Édition du jeudi 6 novembre 2014
Pauvreté : le Secours catholique tire une nouvelle fois la sonnette d'alarme
« Une pauvreté désormais profondément ancrée dans notre pays ». C’est par ces mots que les deux dirigeants du Secours catholique, Bernard Thibaud et Véronique Fayet (ancienne vice-présidente de la communauté urbaine de Bordeaux), introduisent le rapport 2013 de leur association. Avec un constat qui se répète, année après année : non seulement la pauvreté s’aggrave dans le pays, mais elle s’installe, au point de devenir partie intégrante du paysage social – d’où le titre frappant choisi pour l’édition de cette année : Ces pauvretés qu’on ne voit plus.
Le document du Secours catholique est d’abord un rapport statistique, qui livre des données brutes sur les personnes accueillies l’an dernier par l’association. Ces 1,5 million de personnes ont un revenu moyen de 515 euros par mois. Mais 16 % d’entre elles n’ont strictement aucun revenu, soit parce qu’elles ont moins de 25 ans et n’ont à ce titre pas droit au RSA, soit parce qu’il s’agit de migrants en situation irrégulière. L’association note que 24 % des personnes accueillies sont des couples avec enfants, ce qui est d’après elle « le fait le plus marquant du rapport ». Le Secours catholique a accueilli l’an dernier – constat accablant – 692 000 enfants pauvres.
Autre constat marquant : si la grande majorité des personnes accueillies est en situation d’inactivité (chômage, invalidité, retraite, etc.), 18,3 % d’entre elles ont un travail. Pire, 5 % ont même un CDI à temps complet. Autrement dit, le fait d’avoir un travail ne protège plus forcément de la pauvreté – l’association rappelle d’ailleurs que depuis 2008, le nombre de « travailleurs pauvres » est en constante augmentation dans toute l’Europe.
On retiendra de ce rapport un intéressant chapitre consacré à la « géographie de la précarité », qui met le doigt sur la « diversité des pauvretés entre grandes et petites villes ». Contrairement aux idées reçues, la pauvreté n’est pas qu’un phénomène de grandes villes, loin de là : une personne sur cinq accueillie par le Secours catholique habite une commune de moins de 5 000 habitants. En particulier, les petites communes ont un taux plus important de personnes frappées par la précarité énergétique. « Les ménages des petites villes, explique l’association, sont plus souvent propriétaires que les ménages des grandes villes et plus souvent locataires du parc privé. Ils peuvent donc moins souvent se permettre de se retrouver en situation d’impayés de loyers et reportent leurs dettes sur les factures énergétiques. » Par ailleurs, dans les territoires ruraux, la facture énergétique est alourdie par les frais de carburants. L’association relève que 22 % des ménages français n’ont pas accès aux transports publics, et n’ont donc pas d’autre choix que d’utiliser la voiture.
Un chiffre permet de mesurer l’aggravation de la situation en matière énergétique : en 2010, explique l’association, 13 % des ménages accueillis exprimaient un besoin en termes d’accompagnement pour le paiement de la facture d’énergie. Ils sont 20 % aujourd’hui. Parmi les accueillis qui ont un logement, 70 % sont en situation d’impayé sur l’énergie. Le moins que l’on puisse dire est que les effets de la loi Brottes sur la lutte contre la précarité énergétique ne se font pas encore sentir.
Il ressort du rapport que, dans cette situation qui se dégrade, ce sont bien souvent les maires et les services sociaux des communes qui sont en première ligne face à la pauvreté… avec des moyens toujours plus insuffisants pour y faire face.
Télécharger le rapport 2013 du Secours catholique.
Le document du Secours catholique est d’abord un rapport statistique, qui livre des données brutes sur les personnes accueillies l’an dernier par l’association. Ces 1,5 million de personnes ont un revenu moyen de 515 euros par mois. Mais 16 % d’entre elles n’ont strictement aucun revenu, soit parce qu’elles ont moins de 25 ans et n’ont à ce titre pas droit au RSA, soit parce qu’il s’agit de migrants en situation irrégulière. L’association note que 24 % des personnes accueillies sont des couples avec enfants, ce qui est d’après elle « le fait le plus marquant du rapport ». Le Secours catholique a accueilli l’an dernier – constat accablant – 692 000 enfants pauvres.
Autre constat marquant : si la grande majorité des personnes accueillies est en situation d’inactivité (chômage, invalidité, retraite, etc.), 18,3 % d’entre elles ont un travail. Pire, 5 % ont même un CDI à temps complet. Autrement dit, le fait d’avoir un travail ne protège plus forcément de la pauvreté – l’association rappelle d’ailleurs que depuis 2008, le nombre de « travailleurs pauvres » est en constante augmentation dans toute l’Europe.
On retiendra de ce rapport un intéressant chapitre consacré à la « géographie de la précarité », qui met le doigt sur la « diversité des pauvretés entre grandes et petites villes ». Contrairement aux idées reçues, la pauvreté n’est pas qu’un phénomène de grandes villes, loin de là : une personne sur cinq accueillie par le Secours catholique habite une commune de moins de 5 000 habitants. En particulier, les petites communes ont un taux plus important de personnes frappées par la précarité énergétique. « Les ménages des petites villes, explique l’association, sont plus souvent propriétaires que les ménages des grandes villes et plus souvent locataires du parc privé. Ils peuvent donc moins souvent se permettre de se retrouver en situation d’impayés de loyers et reportent leurs dettes sur les factures énergétiques. » Par ailleurs, dans les territoires ruraux, la facture énergétique est alourdie par les frais de carburants. L’association relève que 22 % des ménages français n’ont pas accès aux transports publics, et n’ont donc pas d’autre choix que d’utiliser la voiture.
Un chiffre permet de mesurer l’aggravation de la situation en matière énergétique : en 2010, explique l’association, 13 % des ménages accueillis exprimaient un besoin en termes d’accompagnement pour le paiement de la facture d’énergie. Ils sont 20 % aujourd’hui. Parmi les accueillis qui ont un logement, 70 % sont en situation d’impayé sur l’énergie. Le moins que l’on puisse dire est que les effets de la loi Brottes sur la lutte contre la précarité énergétique ne se font pas encore sentir.
Il ressort du rapport que, dans cette situation qui se dégrade, ce sont bien souvent les maires et les services sociaux des communes qui sont en première ligne face à la pauvreté… avec des moyens toujours plus insuffisants pour y faire face.
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