Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 12 janvier 2015
Démocratie

Manifestations monstres contre le terrorisme sur tout le territoire

Dans tout le pays, c’est une véritable marée humaine qui a déferlé samedi et surtout dimanche dans les rues des grandes comme des petites villes pour dénoncer le terrorisme. Au point que le ministère de l’Intérieur s’est avoué hier en fin de soirée incapable de donner un chiffre précis du nombre de manifestants.
Ce week-end de manifestations a conclu une semaine sanglante marquée par le massacre des journalistes de Charlie hebdo – et des policiers qui les protégeaient – mercredi 7, par l’assassinat d’une policière municipale jeudi 8 à Montrouge (Hauts-de-Seine), par la traque des auteurs de ces attentats jeudi et vendredi dans la Marne, l’Aisne et l’Oise et la prise d’otages, vendredi, dans un supermarché kasher de la porte de Vincennes, à Paris. Cette prise d’otage a été le dernier acte du parcours meurtrier d’Amédy Coulibaly, le tueur de la policière municipale de Montrouge, et que la police soupçonne aujourd’hui d’avoir, dans la même semaine, tiré sur un joggeur à Fontenay-aux-Roses (92) et peut-être fait exploser une voiture, sans faire de victimes, à Villejuif (94). Vendredi soir, les trois meurtriers ont été abattus par la police lors d’opérations des unités spécialisées.
Ce dimanche, la « marche unitaire »  parisienne a probablement réuni autour de 1,5 million de personnes. Elle a été marquée par la participation de nombreuses personnalités et partis politiques, du Front de gauche à l’UMP, et par l’organisation d’un bref défilé réunissant une quarantaine de chefs d’États étrangers autour du président de la République.
Hors de Paris, toutes les grandes villes ont organisé un défilé – comme l'avait espéré vendredi François Baroin, le président de l'AMF, qui avait suggéré aux maires « que celles et ceux qui ne peuvent pas se rendre à Paris organisent devant chaque Hôtel de ville un rassemblement dans l'esprit de partage de ce deuil national ». Entre samedi et dimanche, il y a eu 300 000 personnes à Lyon, 140 000 à Toulouse, Rennes et Bordeaux, 110 000 à Grenoble, 70 000 à Marseille, entre 40 et 60 000 à Lille, Brest, Strasbourg, Dijon, Clermont-Ferrand, Toulon, Angers, Metz… Des dizaines de villes moyennes, de Cherbourg à Bastia en passant par La Rochelle, Troyes, Niort, Pau, Colmar, Calais, Châteauroux, Nevers, Montbéliard, Tulle, Rodez, ont vu se réunir des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes. Plus rare encore, des communes de moins de 5 000 habitants ont organisé leurs propres cortèges, réunissant parfois 500 ou mille personnes. Ces manifestations, partout, se sont déroulées sans incident, et sans problème d'organisation, grâce notamment à la très forte mobilisation des élus, des agents municipaux et des forces de l'ordre.
Une estimation forcément approximative du ministère de l’Intérieur fait état de 3,5 à 4 millions de personnes ayant manifesté dans l’ensemble du pays, ce qui fait de cette manifestation la plus importante qui se soit déroulée au moins depuis la Libération.
Au lendemain de cette énorme mobilisation, de nombreuses questions vont maintenant se poser. Le gouvernement juge la menace de nouveaux attentats toujours importante, et le plan Vigipirate reste pour l’instant au niveau maximum. Mais il va rapidement s’ouvrir un débat important sur les mesures de sécurité et de lutte contre le terrorisme, qui pourrait raviver les clivages politiques un moment effacés par l’émotion collective. Comment concilier une lutte efficace contre les terroristes et le respect des libertés individuelles ? Comment éviter les amalgames et ne stigmatiser aucune communauté ? Comment éviter que des jeunes en déshérence puissent se sentir attirés par l’islamisme radical voire, pour certains, puissent passer à l’acte ? Dès ce matin, le débat sur l’armement des policiers municipaux a également été relancé par l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, tandis que l’actuel Premier ministre, Manuel Valls, a posé la question de « l’isolement en prison »  des détenus islamistes radicaux et de « l’amélioration »  des écoutes téléphoniques.
Toutes ces questions vont marquer les semaines et les mois à venir et le débat concernera, forcément, les élus locaux.

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