Édition du mercredi 17 février 2016
Patrick Ollier : « Le périmètre de la Métropole du Grand Paris et ses compétences devraient être corrigés »
© Rueil-Malmaison - C. Soresto
Vous avez été élu le 22 janvier à la tête de la MGP. Quel est votre calendrier de travail ?
Je me retrouve avec un stylo et une feuille blanche ! Nous allons construire la feuille de route de la MGP en définissant les objectifs métropolitains afin qu’elle soit pleinement opérationnelle à partir de septembre pour exercer ses compétences actuelles (développement économique, environnement) et anticiper sur les nouveaux champs d’action que le législateur lui attribue à partir du 1er janvier 2017 (planification, aménagement, logement). A plus court terme, nous préparons le vote du budget, en mars. D’ores et déjà, j’ai adressé aux 131 maires de la métropole une lettre notifiant à chacun le montant de son attribution de compensation provisoire pour un total de 3,7 milliards d’euros !
Quels sont les sujets au menu du conseil métropolitain de demain ?
Je mets actuellement en place les délégations en attribuant un « portefeuille » à chaque élu des groupes politiques, membres du bureau, pour préserver la gouvernance partagée essentielle à la réussite de la métropole. Les délégations seront attribuées lors du conseil métropolitain. Le bureau du 29 janvier a également envisagé la création de commissions thématiques dont les huit premières (1) seront mises en place à l’issue du conseil de demain afin que chacun ait une fonction opérationnelle.
Vous êtes partisan d’une métropole à la fois stratégique et de proximité. Comment concilier ce grand écart ?
Il n’y a pas de grand écart. La métropole est avant tout une intercommunalité de projets au service des maires. Une métropole « stratège » qui fixera les grandes orientations que le couple territoires-communes mettra en œuvre à la bonne échelle de proximité. Nous devrons engager des actions de qualité pour les 7 millions d’habitants tout en mutualisant nos moyens.
Vous souhaitez cependant des évolutions législatives concernant la MGP. Lesquelles ?
Les territoires devraient être des EPCI de plein droit, avec une fiscalité directe, la CFE, qui ne s’interromperait pas en 2020 comme le prévoit la loi actuelle. Ceci renforcerait le couple commune-territoire. La métropole devrait, elle, obtenir le statut « d’EPCI d’EPCI », en charge de la stratégie, de la coordination et de l’harmonisation. Le périmètre de la métropole, qui ne comprend pas les aéroports, et ses compétences devraient aussi être corrigés.
Avec des recettes propres de 67 millions d’euros, la métropole a-t-elle les moyens de ses ambitions ?
Le budget de la métropole est de 3,7 milliards d’euros en 2016. Déduction faite des reversements, les recettes de fonctionnement de la métropole seront d’environ 65 millions d’euros, dont 4 millions d’euros pour l’administration. J’aurais bien sûr souhaité que le fonds d’investissement métropolitain soit plus conséquent pour soutenir le développement des territoires fragiles. Mais la métropole n’a pas vocation à tout financer. Elle devra tout d’abord produire de la réflexion et imaginer des projets et être une force d’impulsion et de réalisation.
La métropole devra travailler en étroite concertation avec la région Ile-de-France dont la présidente a remis en cause sa création… . Où en sont vos relations ?
Elles sont bonnes. Valérie Pécresse a créé une commission Grand Paris dont le président, Denis Gabriel, est l’un de mes adjoints à la mairie de Rueil-Malmaison. Et le vice-président de la région en charge du dossier, Didier Bariani, est un ami que je respecte et avec qui je n’ai aucun problème. Nous ne sommes ni en opposition, ni en compétition. La MGP n’est pas gênante pour la Région puisque c’est avant tout un EPCI qui ne peut pas être en concurrence avec elle. Nous devrons coproduire une action publique efficiente dans le domaine de l’emploi et de l’attractivité économique.
Comment associerez-vous les collectivités et EPCI de la grande couronne ?
Je vais créer dans les prochaines semaines un comité des territoires qui réunira tous les échelons institutionnels franciliens incluant les EPCI et conseils départementaux de grande couronne. Elle se réunira une fois par trimestre et permettra d’assurer une interaction entre les territoires via des conventionnements.
Propos recueillis par Xavier Brivet
(1) Finances ; projet métropolitain ; développement économique ; développement durable-environnement ; habitat et logement ; réseaux énergétiques ; aménagement numérique ; économie circulaire.
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