sont théoriquement interdits, le trafic n’a diminué que de « 5 à 10 % ». Des pics d’embouteillages qualifiés « d’exceptionnels » ont même été constatés hier aux heures de pointe. La panne géante du RER B, dans le nord de Paris, qui s’est prolongée un jour et demi, n’a évidemment rien arrangé.
On touche là aux limites de ce type de dispositifs. Ni l’État ni les villes n’ont assez d’effectifs disponibles de forces de l’ordre, en plein état d’urgence, pour assurer suffisamment de contrôles. Et plus généralement, un certain nombre d’automobilistes, même en Île-de-France où le réseau de transports collectifs est plutôt dense, préfèrent encore prendre le risque de passer outre l’interdiction plutôt que de perdre du temps dans les transports. On le voit, les solutions à cet imbroglio dépassent, et de loin, les seules compétences des maires.
F.L.
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
S'ABONNER GRATUITEMENT
NOUS ÉCRIRE
DANS L'ÉDITION DU JOUR
Les députés ont amendé et adopté le projet de budget rectificatif 2016
Une enquête fait le point sur les travaux de sécurisation des écoles
Un train pour faire découvrir et valoriser la diversité des Outre-mer
La hausse de l'emploi se poursuit au troisième trimestre, portée par l'intérim
Retrouver une édition
Accéder au site