Édition du mercredi 23 avril 2014
Loïc Mahévas : « L'analyse financière ne permet pas à elle seule d'identifier les gisements d'économies »
© D.R.
À quoi sert généralement un audit de début de mandat ?
Pour commencer la mandature, l’audit de début de mandat est l’occasion d’analyser finement la situation financière de la collectivité. Mais pas seulement : pour une nouvelle équipe, c’est un moyen de dresser le panorama de l’héritage avec lequel elle va devoir composer pour l’avenir : situation financière, budgétaire, économique, patrimoniale, sociale, managériale… Nous constatons que la démarche engagée par certaines collectivités se focalise sur les éléments budgétaires et comptables.
Cette approche financière suffit-elle ?
Non, et de loin ! En particulier, dans une période où il faut opérer une véritable révision des politiques locales pour faire face à la baisse des dotations de l’État alors que la demande sociale est en croissance et en attente de services toujours plus performants. L’analyse financière ne permet pas d’identifier à elle seule les gisements d’économies et les marges d’amélioration de la qualité des services publics. Si cette approche n’est pas croisée avec une analyse de la performance opérationnelle des services, il est probable que l’on passe à côté de l’essentiel.
Le patrimoine de la commune doit-il aussi faire l’objet de l’audit ?
On ne peut pas faire l’économie d’une bonne connaissance du patrimoine. Or on observe très souvent un décalage important entre l’inventaire comptable et l’inventaire technique. De ce fait, les dotations aux amortissements sont mal dimensionnées. Difficile cependant d’avoir une approche exhaustive sur le patrimoine en début de mandat. Il faut savoir cibler et identifier en amont là où sont les enjeux. Beaucoup de collectivités ont du patrimoine qui leur coûte très cher, qui gagnerait à être géré et valorisé autrement : attention par exemple au patrimoine avec des charges d’assurance et de taxe foncière indues ou au patrimoine qui dort au lieu de générer des recettes. Enfin, connaître son patrimoine permet d’apprécier la partie de l’endettement "masqué" qui résulte des reports successifs de programmes de maintenance ou de renouvellement. Cette "dette latente" verra comptablement le jour quand la collectivité sera contrainte de faire les mises à niveau en urgence pour éviter des fermetures d’équipements.
Un audit de début de mandat peut-il contribuer à la maîtrise des finances publiques locales ?
Oui, s’il permet de faire parler les ratios financiers. La seule analyse « hors sol » dans une approche exclusivement financière ne permet pas d’aller bien loin. Pour actionner les leviers de la maîtrise des charges, de la rationalisation des organisations et de l’optimisation des recettes, il faut compléter l’analyse du patrimoine avec un diagnostic très opérationnel des organisations et des performances techniques. Il est alors recommandé de se focaliser sur une série d’indicateurs par service public pour évaluer la gouvernance, les organisations RH, les contrats, la maintenance, etc. Cette approche systémique permet simultanément de mesurer les marges de manœuvre et de définir les actions à prioriser : mutualisations en interne ou avec d’autres collectivités, projets de services mobilisant davantage les équipes, renégociations de contrats, etc. De nombreuses pistes émergent dès lors que l’audit ne se cantonne pas aux aspects financiers.
Propos recueillis par Antoine Blouet
Retrouvez l’interview complète de Loïc Mahévas dans le numéro de mai à paraître de Maires de France.
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