Édition du jeudi 26 juillet 2018
Pénurie de bitume, sur fond de rapide dégradation du réseau routier
Le gouvernement a organisé, mardi, une réunion au ministère des Transports pour discuter de la pénurie de bitume qui semble toucher une partie du pays, ralentissant fortement des chantiers de rénovation des routes et des voiries.
L’été est la saison la plus favorable aux travaux de rénovation des routes. Pourtant, plusieurs chantiers sont actuellement à l’arrêt, faute de bitume. L’association professionnelle Routes de France, qui regroupe les entreprises du secteur (Colas, Eurovia, Eiffage…) a tiré la sonnette d’alarme la semaine dernière en annonçant que dans la moitié nord du pays, plusieurs entreprises ne sont « plus livrées depuis trois semaines » et que la situation est « très pénalisante ». Sans avancer de raison formellement identifiée à cette pénurie, plusieurs entreprises mettent en avant les conséquences de la grève à la SCNF : cette grève aurait conduit à « un report significatif » du rail vers la route, conduisant à « un manque de camions et de conducteurs disponibles », communique l’Ufip (Union française des industries pétrolières, dont dépend la fabrication du bitume).
Au sortir de la réunion de mardi, le gouvernement a annoncé qu’il avait été décidé de « constituer une cellule de coordination pour assurer le suivi hebdomadaire de la situation et améliorer la prévision des besoins ».
Cette situation intervient peu après que le gouvernement eut rendu publique, mi-juillet, la synthèse d’un rapport particulièrement alarmant sur l’état des routes. Cette synthèse de 8 pages (téléchargeable ci-dessous), consacrée au réseau non concédé (21 000 km de routes), décrit « un réseau vieillissant et dégradé » , sur lequel « la dégradation des chaussées et des ouvrages d’art est préoccupante » : 17 % des chaussées nécessitent « des réparations structurelles » et « un pont sur trois est à réparer ». Dans 7 % des cas, pour ce qui est des ponts, il y a même « un risque d’effondrement ».
En cause, selon le rapport : des trafics trop élevés, l’accélération de la survenue d’événements climatiques « extrêmes » et surtout « une insuffisance de moyens consacrés à l’entretien et la gestion du réseau ». Les auteurs du rapport notent que la France est en situation de « sous-investissement » par rapport à ses voisins (la Grande-Bretagne dépense par exemple 80 000 euros par kilomètre et par an pour entretenir son réseau, contre 50 000 en France). Et ils préviennent que si la situation reste en l’état, les coûts deviendront exponentiels : « Si on continue à dépenser 666 millions d’euros par an jusqu’en 2022, il faudra ensuite investir 1,3 milliard d’euros par an jusqu’en 2037 pour revenir à l’état actuel ». Sans changement de régime, en 2037, selon les simulations effectuées par les experts, 6 % des ponts seront hors d’usage et 62 % des chaussées seront « très dégradées ».
Beaucoup d’associations de défense de l’environnement pointent le fait que cette dégradation rapide du réseau est en grande partie due à la circulation des poids lourds et militent pour une véritable politique de transfert du fret vers le rail. Et rappellent un détail douloureux : au début des années 2010, lors du débat sur l’écotaxe, un décret avait permis la circulation des camions de 44 tonnes sur tout le réseau routier, en compensation, en quelque sorte, de l’écotaxe. Un rapport du Conseil général du développement durable avait alors chiffré le coût de cette décision, en matière d’entretien des routes, à 400 millions d’euros annuels !
Depuis, l’écotaxe a été abandonnée… mais pas le décret sur la circulation des camions de 44 tonnes.
L’été est la saison la plus favorable aux travaux de rénovation des routes. Pourtant, plusieurs chantiers sont actuellement à l’arrêt, faute de bitume. L’association professionnelle Routes de France, qui regroupe les entreprises du secteur (Colas, Eurovia, Eiffage…) a tiré la sonnette d’alarme la semaine dernière en annonçant que dans la moitié nord du pays, plusieurs entreprises ne sont « plus livrées depuis trois semaines » et que la situation est « très pénalisante ». Sans avancer de raison formellement identifiée à cette pénurie, plusieurs entreprises mettent en avant les conséquences de la grève à la SCNF : cette grève aurait conduit à « un report significatif » du rail vers la route, conduisant à « un manque de camions et de conducteurs disponibles », communique l’Ufip (Union française des industries pétrolières, dont dépend la fabrication du bitume).
Au sortir de la réunion de mardi, le gouvernement a annoncé qu’il avait été décidé de « constituer une cellule de coordination pour assurer le suivi hebdomadaire de la situation et améliorer la prévision des besoins ».
Cette situation intervient peu après que le gouvernement eut rendu publique, mi-juillet, la synthèse d’un rapport particulièrement alarmant sur l’état des routes. Cette synthèse de 8 pages (téléchargeable ci-dessous), consacrée au réseau non concédé (21 000 km de routes), décrit « un réseau vieillissant et dégradé » , sur lequel « la dégradation des chaussées et des ouvrages d’art est préoccupante » : 17 % des chaussées nécessitent « des réparations structurelles » et « un pont sur trois est à réparer ». Dans 7 % des cas, pour ce qui est des ponts, il y a même « un risque d’effondrement ».
En cause, selon le rapport : des trafics trop élevés, l’accélération de la survenue d’événements climatiques « extrêmes » et surtout « une insuffisance de moyens consacrés à l’entretien et la gestion du réseau ». Les auteurs du rapport notent que la France est en situation de « sous-investissement » par rapport à ses voisins (la Grande-Bretagne dépense par exemple 80 000 euros par kilomètre et par an pour entretenir son réseau, contre 50 000 en France). Et ils préviennent que si la situation reste en l’état, les coûts deviendront exponentiels : « Si on continue à dépenser 666 millions d’euros par an jusqu’en 2022, il faudra ensuite investir 1,3 milliard d’euros par an jusqu’en 2037 pour revenir à l’état actuel ». Sans changement de régime, en 2037, selon les simulations effectuées par les experts, 6 % des ponts seront hors d’usage et 62 % des chaussées seront « très dégradées ».
Beaucoup d’associations de défense de l’environnement pointent le fait que cette dégradation rapide du réseau est en grande partie due à la circulation des poids lourds et militent pour une véritable politique de transfert du fret vers le rail. Et rappellent un détail douloureux : au début des années 2010, lors du débat sur l’écotaxe, un décret avait permis la circulation des camions de 44 tonnes sur tout le réseau routier, en compensation, en quelque sorte, de l’écotaxe. Un rapport du Conseil général du développement durable avait alors chiffré le coût de cette décision, en matière d’entretien des routes, à 400 millions d’euros annuels !
Depuis, l’écotaxe a été abandonnée… mais pas le décret sur la circulation des camions de 44 tonnes.
F.L.
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