Patrice Vergriete : « La transition énergétique se joue dans les territoires »

Du côté de la COP21, au Bourget, les négociations semblent piétiner : l’accord, qui devait intervenir aujourd’hui, a finalement été repoussé à demain – au moins. Il y avait encore, selon la présidence française de la COP, une cinquantaine de points de désaccords ce matin, et les négociateurs veulent donc se donner encore un peu de temps. Pendant ce temps, à Paris, l’exposition Solutions COP21, où étaient notamment présentes les collectivités au sein du Pavillon des territoires, s’achève (lire Maire info du 9 décembre). Patrice Vergriete, maire de Dunkerque et président du Grand Dunkerque, explique à Maire info les raisons de sa présence à cet événement.

Pourquoi les maires sont-ils présents ici, dans les différentes manifestations liées à la COP21 ?
Pour deux raisons : d’abord pour encourager le gouvernement à se mobiliser et à réussir ces négociations ; et ensuite parce que la transition énergétique se joue aussi, surtout peut-être, dans les territoires – parce que les initiatives innovantes émergent des territoires.

Sans attendre la COP21 d’ailleurs… Cela fait longtemps que votre territoire se mobilise sur le terrain ?
À Dunkerque, au-delà des générations politiques qui se sont succédé, nous avons toujours gardé cette sensibilité par rapport aux problématiques du développement durable. Cela fait de nombreuses années que nous avons enclenché des mesures et des actions visant à assurer la défense du climat : réseau de chaleur, encouragement à l’industrie du XXIe siècle, actions de sensibilisation sur les comportements, les modes de déplacement…

Avec notamment, par exemple, un réseau de chaleur assez original ?
Nous sommes partis d’une ressource locale… les rejets industriels ! Nous récupérons une partie de la chaleur produite par les installations de l’usine Arcelor-Mittal (ce que l’on appelle la chaleur industrielle fatale). Cela nous permet de chauffer des équipements publics et un certain nombre de logements collectifs. Ce réseau a été mis en place, déjà, dans années 1980, et c’est le plus grand du pays aujourd’hui. Mais à l’occasion de la COP21, nous nous sommes dit que c’était l’occasion d’agrandir considérablement l’expérience. Nous allons passer de 16000 à 28 000 foyers raccordés, ne plus seulement travailler avec Arcelor-Mittal mais également avec d’autres entreprises. Au final, nous allons doubler la longueur en kilomètres du réseau de chaleur dunkerquois qui est, je le précise compétitif sur le plan économique. Tout cela est donc positif en termes de développement durable, performant au niveau économique, et en plus cela crée des emplois locaux.

Qui est porteur de ce type de projet – la ville, ou l’intercommunalité ?
À Dunkerque, c’est la communauté urbaine qui porte cette réalisation, mais c’est aussi le fruit d’une histoire locale. Dunkerque a été la première communauté urbaine volontaire dans l’histoire du pays. Il y a donc une démarche d’intercommunalité très ancienne chez nous, et aujourd’hui très mature politiquement. C’est donc l’intercommunalité qui porte ces grandes innovations.

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