Édition du mardi 24 mai 2016
Pharmacies : inquiétante diminution du nombre d'officines
L’Ordre national des pharmaciens a publié vendredi son rapport annuel sur la démographie des pharmaciens. S’il montre une situation encore satisfaisante en termes de couverture territoriale, il met aussi en lumière des motifs d’inquiétude pour l’avenir.
Il y avait, au 1er janvier 2016, 22 221 pharmacies en France (dont 630 en outre-mer). Ce chiffre est en légère baisse par rapport à l’année précédente (-0,8 %), et l’Ordre note que les fermetures d’officine « s’accélèrent » : en 2015, « une pharmacie a fermé tous les deux jours ». Ces fermetures sont plus marquées dans les territoires ruraux : la Corrèze a vu le nombre d’officines baisser de 3,6 %, l’Orne de 3 %. Si le rapport note que « le maillage territorial reste toujours harmonieux » (un tiers des officines se trouvent dans des communes de moins de 5 000 habitants), ses auteurs s’inquiètent tout de même de ce mouvement décroissant, qui s’explique en partie par le fait que les jeunes diplômés se tournent de moins en moins vers la filière officine : « Seulement 30 % des étudiants choisissent cette filière, contre 60 à 70 % auparavant ». De plus en plus de jeunes diplômés choisissent plutôt les filières hospitalières, laborantines ou industrielles.
Le problème ne va faire que s’accentuer avec le vieillissement de la profession : « 2 347 pharmaciens ont 66 ans et plus, un chiffre qui a plus que doublé en dix ans », note l’Ordre. Dans les dix ans qui viennent, presque 21 000 pharmaciens, aujourd’hui âgés de 56 et plus, devraient partir en retraite. Il se pose donc un problème « crucial » d’attractivité de la filière officinale, jugent les auteurs de l’étude.
Pourtant, le nombre de pharmaciens est d’année en année en augmentation : il y a, en 2016, 262 pharmaciens de plus qu’en 2015 – notamment parce que le numerus clausus a été légèrement augmenté depuis 2008. Mais beaucoup de jeunes diplômés préfèrent aller travailler dans d’autres filières que les officines.
Le rapport note également que pour ce qui est des laboratoires de biologie médicale (LBM), « la couverture nationale en sites reste préservée ». Mais là encore, les disparités sont considérables entre les territoires : l’écart de densité, d’un territoire à l’autre, va de 2 LBM pour 100 000 habitants dans certaines zones rurales à 38,6 dans les zones très urbaines ! La moyenne nationale est de 5,7 LBM pour 100 000 habitants.
Dans ce contexte, l’Ordre national des pharmaciens demande avec insistance au gouvernement de prendre des décisions rapides pour améliorer l’attractivité de la filière officinale. Pour les porte-parole de l’Ordre, c’est en grande partie le flou qui règne sur l’avenir qui empêche les jeunes de se tourner vers cette filière : « On ne peut pas reprocher aux jeunes de se détourner d’une filière quand ils ne savent pas où va leur avenir », déclarait vendredi Isabelle Adenot, présidente du Conseil national de l’Ordre. « Quelles bonnes pratiques ? Quelles nouvelles prestations ? Quelles modalités d’association ? Quelles règles d’implantation territoriale ? ». Et d’ajouter : « Les retards de publication des textes qui concernent la filière officine freinent les initiatives qui rendraient pourtant des services incontestables à la population française. » Le texte dont les pharmaciens attendent si impatiemment la publication est l’ordonnance prévue par la LMSS (loi de modernisation de notre système de santé) du 26 janvier 2016. À l’article 204, il est dit que le gouvernement peut légiférer par ordonnance notamment pour « adapter les conditions de création, de transfert, de regroupement et de cession des officines de pharmacie, notamment au sein d'une commune ou de communes avoisinantes ». Le Conseil national de l’Ordre dit aujourd’hui être prêt à « user des voies de recours » si cette ordonnance n’est pas rapidement publiée. On ne voit cela dit pas tellement sur quelle base, puisque le gouvernement est juridiquement dans les clous : l’article 204 précise que les ordonnances doivent être prises « dans un délai de douze mois à compter de la promulgation de la présente loi ». Il a donc jusqu’au 26 janvier 2017 pour agir.
Rappelons qu'au congrès de l'AMF, le 31 mai, un débat sur la santé et l'accès aux soins aura lieu, au grand auditorium, à 9 h 30.
Télécharger le bilan démographique annuel de l’ONP.
Il y avait, au 1er janvier 2016, 22 221 pharmacies en France (dont 630 en outre-mer). Ce chiffre est en légère baisse par rapport à l’année précédente (-0,8 %), et l’Ordre note que les fermetures d’officine « s’accélèrent » : en 2015, « une pharmacie a fermé tous les deux jours ». Ces fermetures sont plus marquées dans les territoires ruraux : la Corrèze a vu le nombre d’officines baisser de 3,6 %, l’Orne de 3 %. Si le rapport note que « le maillage territorial reste toujours harmonieux » (un tiers des officines se trouvent dans des communes de moins de 5 000 habitants), ses auteurs s’inquiètent tout de même de ce mouvement décroissant, qui s’explique en partie par le fait que les jeunes diplômés se tournent de moins en moins vers la filière officine : « Seulement 30 % des étudiants choisissent cette filière, contre 60 à 70 % auparavant ». De plus en plus de jeunes diplômés choisissent plutôt les filières hospitalières, laborantines ou industrielles.
Le problème ne va faire que s’accentuer avec le vieillissement de la profession : « 2 347 pharmaciens ont 66 ans et plus, un chiffre qui a plus que doublé en dix ans », note l’Ordre. Dans les dix ans qui viennent, presque 21 000 pharmaciens, aujourd’hui âgés de 56 et plus, devraient partir en retraite. Il se pose donc un problème « crucial » d’attractivité de la filière officinale, jugent les auteurs de l’étude.
Pourtant, le nombre de pharmaciens est d’année en année en augmentation : il y a, en 2016, 262 pharmaciens de plus qu’en 2015 – notamment parce que le numerus clausus a été légèrement augmenté depuis 2008. Mais beaucoup de jeunes diplômés préfèrent aller travailler dans d’autres filières que les officines.
Le rapport note également que pour ce qui est des laboratoires de biologie médicale (LBM), « la couverture nationale en sites reste préservée ». Mais là encore, les disparités sont considérables entre les territoires : l’écart de densité, d’un territoire à l’autre, va de 2 LBM pour 100 000 habitants dans certaines zones rurales à 38,6 dans les zones très urbaines ! La moyenne nationale est de 5,7 LBM pour 100 000 habitants.
Dans ce contexte, l’Ordre national des pharmaciens demande avec insistance au gouvernement de prendre des décisions rapides pour améliorer l’attractivité de la filière officinale. Pour les porte-parole de l’Ordre, c’est en grande partie le flou qui règne sur l’avenir qui empêche les jeunes de se tourner vers cette filière : « On ne peut pas reprocher aux jeunes de se détourner d’une filière quand ils ne savent pas où va leur avenir », déclarait vendredi Isabelle Adenot, présidente du Conseil national de l’Ordre. « Quelles bonnes pratiques ? Quelles nouvelles prestations ? Quelles modalités d’association ? Quelles règles d’implantation territoriale ? ». Et d’ajouter : « Les retards de publication des textes qui concernent la filière officine freinent les initiatives qui rendraient pourtant des services incontestables à la population française. » Le texte dont les pharmaciens attendent si impatiemment la publication est l’ordonnance prévue par la LMSS (loi de modernisation de notre système de santé) du 26 janvier 2016. À l’article 204, il est dit que le gouvernement peut légiférer par ordonnance notamment pour « adapter les conditions de création, de transfert, de regroupement et de cession des officines de pharmacie, notamment au sein d'une commune ou de communes avoisinantes ». Le Conseil national de l’Ordre dit aujourd’hui être prêt à « user des voies de recours » si cette ordonnance n’est pas rapidement publiée. On ne voit cela dit pas tellement sur quelle base, puisque le gouvernement est juridiquement dans les clous : l’article 204 précise que les ordonnances doivent être prises « dans un délai de douze mois à compter de la promulgation de la présente loi ». Il a donc jusqu’au 26 janvier 2017 pour agir.
Rappelons qu'au congrès de l'AMF, le 31 mai, un débat sur la santé et l'accès aux soins aura lieu, au grand auditorium, à 9 h 30.
F.L.
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